En 2015, 1.345 hectares de culture du cannabis ont été éradiqués, mais le pays souffre du trafic de psychotropes via ses frontières. L'OICS affirme que l'Afrique du Nord est omniprésente sur la carte des trafics de drogues, notamment l'héroïne et la cocaïne. L'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) a rendu public, hier à Rabat (comme dans les autres capitales du monde), son rapport 2016 sur la situation du contrôle des drogues. C'est la deuxième année de suite que le rapport est présenté au Maroc, mettant en avant les efforts en matière de maîtrise de la culture du cannabis. En effet, selon le rapport, le royaume a réduit les superficies cultivées de 1.345 hectares en 2015. En effet, depuis la dernière mission de l'OICS dans le pays, une évolution a été remarquée, mais le Maroc continue de pâtir du trafic de psychotropes via ses frontières, comme plusieurs pays africains d'ailleurs. En effet, l'Afrique, affirme Jallal Toufiq, membre de l'OICS, se retrouve sur toutes les routes de trafic, expliquant que l'héroïne qui arrive en Europe passe désormais par l'Afghanistan, les pays du Golfe et l'Afrique du Nord. La cocaïne traverse aussi l'Afrique de l'Ouest et du Nord avant d'atterrir en Europe. Cela montre que l'Afrique du Nord est extrêmement exposée au trafic. Le plus dur est que, dans quelques années, on n'entendra plus parler de cannabis, d'héroïne ou de cocaïne dans la mesure où les laboratoires clandestins développent de plus en plus de substances basées sur ce que l'on appelle les «précurseurs». «Ce sera le plus grand défi de l'humanité et pour la santé que de définir les traitements puisque les substances utilisées seront de plus en plus méconnues», alerte Toufiq. Le rapport a mis l'accent sur la nécessité, pour les gouvernements, de concevoir des politiques sensibles au genre en matière de contrôle et de prévention des méfaits des drogues. En effet, si un usager sur trois s'avère être une femme, les femmes représentent à peine un cinquième des personnes présentant une addiction et recevant un traitement approprié. Par ailleurs, les femmes ont beaucoup plus recours aux anxiolytiques et s'exposent davantage aux surdoses. Dans ce sens, l'OICS recommande de recueillir des informations ventilées par âge et par sexe pour apporter des réponses appropriées et avoir une plus grande visibilité, pour les gouvernements comme pour l'organisation. Soit dit en passant, l'OICS est souvent mal compris et qualifié de «coercitif» du fait de son approche. Selon Toufiq, contrairement à cela, l'organisation veut garantir l'accès médical et à des fins de recherche aux substance sous contrôle. D'ailleurs, elle a tiré la sonnette d'alarme sur les difficultés d'accès aux opiacées, par exemple en Afrique, à des fins médicales, de soulagement des douleurs en général. Une autre recommandation de l'OICS porte sur l'adoption de mesures proportionnées aux infractions liées à l'utilisation de la drogue. En effet, on estime qu'il n'est pas normal que, dans certains pays, un mineur puisse être exécuté pour détention de cannabis destiné à la consommation personnelle.