Viande bovine, poulet, dinde et poisson, la hausse des prix a été pratiquement généralisée. La persistance de l'absence des pluies pourrait tirer les prix des viandes rouges vers le bas. Jamais, depuis dix ans, l'inflation n'a jamais été aussi forte. 2006 a été bouclée avec une hausse de 3,3 % de l'indice des prix. Cette tension a concerné presque tous les produits et services, les produits alimentaires en particulier. Dans cette catégorie, les viandes rouges et blanches ont subi des hausses de prix notables. A Casablanca et Rabat, villes qui consomment 25 % de l'ensemble des abattages contrôlés, la tendance est claire. Si pour la viande ovine il n'y a pas eu d'écarts notoires (le kilo est vendu entre 65 et 70 DH), explique-t-on à la Direction nationale de l'élevage, la viande bovine a connu une hausse de 11 % d'une année à l'autre, soit un prix consommateur atteignant entre 63 et 65 DH le kilo. Mais pour mieux illustrer la situation, il ne faut pas perdre de vue que tout dépend de la qualité car si pour certains quartiers de viande (les deux espèces confondues) préparés et nettoyés, les prix peuvent monter à 80 ou 85 DH, dans les souks où les frais d'abattage sont minimes, le kilo de bovin est commercialisé entre 55 et 58 DH. Selon la Direction de l'élevage, «la faible disponibilité en animaux maigres pour l'engraissement et la rétention par l'agriculteur du cheptel grâce aux disponibilités fourragères ont fait que l'offre de tête a été relativement limitée et le tonnage de viande mis sur le marché pratiquement inchangé». Or, le chevillard, pour convaincre l'agriculteur de vendre une partie de son élevage, se trouve obligé de lui offrir un prix relativement attrayant, un surcoût qui va être répercuté, bien évidemment, sur le consommateur. Reste qu'avec la persistance de l'absence des pluies, certains agriculteurs ont commencé à alléger leur troupeau pour éviter les charges supplémentaires dues à l'achat d'aliments de bétail. Ce qui pourrait tirer les cours vers le bas. Quant au poulet, il a progressé en moyenne de 12 % en 2006 par rapport à 2005, à 10,06 DH départ ferme, avec des périodes de fortes hausses ou de creux inquiétants pour les aviculteurs. Toutefois, le prix moyen est resté modéré ; il est même beaucoup plus bas qu'en 2003 et 2004, années durant lesquelles les étiquettes affichaient 12,37 DH et 11, 21 DH le kilo. Le filet de dinde à 60 DH alors qu'il se vendait à 45 DH il y a un an De manière globale, le secteur avicole reste éprouvé par tout ce qui s'est colporté sur la grippe aviaire et qui a été à l'origine de l'infidélité du consommateur. La dinde connaît également de fortes variations. Pendant les périodes de forte demande, en l'occurrence l'été, le Ramadan ou l'après-Aïd el Kébir, les prix montent en flèche. C'est le cas actuellement : le kilo du filet de dinde atteint 60 DH dans les grandes surfaces, contre un prix sortie abattoir de 22 DH au lieu de 18 DH en temps normal. Le consommateur aurait pu se retourner vers les produits de la mer, le poisson en particulier. Mais là aussi le marché n'a pas été en sa faveur. La baisse des captures explique pour l'essentiel la hausse des prix. Par exemple, le kilo de merlu est passé de 19,39 à 27 DH au niveau de la halle (prix de gros). Lors de la deuxième vente, le cours avait progressé de 45 %, tandis que l'ombrine marquait 31 % de plus. Pour la crevette, il fallait compter 28 DH au gros au lieu de 25,50 DH une année plus tôt, soit une augmentation de 10 %. Enfin, parmi les produits très demandés, la sole a été l'un des rares à avoir reculé : son prix de gros tournait autour de 22,10 DH/kg contre 23,31 DH/kg en 2005. Panier Poulet et dinde : 52% de la consommation Sur ces dix dernières années, la consommation de viande rouge a quasiment stagné, passant d'un peu plus de 10 kg par personne à 12 kg dont la moitié pendant l'Aïd. Dans le même temps, la consommation de viande blanche a explosé pour atteindre 12,7 kg/personne, 52 % de la demande globale en viandes. Cette évolution s'explique, entre autres, par la percée de la dinde dont la consommation se monte à 38 000 tonnes aujourd'hui au lieu de 1 000 en 1999, indique Adil Lamsouguer, investisseur dans le secteur avicole.