La vindicte n'était pas que dans les propos du roi lors de son discours du trône. Comme si le makhzen joignait le geste à la parole, la cérémonie de la Bey'a a eu son lot de petitesses makhzeniènnes. Ce ne sont pourtant pas des dissidents anti-monarchistes qui ont en fait les frais. C'est Tarik Kabbaj, maire d'une des villes les plus importantes du pays, et membre d'un parti, l'USFP, peu revêche à l'égard de la monarchie de Mohammed VI, qui a gouté au courroux dédaigneux du Makhzen. On lui a refusé l'accès au palais de Tétouan lors des cérémonies traditionnels d'allégeance sous prétexte qu'il ne possédait pas le carton d'invitation. Question : Comment ce fait-il que le Makhzen généralement maladivement pointilleux a-t-il omis un personnage public de la stature de Kabbaj de sa liste d'invités ? La réponse serait à chercher du côté de l'attitude pas très coopérative de la mairie d'Agadir à l'égard des ambitions « foncières » la monarchie et ses demandes de privilèges pour l'inévitable FC Com. On peut aussi se demander pourquoi Kabbaj a tout de même tenu à se présenter à la cérémonie alors que sa non réception du carton d'invitation signifiait sans équivoque qu'il n'était pas le bienvenu ? Participer à une constitution préservant l'essentiel des prérogatives royales et avortant au moins temporairement le processus démocratique du pays ne permet pas tout. En tous les cas pas le droit de ne pas porter la tenue traditionnels des « faiseurs » de bey'a. Lahcen Oulhaj a essuyé un refus net lorsqu'il a demandé à être exempté du port de la tenue traditionnel. Le militant amazigh, Professeur à l'université Mohammed V, a finalement décidé de ne pas participer à la cérémonie. Un acte plutôt vain lorsqu'on a fait l'acte d'allégeance le plus fort par les temps qui courent : l'élaboration de la nouvelle constitution.