Les médias officiels et pro-putchistes égyptiens évoquent la théorie du complot pour justifier le renversement par l'armée du premier régime civil élu démocratiquement. La profusion de l'imaginaire des écrivains et des intellectuels égyptiens, partisans du régime parrainé par le Général Abdel Fattah Sissi, ministre de la Défense et commandant en chef de l'armée, est parvenu au point de développer des histoires à dormir debout pour expliquer ou justifier les actuels événements politiques en Egypte. Des théories ridicules La théorie de la conspiration a alimenté de manière exclusive le discours islamiste au cours des dernières décennies dans la région arabe. D'aucuns pensent que l'adoption de cette théorie par les islamistes leur permettait de justifier leur incapacité d'accompagner le progrès. De plus, ce discours a été utilisé par les régimes pour masquer leurs défaites et échecs successifs. Avec le "printemps arabe" qui a porté le courant islamiste au pouvoir, les libéraux ont été à leur tour contraints de recourir à la "théorie du complot", qu'ils reprochaient aux islamistes d'exploiter et de manipuler. Les récents événements d'Egypte montrent à quel point les libéraux excellent dans l'exploitation de cette théorie pour analyser, interpréter et justifier ce qui se passe actuellement dans leur pays. Qaradawi, rédacteur en chef du "Guardian" La dernière trouvaille imaginée par les tenants de la théorie du complot a été publiée par le journal "Rose Al-Youssef," qui change d'allégeance à chaque changement de régime en Egypte. Selon ce journal, Hassan al-Banna, fondateur des "Frères musulmans" combattus aujourd'hui par le pouvoir en place, serait un juif marocain incrusté par la franc-maçonnerie pour détruire l'Islam à travers la création de la confrérie. Avant cette découverte, un journaliste égyptien a annoncé sur une chaîne satellitaire une découverte selon laquelle les Frères musulmans étaient la cause de la chute de l'Andalousie ! De plus, un autre auteur a publié un rapport dans lequel il démontre que le philosophe juif français Bernard-Henri Lévy est le leader et le planificateur des révolutions arabes. Un autre universitaire saoudien, dont le gouvernement soutient le putch militaire en Egypte contre les Frères Musulmans déclare que le journal britannique "The Guardian" est actuellement administré par le cheikh Qaradawi qui en fixe la ligne éditoriale et le choix des positions. Les écrits d'El Akkad sur les origines d'Al Banna Dans un article du journal "Rose Al-Youssef", nous pouvons lire ce qui suit : "le 2 Janvier 1949 et sous le titre "sédition israélienne", le grand écrivain Abbas Mahmoud El Akkad révèle dans le journal Al Assas un secret que nombre de personnes ne connaissent pas à propos de la genèse des Frères musulmans et de la vérité sur leur prédicateur et fondateur Hassan Al-Banna, affirmant qu'il était de parents juifs et qu'il n'était pas Egyptien, mais un marocain immigré venu en Egypte pour fuir la Première guerre mondiale, et c'est là où il sera accueilli par des groupes hébraïques qui lui assureront le gîte et le couvert et lui trouveront du travail. Ainsi, son père travaillera comme horloger, une profession exclusive à la communauté juive d'Egypte ". Le nom d'Al Benna vient du mot "maçon" L'auteur de l'article "Rose Al-Youssef" va encore plus loin dans l'interprétation du nom d'Al-Banna, lorsqu'il écrit : "le chef des Frères musulmans est entré en Egypte sous le nom de Hassan Ahmed Abdul Rahman. Son père a ajouté au nom le terme "Al Banna" sur ordre des francs maçons juifs égyptiens afin que la maçonnerie puisse avoir une représentation dans le monde arabe. Al Banna en langage populaire signifie "mason" en anglais. Hassan Al Banna est donc né dans la région de Bouhaira, la plus grande concentration de juifs d'Egypte. La province abrite le mausolée de Abou Houssaira auquel affluaient les pèlerins de confession juive, qui ont, pour la plupart embrassé superficiellement la foi musulmane. Le grand-père de Hassan Al-Banna, en faisait partie. Il était soufi comme la plupart des juifs du monde arabe et d'Afrique." Le même auteur ajoute, en se référant aux découvertes d'Al Akkad : " Al Akkad a commenté le quartier natal de Hassan Al Banna en disant qu'il n'y connaissait aucun Egyptien qui y travaillait à l'exception des juifs. Le métier d'horloger était une profession de juifs. Comment un réparateur d'horloge a pu subitement devenir "maçon" ? Le slogan des "Frères" et celui de la "maçonnerie" L'auteur de l'article de "Rose Al-Youssef" s'engouffre encore plus dans l'explication de la théorie du complot qu'il a découvert cette fois-çi en consultant les ouvrages du réformateur Mohammed El Ghazali chassé de la confrérie car "il connaissait la vérité sur leur leader". L'article de "Rose Al-Youssef" se réfère à un livre d'El Ghazali, intitulé "tirs de vérité" où il explique l'orientation maçonnique de Hassan Al-Banna et Hassan Hudaibi. Ce dernier ne faisait pas partie des Frères musulmans mais la franc-maçonnerie a voulu en faire le successeur d'Al Banna après Mustafa Sibai, le célèbre franc-maçon de Homs et disciple de Hassan Al-Banna, qui a travaillé sous la direction de Ghaloub Pacha, le franc-maçon juif britannique". Avant que l'auteur de l'article ne conclue que "le slogan de la franc-maçonnerie : liberté...justice...égalité a été adopté par les Frères de Hassan Al Banna qui ont a gardé: liberté...justice, tandis que l'égalité a été laissée de côté". Les juifs marocains et la franc-maçonnerie Toujours sous le prisme de la théorie du complot, l'auteur écrit : " les juifs arabes ont excellé dans l'espionnage et la dissimulation. La franc-maçonnerie ne peut fonctionner qu'à travers le soutien des traîtres et des leaders charismatiques qui lui permettent d'être acceptée par le commun des musulmans. A ce titre, les juifs marocains ont une longue expérience dans ce domaine. Voila la vérité sur Hassan Al-Banna qui a réussi à laver les esprits de nos jeunes en en faisant des outils de destruction, de sabotage et de chaos dans notre région. Al Akkad s'interroge : Au profit de qui la confrérie des Frères Musulmans mène-t-elle cette sédition en Egypte qui lutte contre les sionistes ?" Puis il répond :" Il suffit que nous contemplions les caractéristiques de Hassan Al Benna et de son œuvre, pour nous rendre compte de certaines vérités inébranlables. Il s'agit d'un homme aux origines inconnues, à la jeunesse suspecte, qui veut diviser les musulmans dans un pays islamique et qui maîtrise parfaitement les méthodes des juifs et des Rois mages pour détruire l'Etat islamique de l'intérieur comme de l'extérieur. Al Banna réunissait ces disciples chaque mardi pour leur expliquer l'Islam d'un point de vue hébraïque comme le faisait avant lui Kaab Al Ahbar, Abdullah Ibn Salam et Wahb Ibn Mounbih lorsqu'ils expliquaient la Tora dans la mosquée, à l'époque du prophète".