Tel est le lot quotidien de ce détenu dit "salafiste" à la prison de Salé. En quelques mois, il a tout vu, tout vécu. De la Syrie où il était accusé d'espionnage au profit d'Israël, au Maroc où il a été accusé de l'inverse. Le prisonnier Bouchta raconte, avec des mots simples, son quotidien, et celui de sa femme et ses enfants depuis qu'ils ne l'ont plus revu. Dans ce témoignage, Bouchta raconte sa déscente "en enfer" depuis qu'il a été reçu par quatre agents des services secrets à l'aéroport de Casablanca. Il a été conduit directement après au fameux centre de détention secret de la DST à Témara. Après dix jours de torture qui rappellent les méthodes utilisées durant les années de plomb, dont le Maroc officiel nie l'existence actuellement, Bouchta est actuellement à la prison de Salé, mais ne finit pas de souffrir de sa détention et son éloignement de sa famille. Lui qui a un niveau bac et qui assure ne rien connaître, accuse les autorités de lui avoir fait dire ce qu'elles veulent. "Au commissariat du Maarif à Casablanca, on m'a dit de redire tout ce que j'ai dû déclarer à Témara sous la torture, sinon ils m'ont menacé d'y retourner" dit-il. La santé de Bouchta en a pris un coup. Chez lui, à Tanger, sa famille mange du pain dur. Deux de ses enfants, Abdellah et Abderrahmane, souffrent maintenant de cancers dans le cou, à cause de malnutrition. "A cause de la faim, ils cherchent à manger dans les ordures". La santé de sa femme ne cesse non plus de se détériorer. A fond dans le désespoir, Bouchta lance son dernier ultimatum. "Ils m'ont tout détruit, ma famille, mes enfants, ma santé. A quoi bon vivre". Toujours avec des mots simples, mais avec une profonde sincérité, il menace de s'immoler par le feu. Bouchta n'est certainement pas le seul. Cette vidéo a été tournée en cachette dans la prison de Salé et s'est retrouvée, après fuite, sur les réseaux sociaux. Lakome.com l'a sous-titrée pour ses lecteurs.