Il porte le nom de Hicham Bouchti. Il avait offert ses faux services aux ennemis du pays en Espagne avant de se repentir et décider de rentrer au Bercail en juillet 2006 et se confier aux journaux comme aux enquêteurs marocains qui l'ont appréhendé et incarcéré le 25 juillet 2006. Trois mois plus tard, jour pour jour, il a bénéficié d'une liberté provisoire en attendant un jugement imminent pour une grosse affaire de complot contre la nation. Hicham Bouchti, l'ancien agent des Forces auxiliaires marocaines, est en liberté provisoire depuis le vendredi 27 octobre 2006, après avoir passé 3 mois de détention provisoire à la prison Oukacha de Casablanca, pour complot contre la nation. Est-il un naïf ou un félon ? A-t-il trahi consciemment son pays ou voulait-il tout simplement obtenir l'asile politique en Espagne dans la perspective d'accéder à la nationalité ? A-t-il été contraint, comme il le prétend, à vendre ses services factices aux services de renseignements étrangers dûment monnayés ou s'agit-il tout simplement d'un bidonnage de bas étage pour échapper aux poursuites judiciaires gravissimes qu'il encourt au Maroc ? Des deux interviews fracassantes qu'il a délibérément accordé aux médias nationaux et internationaux faut-il croire celle accordée en février 2006 au quotidien espagnol El Mundo ou celles octroyées six mois plus tard à la presse nationale, en l'occurrence Maroc Hebdo International et le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia ? Est-il l'irréprochable repenti qui a regretté publiquement ses méfaits ou le mauvais garçon qui a tellement mal tourné qu'il s'est finalement enfoncé encore plus en voulant se recycler ? Et enfin a-t-il bien négocié son retour au bercail pour bénéficier d'une liberté provisoire curieusement décrochée, où est-t-il parvenu tout simplement à prouver sa bonne foi aux juges chargés d'examiner et d'instruire son affaire annoncée au tout début comme une haute trahison à la nation ? Les réponses à ces nombreuses questions nous viendront d'une réaction à chaud du concerné à quelques jours seulement de sa mise en liberté provisoire décidée par la justice (lire entretien) le 24 octobre 2006. Plutôt mal l'aise dans ses déclarations à La Gazette du Maroc, Hicham Bouchti donne immédiatement l'impression d'être dépassé par tout ce qui lui arrive depuis qu'il a mis les pieds au Maroc. À la première question posée à notre interlocuteur, sur les raisons de son incarcération et celles de sa remise en liberté (provisoire même s'il ne veut pas l'avouer), Hicham Bouchti répond frayé qu'il «craint pour sa propre sécurité». Contre qui ? Dit-il vrai? Hicham ne le sait pas ou plutôt tient à ne pas le faire savoir. Pas pour le moment, en tout cas, nous dit-il. Son retour et son témoignage au Maroc sont spontanés, affirme-t-il, tout en regrettant tous les mensonges qu'il a purement inventés et déballés lors de son court séjour en Espagne. Dans sa voix, on peut déceler des sentiments de peur et de frayeur. Normal pour quelqu'un qui a avoué aux journaux comme aux enquêteurs marocains avoir comploté contre la nation, selon ses propres aveux. Un crime gravissime qualifié par tous les juristes et les manuels de droit comme la plus haute trahison que peut commettre un citoyen contre son pays. Normal aussi qu'il ressente ce sentiment d'inquiétude pour d'éventuelles représailles puisqu'il a tout simplement ouvert un front beaucoup plus large qu'il le pensait pour pouvoir tenir le coup. De traître, il se transforme en victime repentie qui a mal calculé son coup. En somme, Hicham Bouchti est ce qu'il est, un pauvre type, un personnage quelconque qui vaut largement son ex-statut d'agent des Forces auxiliaires rayé pour raison de casier judiciaire débordant de précédents délictueux, comme l'escroquerie et la falsification de documents administratifs pour lesquels il avait déjà écopé, en 2002, d'une peine de prison de 2 ans à Oujda. À peine 28 ans, raconte un détenu qui l'a beaucoup fréquenté dans sa sombre cellule au rez-de-chaussée du pavillon 1 de la prison Oukacha, Hicham Bouchti est tout sauf une barbouze des renseignements militaires ayant accès à des dossiers sensibles comme les islamistes ou encore l'entourage royal comme il l'a déclaré aux journaux espagnols. «Vous lui avez donné trop d'importance en lui consacrant vos Unes de journaux», dit son compagnon de cellule. Et de poursuivre : «Il circulait librement, recevait de la visite, parlait et s'amusait en toute liberté avec l'ensemble des détenus, le quotidien, quoi … Le commun des mortels des détenus de droit commun, un mythomane qui s'est dégonflé au fil des jours en prison comme une baudruche». Auditionné et arrêté par la Brigade nationale de la police judiciaire ( BNPJ), le 25 juillet 2006, suite à une décision du parquet de Casablanca qui a ordonné qu'une enquête approfondie et exhaustive soit ouverte pour élucider cette affaire, Hicham Bouchti s'est prêté volontairement au jeu des questions réponses. Il a en effet reconnu et avoué aux enquêteurs les noms des instigateurs du complot. La justice lui met la main au collet pour complot conte la nation. Du coup, il se retrouve face à lui-même, face à ses enquêteurs, face à son passé. Dans sa longue confession, Hicham ne nie absolument rien. Il en a intérêt vu les charges gravissimes retenues contre lui. Il balance ses anciens mentors, entre autres, Aïcha Ramdan, l'épouse de l'agent des séparatistes à Laâyoune, Ali Salem Tamek, et Abdelilah Issou, l'ancien lieutenant déserteur des Forces Armées Royales qui l'ont harcelé pour qu'il offre ses services aux ennemis du pays. Des individus connus pour jouer le jeu des ennemis du Maroc et qui sont basés, évidemment, à l'étranger. «Ils m'ont tous manipulé, courtisé, corrompu pour que je fasse des déclarations mensongères à la presse espagnole. Ils m'ont également obligé à jouer un rôle central en me présentant à l'opinion publique en tant que porte-parole du mouvement fictif des officiers libres», dira-t-il avec regrets aux enquêteurs qui l'ont interrogé. Un «comité des officiers libres» imaginaire, qui dénonce, stigmatise, réprouve, condamne et menace. Un emballage politico-verbal très approximatif qu'une certaine presse espagnole connue pour son animosité envers le régime marocain a volontairement répercuté. Objectif inavoué : «Intoxiquer» l'opinion publique internationale sur l'imminence d'une explosion au sein de la grande muette marocaine. Le ridicule qui ne tue plus et qui ne trompe plus personne.