L'ancien porte-parole d'Al-Qaïda affirme avoir fait l'objet de transferts extrajudiciaires par les autorités américaines via trois pays du Moyen-Orient cette année. Une déclaration qui laisse entendre que l'administration du président Barack Obama continue d'utiliser ce type de méthodes controversées. Suleiman Abu Ghaith a été victime de «transfert secret caractérisé ... de vols extrajudiciaires», a déclaré Stanley Cohen, un avocat de New York qui représente Abu Ghaith. Le salafiste Kowétien a plaidé non coupable devant la Cour fédérale de Manhattan pour des accusations de complot visant à tuer des Américains. Les « vols secrets » sont une technique anti-terroriste adoptée par le président George W. Bush contre des membres présumés d'Al-Qaïda qui sont capturés par les équipes de la CIA à travers le monde et transférés sans procédure judiciaire à des pays tiers ou vers des prisons secrètes que l'agence d'espionnage américaine supervise dans des pays étrangers. Quand il est arrivé au pouvoir en 2009, Obama avait déclaré renoncer aux méthodes d'interrogatoire forcées. Des méthodes que les défenseurs des droits de l'homme et certains politiciens américains qualifient de torture. Mais son administration n'a toujours pas rompu avec les transferts extrajudiciaires. Un premier procès contre ces vols a été mené par un juge italien en 2009. Le magistrat a condamné 23 Américains par contumace pour l'enlèvement en 2003 d'un salafiste égyptien envoyé en Egypte. Robert Seldon Lady l'ancien chef de la CIA à Milan a été condamné à une peine d'emprisonnement de neuf ans. Il a été arrêté au Panama cette semaine, et le Département d'Etat a déclaré vendredi qu'il se dirigeait vers les Etats-Unis. Abu Ghaith, qui fut porte-parole d'Al-Qaïda en Septembre 2001 est l'un de ses membres les plus réputés qui fait face à des accusations aux Etats-Unis pour des crimes liés aux attentats du 11 septembre. Il a plaidé non coupable à des accusations de complot pour tuer des Américains. Son procès débutera en Janvier 2014. Dans une de ces récentes déposition ce vendredi, Abu Ghaith confirme avoir fui vers l'Iran après les attentats. Pays où il a été arrêté au milieu de l'année 2002. Il affirme avoir été détenu sans être inculper d'aucune charge dans différentes prisons en Iran jusqu'à Janvier 2013. Les autorités iraniennes l'ont interrogé périodiquement, dit-il, et l'ont informé que le Gouvernement américain savait qu'il était sous leur garde. Abu Ghaith dit que le gouvernement iranien l'informe le 11 janvier de sa libération et qu'il pouvait se rendre en Turquie croyant qu'il était autorisé de retourner dans son pays natal, le Koweit. Cependant, il déclare que dans les 12 heures qui suivirent sa libération, les autorités turques l'ont arrêté. Après environ 45 jours d'interrogatoire à Ankara, Abu Ghaith dit avoir été mis dans un avion à destination du Koweït. Mais au lieu de voler vers le Koweït, l'homme affirme que son avion a atterri à Amman où il a été menotté et cagoulés par la police jordanienne et remis à un groupe de personnes qu'il pense être des Américains. Plus tard, Abu Ghaith dit avoir été enchaîné et forcé à porter des lunettes black-out, bouchons d'oreilles et un casque anti-bruit. Puis il a été mis dans un avion. Une fois dans les airs, il a été présenté à un homme se disant faire du FBI. Dès son atterrissage à New York, il a été emmené à Manhattan et incarcéré en attente de procès. Rappelons que le Maroc a été à plusieurs fois pointé du doigt parmi les pays arabes ayant collaboré avec les américains dans leur programme de vols secrets et de détention extrajudiciaire en ouvrant son espace aérien et ses aéroports aux vols de la CIA. Le rapport Globalizing Torture: CIA Secret Detention and Extraordinary Rendition recense près d'une dizaine de personnes ayant fait « escale » au Maroc pour subir torture et interrogation forcée. Les deux cas les plus célèbres sont celui d'Abou El Kassim Britel, italo-marocain, capturé et torturé pendant deux mois au Pakisan avant d'être transféré via des vols secrets vers la prison de Témara ou il a passé près d'une année de torture et de détention arbitraire ; et de Mohammed Binyam, citoyen Ethiopien résident au Royaume-Uni, transféré de la prison pakistanaise de Bagram vers la prison secrète de Témara où il sera torturé et arbitrairement détenu durant 18 mois.