On ne peut que rester perplexe devant la passivité du Chef du Gouvernement face à l'offensive menée contre lui par le secrétaire Général de Parti de l'Istiqlal, ce dernier étant pourtant son associé principal au sein de l'Exécutif. Le 11 Mai 2013, le Conseil national de l'Istiqlal a adopté à l'unanimité une importante décision : le retrait du parti du gouvernement, et sollicité l'arbitrage royal sur la base de l'article 42 de la Constitution. Mais en même temps, le Secrétaire Général du PI a publiquement annoncé avoir reçu une communication téléphonique du Souverain, lui demandant de surseoir à la mise en œuvre de cette décision jusqu à son retour et de lui soumettre un mémorandum. Plusieurs semaines plus tard, le Roi a reçu le SG du PI qui lui a remis ce document. Le Responsable du PI a déclaré que le Roi lui a demandé de donner un délai d'un mois au Chef du gouvernement pour trouver et former une nouvelle majorité. Force donc est de constater que c'est le SG du PI qui a été à l'origine de toutes les initiatives, monopolisant le paysage médiatico–politique, le Chef du gouvernement se contentant de déclarer qu'il n'a officiellement reçu aucun document relatif au retrait annoncé. A ce niveau, je tiens à rappeler que dans un article publié ici même le 17 Mai 2013 (« Tous Hors-jeu») j'ai souligné que la notion «de retrait du PI est a – constitutionnelle et que le recours à l'article 42 relevait purement et simplement d'un flagrant dévoiement de la lettre et de l'esprit de la Constitution». Or contrairement au SG du PI, le Chef du gouvernement était en position de force pour tuer dans l'œuf cette initiative, en recourant à des actes fondés sur le strict respect de La Loi fondamentale et qui font partie des prérogatives que lui confère cette dernière. Acte I Dès l'annonce du retrait du PI, le Chef du gouvernement aurait dû recourir à l'alinéa 4 de l'article 47 et demander au Roi de mettre fin aux fonctions des ministres ISTIQLALIENS. Acte II Considérant qu'il ne dispose plus de la majorité au sein de la Chambre des Représentants, il donne sa démission au Roi, conformément à l'alinéa 6 de l'article 47 « qui met fin aux fonctions de l'ensemble du gouvernement ». Mais ce processus mène à une impasse car le dernier alinéa de cet article « Le gouvernement dont il a été mis fin aux fonctions, expédie les affaires courantes jusqu'à la constitution du nouveau gouvernement » est quasiment impossible à mettre en œuvre. En effet la loi organique prévue par l'article 87, qui entre autres régit « l'expédition des affaires courantes par le gouvernement dont il a été mis fin aux fonctions» n'a pas encore vu le jour. Par conséquent pour débloquer cette crise qui perdure depuis des mois, avec toutes les conséquences sur le plan politique économique social.....il ne reste au Chef du gouvernement que la prérogative que lui conféré l'article 104, avec toutes les contraintes qu'elle implique : la dissolution de la Chambre des Représentants et le recours à des élections législatives anticipées. Donc c'est cette solution qu'un véritable Chef de gouvernement dont la première qualité est l'anticipation, devrait mettre en œuvre et conférer à cette fonction prestige et dignité. Dans ma contribution citée plus haut j'ai conclu par cette phrase : « En réalité ce qui consterne les défenseurs du processus démocratique, ce sont les déclarations publiques des dirigeants de l'Istiqlal qui soutiennent que le Souverain a fait sienne leur interprétation de l'article 42. La véritable crise ne fait que commencer ». Je ne ferai pas l'affront au PJD qui compte nombre de personnalités compétentes, de ne pas avoir abouti à la même analyse. Mais ce parti a bâti toute sa stratégie sur un seul point : gagner la confiance de l'institution monarchique, quitte à avaler toutes sortes de couleuvres et à s'autocensurer. A partir du moment ou le souvenant a pris contact avec le SG du PI, le Chef du gouvernement s'est trouvé paralysé et ne pouvait donc réagir sous peine de désavouer l'initiative Royale et entrer dans une confrontation dont il ne sortira que vaincu. Aussi a-t-il préfère faire le dos rond, accepté d'être marginalisé, dépouillé de ses prérogatives légitimes et légales. C'est la meilleure preuve de sa fidélité à l'institution monarchique. Oui, la docilité peut être adoptée comme stratégie politique de survie. Les tempêtes qui s'annoncent vont obliger tous les acteurs politiques, à commencer par l'institution monarchique, à désamorcer avant le 17 août, cette bombe à retardement. Mohamed Zenzami, juriste