La pression monte et les déclarations incendiaires se multiplient à l'approche du prochain Conseil national du parti, prévu ce weekend à Rabat. La Jeunesse istiqlalienne fustige dans un communiqué «le fondamentalisme communiste et islamiste» et se pose en protecteur de la démocratie... Le Conseil national de l'Istiqlal, qui doit se réunir ce weekend à Rabat, a déjà réuni 160 signatures pour demander un retrait du gouvernement, rapporte Al Massae dans son édition d'aujourd'hui. Depuis son accession à la tête du parti en septembre dernier, le patron de l'Istiqlal, Hamid Chabat, ne cesse de réclamer un remaniement ministériel. Pour placer ses propres hommes au gouvernement, alors que les actuels ministres istiqaliens (Baraka, Diouri, Amrani, El Ouafa, Qayyouh) ont été désignés par son prédécesseur Abbas El Fassi ? Face au refus d'Abdelilah Benkirane, Hamid Chabat semble avoir choisi aujourd'hui un autre moyen de pression, qui a déjà fait ses preuves dans l'histoire politique récente du Maroc : menacer de quitter le gouvernement. Ainsi, les attaques frontales et les déclarations incendiaires se multiplient depuis quelques semaines. La situation semble même avoir atteint un point de non-retour avec les propos tenus par Chabat lors des manifestations du 1er mai. «Au Maroc, les ministres ne démissionnent pas», note cependant un observateur de la scène politique marocaine. Selon une source interne à l'Istiqlal, Chabat a «enrôlé» le conseil national pour appuyer ses revendications, espérant que le rapport de force oblige Benkirane à céder sur le remaniement. «Gouvernement non-nationaliste et non-populaire» La Jeunesse du parti est elle aussi entrée dans ce jeu avec la diffusion mercredi d'un communiqué incendiaire, dont Lakome a reçu copie. La Chabiba de l'Istiqlal demande «le retrait immédiat de ce gouvernement non-nationaliste et non-populaire noyé dans la corruption morale». Le communiqué demande également la mise en place d'un «front national pour protéger la démocratie du fondamentalisme communiste et islamiste, qui emprisonne la Constitution et qui veut tuer la démocratie». La Jeunesse de l'Istiqlal semble faire allusion à deux partis de la majorité gouvernementale, le PJD et le PPS, bien que ce dernier, membre de la koutla aux côtés de l'Istiqlal pendant plus d'une décennie, n'a plus grand chose de «communiste». Le communiqué condamne aussi «avec la plus grande vigueur» ce qu'il décrit comme «l'attaque mesquine du gouvernement contre le parti de l'Istiqlal» et met en garde contre «l'exploitation des institutions constitutionnelles pour des petits règlements de comptes et des attaques contre les partis nationaux démocratiques». La Jeunesse du parti «regrette» le silence de certains ministres istiqlaliens suite à la publication du récent communiqué du gouvernement, qui dénonçait les propos tenus par Hamid Chabat le 1er mai dernier. «Fermer la représentation diplomatique algérienne à Rabat» S'agissant du dossier du Sahara, la Jeunesse de l'Istiqlal demande la fermeture de la représentation diplomatique algérienne à Rabat et affirme sa volonté de mettre fin «à l'occupation algérienne des régions de l'est du royaume». Le communiqué conclut en condamnant «les plans criminels dont sont victimes les provinces du sud, menés par les agents des services militaires algériens», et en saluant «le travail patriotique important des services de sécurité nationaux, qui consiste à contrer le projet séparatiste dans les provinces du sud».