Sidi Yahia des Zaers est un village qui se situe à une vingtaine de kilomètres de Rabat, la capitale du Royaume. Il a aussi la particularité d'être mitoyen de la nouvelle ville de Tamesna dont l'objectif principal est l'ancrage à la modernité et au développement durable. Beaucoup d'espoirs ont été nourris de voir ce projet devenir une référence pour le village! Jusqu'à présent, Sidi Yahia des Zaers reste une commune hors du temps, une anarchie urbanistique et surtout un dépotoir à ciel ouvert. Un dépotoir pour les êtres humains et les choses ! Les habitants de ce village et les personnes qui y passent sont obligés de slalomer entre les ordures amoncelées et les trous de la chaussée. Le mardi, jour du souk hebdomadaire, est un jour de tous les dangers. Ce souk est, en hiver, un véritable marécage dans lequel pataugent marchands et clients. En été, c'est une fournaise où ces derniers tentent d'échapper au soleil de plomb sous des abris en plastique qui ont la faculté de se transformer en serres à êtres humains et à marchandises. Est-il possible qu'un jour les villageois et les visiteurs puissent bénéficier d'un souk qui tout en respectant la culture locale respecte en même temps la dignité humaine ? La saleté est-elle une fatalité ? Jusqu'à quand ce village si proche d'une capitale qui glose à longueur de séminaires et de rencontres sur la promotion des droits humains universels et indivisibles restera t-il dans cet état de délabrement ? Les mouches dans ce village sont, à leur tour, une atteinte à la dignité humaine! Elles sont de véritables prédatrices qui pourraient concourir sans embuche pour le livre des records Guinness. En été, les cageots de raisins, pour ne donner que cet exemple, sont quasiment dissimulés par ces diptères. Et quand il vous arrive d'en acheter parce que vous n'avez pas d'autres alternatives, le vendeur doit leur livrer une bataille féroce. N'est-il pas possible de pulvériser des insecticides qui, tout de même, restent plus supportables que l'agression des mouches ? Gageons que le budget de la commune survivrait à une dépense pareille ! Mais les mouches ne sont pas la plus rude épreuve dans ce village ! Passer devant les étals de poissons à ciel ouvert est une épreuve surhumaine ! En été, on y présente des poissons pourris à moitié cuits par un soleil de plomb. En hiver, leur pourriture est plus lente mais tout aussi certaine. Comment peut-on encore, au 21ème siècle, laisser toute une population consommer ces cultures de microbes et de parasites ? Où se terrent les contrôleurs de l'hygiène ? Ne pourrait-on pas, dans le cadre de l'INDH, allouer aux poissonniers des motos frigorifiques comme nous l'avons vu faire dans d'autres régions ? Malgré tout cela, le village a, tout même, des velléités de modernisation ! Depuis presque un an, des travaux de voierie sont entrepris sur l'artère principale obligeant voitures, taxis, pickups, triporteurs, tracteurs et autres véhicules de fortune à emprunter une déviation poussiéreuse et pleine de trous. Les habitants et les usagers espèrent beaucoup de cette initiative mais, jusqu'à présent, les travaux se sont limités au creusage de tranchées. Les canalisations qui doivent y être installées ont été déposées bien avant le démarrage des travaux et continuent à subir les affres des changements de température! Il ne reste qu'à implorer l'Eternel pour que ce chantier finisse un jour ! Pour conclure, on est en droit de se demander où se terrent les élus de village ? Vivent-ils et supportent-ils quotidiennement les désagréments de leur village avec un courage et une patience surhumains ? Ou est-ce qu'ils vivent dans des quartiers cossus de la capitale loin des mouches prédatrices et des poissons pourris ? Est-ce qu'ils se rendent compte qu'ils ont un mandat à honorer, qu'ils ont été élus pour veiller « au meilleur être » de leurs électeurs ne serait-ce que pour les débarrasser des mouches et des poissons pourris? A quand l'ancrage de la reddition des comptes pour tout mandat?