Répression et censure... La réalité de la rue contredit les récentes déclarations du chef du gouvernement quant à la liberté d'accès à l'espace public. En une semaine, plusieurs manifestations ont été réprimées par la violence et deux conférences publiques interdites par les autorités. Pour son débat mensuel, le quatrième en son genre, une jeune association a choisi de se pencher sur l'expérience du mouvement du 20 février, en invitant à intervenir Omar Iherchane, un jeune leader de l'organisation islamiste d'opposition Al Adl Wal Ihssane. L'événement, qui devait se dérouler dans une salle publique appartenant au ministère de la Jeunesse et du Sport, est alors annulé à la dernière minute par la direction de l'établissement, sous-prétexte que la salle, déjà réservée par l'association était prise... C'était le 23 février dernier. Trois jours avant, à Al Hoceima, dans le Rif, l'interdiction sera beaucoup moins masquée Abdelhamid Amine et ses camarades de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) seront surpris par l'impressionnant arsenal policier entourant le Centre culturel et sportif de la capitale du Rif, interdisant aux participants à une conférence sur le deuxième anniversaire du 20 février à entrer dans l'établissement. L'interdiction dépassera la salle publique puisque même les locaux de l'association des droits humains à Al Hoceima avaient été encerclés par la suite. Alors que TV5monde diffusait la longue interview réalisée avec le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, plusieurs villes du royaume vivaient au rythme des marches et protestations du mouvement du 20 février, dont les activistes étaient sortis célébrer le deuxième anniversaire. Des protestations qui ne se dérouleront pas "en toute liberté" comme le décrivait M.Benkirane, qui avait même déclaré que l'aventure des indignés marocains s'était arrêtée au lendemain de son élection, en novembre 2011. Dans cinq villes (Casablanca, Marrakech, El Jadida, Tanger et Chefchaouen), les manifestations ont été interdites puis réprimées par les forces de l'ordre. A Tanger et à Casablanca, plusieurs activistes ont été blessés suite au recours à la violence par la police, d'autres mis en état d'arrestation.