Il n'y a pas que les chevaux qui dorment debout, certains humains aussi… Zoom sur ces crises nocturnes un peu déconcertantes pour l'entourage. Au milieu de la nuit, il a rejeté sa couverture, s'est levé. Le somnambule semble éveillé, il a les yeux ouverts, mais ne tient pas ses bras tendus devant lui, comme on l'imagine souvent. Le visage inexpressif, ou hébété, il est toutefois capable de répondre à des ordres ou à des questions dans un langage monosyllabique (oui ou non), il semble toutefois ennuyé par les questions et il s'irrite si on pousse l'interrogatoire trop loin. Un comportement étrange Généralement, les somnambules retournent spontanément à leur chambre. Lorsqu'on les réveille, ils sont confus et mettent un peu de temps à remettre leurs idées en place. Mais un tiers des somnambules réagissent de façon agressive, par des claques ou des coups de poing, lorsqu'on les réveille brusquement. Si on les réveille, ils seront troublés ou désorientés. Mais le somnambule n'aura, une fois réveillé, aucun souvenir de ce qu'il a fait, pas même de s'être éveillé au cours de la nuit. Et les épisodes de somnambulisme sont courts, ils durent quelques minutes à peine, mais, dans certains cas, ils peuvent être plus longs, et durer jusqu'à trente minutes. Le somnambule peut avoir un comportement étrange : manger, uriner dans le placard, prendre un bain, changer les meubles de place, s'habiller ou se déshabiller, voire conduire sa voiture. Evidemment, il ne se souviendra pas de ses activités nocturnes le lendemain. Le somnambulisme, qui signifie en latin “marcher en dormant”, est une parasomnie, c'est-à-dire un trouble de l'éveil : il s'agit donc, en fait, d'un trouble de l'éveil pendant la phase de sommeil. Tout se passe comme si le corps était éveillé et actif, tandis que l'esprit reste engourdi et ensommeillé. Des causes génétiques Les accès interviennent pendant la phase de sommeil lent profond, il s'agit donc d'une pathologie d'origine neurologique. La principale cause du somnambulisme est d'ordre génétique. Il est ainsi très fréquent de trouver chez une personne somnambule des parents au premier degré atteints de somnambulisme ou d'un autre trouble du sommeil. Par ailleurs, certains facteurs déclenchent des épisodes de somnambulisme sans que l'on sache vraiment pourquoi. Ainsi, le stress, la privation de sommeil, un effort physique excessif ou inhabituel, peuvent augmenter le sommeil lent profond, qui survient en début de nuit et au cours duquel se déroulent les épisodes de somnambulisme. Par ailleurs, certains chercheurs étudient la possibilité que le somnambulisme puisse avoir des mécanismes en commun avec l'épilepsie. Dans certaines formes d'épilepsie, on observe d'ailleurs des déambulations nocturnes chez certains patients. De plus, les facteurs qui favorisent l'épilepsie, comme la privation de sommeil, peuvent également augmenter les épisodes de somnambulisme. La prise de certains psychotropes, particulièrement le lithium, peut déclencher des épisodes de somnambulisme chez les personnes prédisposées. Pour les somnambules qui le sont devenus après l'âge de 20 ans, certains facteurs psychologiques, tels qu'un traumatisme, peuvent être mis en cause. Toutefois, les chercheurs sont de plus en plus sceptiques sur le fait que des facteurs psychologiques puissent être à l'origine du somnambulisme des enfants ou des adultes qui en sont atteints depuis l'enfance. Un adulte sur cent C'est surtout chez les enfants que le somnambulisme est le plus fréquent : une étude française a ainsi démontré que 15% des enfants ont fait au moins un épisode de somnambulisme. Les épisodes débutent souvent chez l'enfant entre 6 et 12 ans, sans cause véritablement apparente. Ils s'atténuent progressivement pour disparaître complètement à l'adolescence. Le somnambulisme peut toutefois reprendre à l'âge adulte : 1 % des adultes y sont sujets. Un adulte sur cent ! Ce n'est pas négligeable, même si la fréquence et la durée des accès sont, bien entendu, variables. Si les crises sont handicapantes et / ou dangereuses pour le somnambule, il fait alors se soigner. Il existe deux formes de traitement pour le somnambulisme. Le médecin peut d'abord conseiller un traitement par les benzodiazépines (en particulier le Valium) qui ont démontré leur efficacité à supprimer les crises de somnambulisme en éliminant les phases de sommeil profond. Toutefois, l'efficacité des benzodiazépines se limite au début du traitement ou lorsqu'elles sont utilisées de façon sporadique. Le traitement est donc généralement réservé à des situations particulières (voyage, etc.) Avec des résultats à effets plus durables, l'hypnose est le second traitement utilisé et ses résultats sont particulièrement intéressants. Chez au moins 50 % des sujets, le somnambulisme disparaît complètement. Le traitement se limite généralement à moins de cinq séances. Des cassettes d'autohypnose sont ensuite remises au patient afin qu'il puisse poursuivre le traitement à domicile. Pour arrêter de se lever la nuit sans y prendre garde, il suffit donc de s'en convaincre… 3 conseils pour les somnambules 1• Eviter l'exercice violent en soirée. L'activité intense déclenche les épisodes de somnambulisme. Privilégiez les activités qui favorisent la détente, votre sommeil en bénéficiera. 2• Dormir à des heures régulières. Vous trouverez ainsi plus facilement le sommeil et vous éviterez la privation de sommeil. Si vous êtes privé de quelques heures de sommeil au cours d'une nuit, la nuit de récupération suivante sera propice aux épisodes de somnambulisme. 3• Faire vérifier ses médicaments. Les patients traités par lithium ont des épisodes de somnambulisme plus fréquents. D'autres psychotropes, en particulier les neuroleptiques, auraient le même genre d'effet. 3 conseils pour les personnes vivant avec un somnambule 1• Dormir au rez-de-chaussée. Dans la mesure du possible, installez la chambre du somnambule au rez-de-chaussée afin d'éviter qu'il ne descende des escaliers pendant son sommeil ou qu'il ne tombe par une fenêtre. En règle générale, adaptez son environnement afin qu'il ne se blesse pas (pas d'objets coupants, dangereux, etc.) 2• Verrouiller la porte. Si le somnambule a tendance à sortir de sa chambre et qu'il se place dans des situations dangereuses, verrouillez la porte. Evidemment, si la personne dort seule, il peut être imprudent de l'enfermer pour diverses raisons. Vous devez faire preuve de jugement dans la mise en application de ce conseil. 3• Ne pas réveiller le somnambule. Suggérez-lui plutôt de retourner au lit. Dans la majorité des cas, il suivra votre conseil. Cependant, n'hésitez pas à le réveiller s'il est en danger. Assurez-vous alors de le réveiller en douceur et soyez vigilant, il peut avoir des réactions brutales.