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“L'histoire jugera”
Publié dans La Gazette du Maroc le 08 - 07 - 2002

Procès du général Nezzar contre le sous-lieutenant Souaïdia
Autour du drame algérien, sympathisants du sous-lieutenant Souaïdia et amis du général Nezzar se sont affrontés du 1er au 6 juillet devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris. Le parquet parisien a décidé que seule “l'histoire jugera”, refusant ainsi de donner raison au général. Verdict le 27 septembre.
Un moment on croyait qu'il n'allait pas venir. “C'est trop risqué”, disait-on auprès du “Collectif permanent de solidarité avec le peuple algérien”. C'est que le général Khalid Nezzar, ancien ministre de la défense algérien et l'un des hommes forts du régime qui a intenté devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris un procès en diffamation contre Habib Souaïdia faisant l'objet d'une plainte pour crime contre l'humanité.
Déjà une fois le général à la retraite aurait dû être interpellé pour interrogatoire. Mais au prix de contorsion avec la règle de l'immunité diplomatique, il avait réussi à regagner l'Algérie sans être inquiété. Mais pour le procès contre l'ancien sous-lieutenant Souaïdia, on assurait que cette fois sera la bonne.
C'était compter sans la crânerie algérienne et la nature des relations particulières entre la France et l'Algérie qui continuent, quarante ans après l'indépendance, à être une “affaire de politique intérieure française”. Pour le procès qui se présentait comme le “procès de l'armée algérienne” grâce à des témoins en béton de Habib Souaïdia, auteur de “La sale guerre” dans les éditions La Découverte, le général était là sans rien craindre de ce qui pouvait advenir de la plainte contre lui. Le classement sans suite de cette plainte, alors même que la 17e chambre n'avait pas terminé l'examen du procès en diffamation intenté par Khaled Nezzar, faisait jaser dans les couloirs du tribunal : “On vous l'a dit, y répétaient les adversaires du pouvoir algérien, ils sont tous de mèche”.
Tout a commencé lorsque Habib Souaïdia, qui a fait partie des forces spéciales algériennes de lutte contre les islamistes, a publié un ouvrage de deux cents pages accusant l'armée algérienne d'être derrière la guerre civile qui a fait plus de deux cent mille morts. “Elle n'a qu'un objectif, assure-t-il, se maintenir au pouvoir à n'importe quel prix !”. Pour autant, ce n'est pas ce livre qui fera sortir le général Nezzar et derrière lui l'armée algérienne de leurs gonds. Mais une déclaration du même Souaïdia à la 5e chaîne française où il ne fait pas plus que confirmer la teneur de son livre pour réitérer que tout en Algérie relevait de l'armée.
Avant même son ouverture, le procès était voulu comme celui de l'ANP (l'armée nationale populaire) autant par la défense de Habib Souaïdia que par une partie de la presse française que curieusement le procès n'a pas mobilisée outre mesure. Pour le général à la retraite et ses amis, c'est “l'honneur de l'armée algérienne” qu'il s'agit de défendre, mais au-delà d'une condamnation de Habib Souaïdia et de la 5e, c'est faire taire les critiques sur le rôle de l'armée dans les tueries en Algérie qui est principalement recherché.
Affrontements
Du premier au 6 juillet, les deux parties ont aligné des témoins qui se sont affrontés à coups de déclarations et de récits des faits et gestes de l'adversaire. Les témoins du général Nezzar ont joué le temps sachant que le président du tribunal a averti dès le début qu'il n'y avait pas de prolongations. L'ancien premier ministre de Chadli Benjedid, Sid Ahmed Ghozali, même s'il donnait l'impression de préférer être ailleurs qu'à témoigner au profit d'un général développe longuement ses vues. Il assure ainsi que «l'interruption du processus électoral en janvier 1992, après la victoire du Front islamique du salut, était la seule façon de ne pas laisser tomber l'Algérie ». Dans cette interruption qui a été “le choix du gouvernement, des démocrates, de la société civile, l'armée a été le rempart contre l'obscurantisme”.
Ali Haroun, ancien membre du haut comité d'Etat qui a assuré la présidence après la destitution de Chadli Benjedid, reprendra avec les mêmes longueurs, la même tonalité. Il rattrapera aussi ce que l'ancien premier ministre a oublié ou omis de dire : citant Sid Ahmed Ghozali, Ali Haroun n'hésite pas à affirmer que si “en 1933 en Allemagne, il y avait eu un général comme Khaled Nezzar l'histoire aurait été différente”.
Longuement, cet ancien avocat et ancien ministre des droits de l'homme dans le gouvernement Ghozali, s'attarde sur son passé d'opposant au régime. “Si par la suite je l'ai rejoint, c'est pour lutter contre l'obscurantisme”. La même ligne de défense, soubassée par un passé d'hostilité au pouvoir, s'imposera à la plupart des témoins du général Nezzar : si l'armée algérienne est intervenue, si les forces démocratiques se sont ralliées à elle, c'est pour éviter que l'Algérie ne devienne, aux portes de l'Europe, un Afghanistan. Surfant rétrospectivement sur la sensibilité occidentale de l'après 11 septembre, le plaidoyer apparaît plutôt comme un aveu de crimes que justifierait ce qui risquait de devenir l'Algérie si le FIS avait pris le pouvoir. C'est de bon augure, mais devant un tribunal de droit c'est un procès d'intention.
D'autant plus que Habib Souaïdia ne s'en laisse pas conter. “Si un jour il y a la démocratie en Algérie, c'est vous qu'on jugera”, lance-t-il devant la cour au général Nezzar. Patrick Boudoin, avocat et ancien président de la Fédération internationale des droits de l'homme apporte du réconfort à la défense de Habib Souaïdia en qualifiant la nomenklatura militaire algérienne “de classe de privilégiés qui a entre les mains tous les pouvoirs” alors même que Sid Ahmed Ghozali en sa qualité d'ancien premier ministre, a essayé de démontrer le contraire. L'historien Mohamed Harbi, l'un des historiques du FLN abonde dans le même sens : “en Algérie, dit-il, c'est une armée avec un Etat à son service plutôt qu'une armée au service de l'Etat”.
Témoignage de taille
Des perceptions en somme qui éclairent sur le pouvoir en Algérie, mais rien en définitive qui apporte de l'eau au moulin de Habib Souaïdia. Les choses changeront avec l'appel à la barre d'un ancien capitaine, Ahmed Chouchen, réfugié à Londres. Il évoque sa propre torture et une expédition punitive qui s'est soldée par des dizaines de tués, des civils pour la plupart des adolescents. Mais le témoignage d'Ahmed Chouchen n'était que le prélude du clou du procès, l'entrée en scène du colonel Mohamed Samraoui, un ancien de la sécurité militaire algérienne. Au fait de ce qui s'y faisait, il apporte avec force détails les missions qui étaient confiées aux forces spéciales pour barrer la route au FIS : “on connaissait tous les Algériens formés en Afghanistan, on savait ce qu'ils faisaient, où ils étaient. Mais on les laissait pour nous rabattre sur des innocents”. Il a assisté, dira-t-il, en substance, à la naissance du GIA pendant l'été 1991 par le commandant Guettouchi, secondé par le capitaine Djaâfar chargé d'éditer les communiqués censés être ceux des islamistes et les distribuer à la presse. La création du GIA était destinée à justifier les assassinats, notamment pour se débarrasser de certains officiers. Plus loin, il ajoutera que le général Smaïn est venu le voir en Allemagne, en compagnie du général Hacène Bedjelti pour organiser l'assassinat de deux dirigeants du FIS : Rabah Kébir et Abdelbaki Sahraoui.
Tout au long des témoignages, le général Nezzar qui a affiché un mépris souverain pour la classe politique algérienne - “tous des illettrés”, a-t-il dit – restera de marbre. Devant le colonel Samraoui il se départit enfin de son calme pour dire que c'était le propre des services de procéder à des infiltrations, mais affirmer que l'armée algérienne se trouvait derrière la création du GIA, c'était franchir le seuil du concevable.
Les plaidoiries de la défense de Souaïdia ont essayé de démontrer le contraire et du côté du général on a essayé de mettre sur le dos de l'ancien sous-lieutenant la construction d'une affabulation grandeur nature. Le parquet, en ne requérant aucune peine contre l'auteur de “la sale guerre” ne les a pas suivis, préférant laisser le jugement du drame algérien à l'histoire. Verdict le 27 septembre.


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