RAPPORT SUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN Un regard rétrospectif marié à l'exigence d'une visibilité sur l'avenir : telle est la vocationdu rapport sur 50 ans de développement humain au Maroc. Présentation. Mohamed Meziane Belfkih et quelque 100 chercheurs, universitaires et experts, ont tenu leur promesse. Mariant lucidité analytique et sérénité de réflexion sur l'avenir, le travail, auquel ils se sont attelé, a donné des résultats sans concessions. Projet collectif et participatif d'étude de réflexion et de débat, le rapport tient d'une volonté d'évaluer rétrospectivement le développement humain au Maroc depuis un demi-siècle, tout en posant les jalons des perspectives pour les 20 années prochaines. D'entrée de jeu, le ton est donné et partant, les mots-phares déclinés: le Maroc est à la croisée des chemins, et rien ne remplace, dans la gestion de la vie publique, "un débat national sur une grande ambition nationale". C'est pourquoi le rapport propose une base de connaissance et de données à même d'animer cette ambition, et de servir et l'esprit patriotique et l'exigence d'objectivité. Méthode Le projet, dont le coup d'envoi a été donné en 2003, s'est axé sur dix thématiques embrassant les vecteurs du développement humain. Un tableau complet sur l'état des lieux y a été dressé. Rien n'a été laissé de côté : question démographique, gouvernance, condition de la femme, celle des jeunes, éducation, pauvreté…. S'articulant autour du "potentiel humain", la radioscopie collective décortique l'évolution de ce potentiel humain en tant que peuple, sa libération en tant qu'Etat, sa valorisation en tant que vie et intelligence, sa mobilisation en tant que force de création et, pour finir, le potentiel physique en tant que ressource et cadre du développement humain. Constat Le constat est, indéniablement sans appel. Si le tableau n'est pas tout en noir, les déficits et autres ratages sont, néanmoins lourds de conséquences. En témoignent les hésitations, ou carrément l'immobilisme des structures de décision et le niveau de pauvreté, par exemple. Autant l'évaluation a été critique, sans concession et à multiples facettes, autant la vision devient globale, précise et sereine. Au terme de ce travail monumental, on fait le bilan du Maroc en 2005. Autrement dit, en tant qu'espace de transitions tous azimuts (politique, économique, démographique) quels sont les risques compromettants qui guettent l'aboutissement de ces transitions ? Là aussi, le rapport décline les menaces et périls avec la même constance : "la non maîtrise de l'agenda des réformes par défaut de synchronisation ou autre, le risque de succomber aux difficultés conjoncturelles ouvrant la voie au relâchement des efforts, l'occurrence d'une crise interne sérieuse qui provoquerait une interruption brutale de la dynamique en cours ou enfin, l'incapacité d'atteindre une intensité et un rythme suffisants dans l'action de réforme". Ou encore : les déficits multiples peuvent constituer un passif lourd susceptible de compromettre à tout moment l'effort de redressement. Est-ce dire que cette "description synoptique", renvoie à une fatalité ? Loin s'en faut ! Avenir Le rapport décline, au terme de l'examen de situation, deux visions contrastées à l'horizon 2025. Soit le Maroc opte pour "un cheminement régressif, de relâchement et de démobilisation", soit, il opte pour une voie adressée à une vision, autrement, plus ambitieuse et plus volontariste, à la hauteur des atouts du peuple marocains . Basculer dans un scénario ou l'autre relève de la détermination à relever les défis du savoir, de l'économie de la gouvernance (participation, planification, système de décision…). Au terme du rapport, ses concepteurs et initiateurs invitent la communauté marocaine à un débat autour "des conditions à réunir et des mesures à prendre afin que le Maroc souhaitable se réalise ". (Lire également “Rebonds” page 9).