Six mois de prorogation supplémentaires pour les forces de la Minurso au Sahara et trois mois de délais pour le nouveau représentant de l'ONU pour présenter des propositions pratiques de solutions de l'affaire du Sahara. Un tournant ? Comme on pouvait s'y attendre, le mandat de la mission des Nations Unies au Sahara (Minurso) a été automatiquement reconduit par le Conseil de sécurité sur recommandation expresse du secrétaire général, Kofi Anan. Celui-ci vient à peine de désigner un nouveau représentant spécial pour le Sahara occidental, succédant à l'ancien secrétaire d'Etat américain, James Baker dont les conclusions présentées dans le plan portant son nom, ont failli conduire cette affaire vers une vraie impasse. Dans les couloirs de l'ONU, l'heure est donc à la reprise des pourparlers entre l'ONU et les différentes parties avec notamment la première tournée exploratoire dans la région effectuée il y une dizaine de jours par le diplomate néerlandais, Peter Van Walsum. Comment concilier l'inconciliable Grand connaisseur du dossier du Sahara qu'il a régulièrement croisé tout au long de sa carrière diplomatique à l'ONU, le nouveau représentant de Kofi Anan n'a pas manqué de souligner, à l‘inverse de tous ses prédécesseurs, dès la fin de sa tournée, que sa mission s'annonce très délicate, difficile, sinon impossible en raison des attitudes fort éloignées des deux parties. Dans son entourage immédiat, on souligne qu'il est appelé à concilier des positions tout à fait inconciliables». Naturellement l'Algérie s'applique comme elle le fait depuis au moins trois ans , à réitérer son attachement au plan Baker sur une hypothétique autodétermination des populations sahraouies devant conduire tout naturellement à l'indépendance du territoire. Problème de décolonisation, comme l'a affirmé le président Bouteflika, il y a deux semaines, et son représentant à l'ONU, Baâli. L'Algérie qui a, quelques mois encore, usé et abusé de sa qualité de membre non permanent du Conseil de Sécurité pour bloquer toute perspective de dégel et toute tentative allant dans le sens d'une troisième voie de nature à trouver une autre issue négociée et mutuellement acceptable. Face aux Algériens, le Maroc, que l'on accuse de récuser toute perspective de négociation directe avec ses adversaires, prend l'initiative en choisissant la position souhaitée notamment par la France, l'Espagne et les USA qui continuent de réclamer un dialogue direct entre Rabat et Alger, mais sans pouvoir le conforter par une résolution du Conseil de Sécurité. L'autonomie large passe par le dialogue avec l'Algérie Le Maroc va encore plus loin en prenant l‘initiative de présenter aux instances onusiennes une proposition concrète portant sur l'octroi d'une large autonomie aux populations sahraouies sous l'égide de l'ONU avec un référendum d'autodétermination à la fin de la période transitoire. Une proposition qui a la particularité de reprendre l'essentiel des idées contenues dans le plan Baker tout en marquant sa différence dans son attachement sans faille au principe sacré de la régionalisation dans le cadre de la souveraineté marocaine. Si les autres pays maghrébins concernés et intéressés, la Mauritanie et la Libye et les anciennes puissances coloniales de la région (Espagne et France) continuent d'appeler à une solution consensuelle qui passerait par un dialogue direct entre le Maroc et l'Algérie, tout porte à croire qu'une telle perspective ne serait possible qu'à la fin de cette année avec le départ de l'Algérie en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, et l'arrivée de nouveaux pays généralement favorables à une telle idée. Parmi les cinq pays qui siègeront à partir de 2006 au Conseil de sécurité, le Congo et le Ghana avaient déjà reconnu la fantomatique RASD avant de découvrir la supercherie. De même que des pays comme le Pérou, le Qatar ou encore la Slovaquie savent, et depuis toujours, qu'il s'agit d'un contentieux maroco-algérien. Cela donnera la possibilité aux membres les plus influents de ce conseil (France, USA et G.B) de concocter un projet de résolution allant dans ce sens. D'ici là, on verra dans quelle mesure le nouveau représentant du secrétaire général sera apte à jouer franc-jeu et à soumettre des propositions concrètes que le Conseil de sécurité l'a sommé de présenter dans un délais de trois mois. D'ici fin janvier 2006, le Maroc aura célébré le trentième anniversaire de la glorieuse Marche verte et l'entrée de ses troupes au Sahara en février 1976. Il reste aussi à faire le meilleur lobbying possible de son offre d'autonomie large, aussi bien auprès des diplomates et des grandes chancelleries que de l'opinion internationale.