En moins d'une semaine, deux secteurs-clés ont haussé le ton et donné le signe du malaise. La santé publique et l'enseignement dont le personnel est syndicalement encarté de manière presque opposée, ont moult raisons de manifester leur grogne et mécontentement. Ils ne se sont pas fait prier : à deux reprises, depuis la rentrée sociale, les grévistes ont marqué le cours en dents-de-scie du quotidien de leurs secteurs respectifs. La santé publique, plus que l'enseignement, a connu pendant les 18 derniers mois une série de grèves. Priorités du mot d'ordre de la grève : la révision du statut des médecins publics, statut particulier, faut-il le rappeler des infirmiers et enfin un système de rémunération de la garde et de l'astreinte. Le département, lui, s'emmure dans un mutisme incompréhensible. D'une part, il fait les frais d'une hémorragie sans précédent suite à une avalanche de « départs volontaires ». Et d'autre part, l'entretien de la crise ne semble alerter personne. Les enseignants en colère ne sont pas, eux aussi, mieux lotis. A l'image de la Santé, quatre syndicats (UMT, FDT, UNTM, UGTM) se sont mobilisés pour faire pression « en vue d'un dialogue sérieux ». Ils ont été jusqu'à « menacer d'une série de débrayages ». Pomme de discorde ? Les syndicats jugent inacceptable, sinon préjudiciable un « statut général de l'E.N et le régime indemnitaire qui pénalisent les professeurs du secondaire ». S'y ajoutent d'autres revendications relatives à « la titularisation et promotion des fonctionnaires du secteur commun, le nouveau statut du personnel ». La gamme des mécontents va, également, des « ruraux », jusqu'aux inspecteurs en passant par les enseignants détenteurs de licence. Là où le bât blesse et fait couler beaucoup d'encre c'est surtout le regroupement familial : des images intenables des familles en grève illimitée de la faim et ce, depuis la première semaine du mois de septembre à Rabat sont plus qu'éloquentes. Il aura fallu des réunions marathoniennes entre les 4 syndicats et le ministre de l'E.N pour reporter une grève décidée pour les 25 et 26 octobre 2005. Motif du report : l'engagement du ministère « de répondre favorablement aux revendications du corps enseignant ». Un ouf de soulagement ? Rien n'est définitif, en fait, le pire reste toujours à l'ordre du jour; tant et si bien que la colère des « cols blancs » risque de radicaliser d'autres secteurs plus fragilisés par la conjoncture actuelle.