Le mot d'ordre d'une grève nationale a été décrété par les quatre principaux syndicats dans les hôpitaux, CHU, centres de santé et dispensaires. Cette grève, qui aura lieu le 30 juin, intervient une semaine après celle de mercredi dernier. Les syndicats espèrent pousser le gouvernement au dialogue. «La mort dans l'âme», les principales formations syndicales reconduisent la grève dans les hôpitaux, CHU, centres de santé et dispensaires. L'UMT, la CDT et l'UGTM ont décrété le mot d'ordre d'une grève nationale de 24 heures le 30 juin 2004. Cette grève intervient une semaine à peine après celle observée, mercredi dernier, dans le même secteur. «Personne ne nous a adressé la parole. Aucune instance gouvernementale ne nous a demandé l'heure qu'il est. C'est à croire que les signes d'une crise dans un secteur vital du pays laissent indifférent le gouvernement», précise à ALM Mohamed Mezzour, responsable à la Fédération nationale de la Santé, affiliée à l'UMT. Un débat très vif a eu lieu dans les principales centrales syndicales. D'un côté, certains militants estimaient que le propre d'une grève était la surenchère. Ils ont demandé par conséquent de hausser le ton en prolongeant la durée de la deuxième grève. Ils ont même brandi la menace d'immobiliser les urgences. D'un autre côté, le courant des modérés qui «ne voulaient pas pénaliser les citoyens». Ces derniers ont eu gain de cause à l'UMT, la CDT et l'UGTM. Mais ce n'est pas le cas du FDT qui a décrété le mot d'ordre d'une grève nationale de 48h : mercredi et jeudi. Abdelmajid Boubekri, secrétaire général du syndicat national de la santé publique, affilié à la FDT, ne cache pas son amertume devant le mutisme du gouvernement. Il explique que le Premier ministre s'était engagé à répondre aux revendications du personnel de la Santé, mais qu'il «n'a pas respecté son engagement». Quelles sont les revendications des médecins, infirmiers, agents de service, techniciens et administrateurs, dépendant du ministère de la Santé? «Leur principale revendication concerne la prime de risque», précise Mohamed Mezzour. Cette prime est accordée au personnel tant qu'il est en fonction et supprimée après la retraite. Il n'y a guère que les médecins qui la conservent. «C'est une aberration ! Une personne qui a contracté la tuberculose ou l'hépatite C dans l'exercice de ses fonctions ne va pas guérir une fois qu'elle a atteint l'âge de la retraite», s'étonne M. Mezzour. Cette prime représente 25% des salaires des médecins et infirmiers. L'autre revendication importante concerne la prime de garde. «Il est inadmissible que le personnel de la santé ne soit pas indemnisé pour les heures de garde. C'est une exploitation sauvage des fonctionnaires par le gouvernement, alors qu'il est censé donner l'exemple aux autres par son respect du droit des travailleurs», explique M. Boubekri. Les grévistes ont au demeurant d'autres revendications : la révision du statut des médecins et des infirmiers, ainsi que la suppression de la dernière augmentation des prix de visite et de soin dans les hôpitaux qui a «intensifié le malaise au sein des établissements et donné lieu à des confrontations entre le personnel et les patients». A signaler que les services de réanimation, d'urgence et de garde ne sont pas concernés par la grève de mercredi. Mais en dépit du maintien de ces services, la grève du mercredi va encore une fois pénaliser de très nombreux citoyens. Les syndicalistes se disent conscients du tort que subit la population, mais ils sont «acculés» à la grève. «Nous en sommes presque arrivés à supplier le ciel pour que le gouvernement nous adresse la parole», explique M. Mezzour. Mais apparemment, le ciel est sourd aux prières des syndicalistes.