Un enfant paralysé suite à un vaccin contre l'hépatite B Achraf Diwan est un enfant atteint d'une tétraplégie d'installation brutale, aggravée de troubles respiratoires dus, selon sa famille, à l'injection du vaccin contre l'hépatite B. Depuis bientôt 5 ans, sa famille mène bataille pour faire juger le laboratoire fabriquant. À ce titre, elle demande 10 millions de Dhs pour réparation de dommage subi. Reporté à plusieurs reprises, le procès connaîtra son dénouement le 24 octobre courant au Tribunal de première instance de Casablanca. L'erreur est humaine, dit-on. Mais, peut-elle être médicale ? Assurément oui. Au Maroc comme à l'étranger. Il suffit de l'évoquer pour que les langues se délient pour raconter la dernière mésaventure qui s'est produite chez telle ou telle clinique privée de la place. Elle a tellement sévi qu'elle a eu le mérite de faire parler d'elle en ces moments lors du procès fleuve d'Achraf Diwane, un enfant tétraplégique, réouvert devant le tribunal de première instance de Casablanca. Un long procès qui a mobilisé les membres du mouvement bénévole pour les victimes de la vaccination hépatite B qui se sont déplacés au Maroc pour suivre le procès dont la dernière audience s'est tenue le 10 octobre courant. Ce jour-là, comme toutes les autres audiences, les journalistes, nombreux, étaient à l'affût. Des équipes de la télévision (2M et TVM) prenaient des images et enregistraient des témoignages, qui seront diffusés le jour même. Que s'est-il donc passé pour qu'on en arrive là ? Les faits remontent au vendredi 4 février 2000. Lorsque les parents d'Achraf Diwane, âgé de 19 mois seulement, décident de vacciner leur enfant contre l'hépatite B. Rien de plus normal pour un enfant de cet âge. Le vaccin est administré le jour même dans un dispensaire du quartier El Fida à Casablanca, apparemment avec succès, et sans aucune autre complication. Tout se passe bien et il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter. Deux jours plus tard, l'état de santé d'Achraf Diwane se dégrade brusquement au point qu'il n'arrive plus à aligner les pas. Difficulté de respiration, pleurs ininterrompus, impossibilité de marcher, Achraf est gravement malade. Nous sommes le 6 février et Achraf est emmené dans un état semi-comateux par ses parents aux urgences du CHU de Casablanca service pédiatrie. Sur place, l'enfant est entouré de médecins visiblement inquiets et désemparés. Ceux-ci conseillent aux parents Diwane de le transférer à un autre hôpital où l'équipement en soins intensifs et particuliers à ce genre de maladie est plus performant. N'ayant pas les moyens, Achraf Diwan sera finalement admis dans un centre pour enfants abandonnés “la goutte de lait”. Lundi, à l'aube, retour au CHU de Casablanca ou le petit est admis immédiatement en réanimation. Trop Tard. Achraf Diwan sombre dans un coma profond qui a duré trois mois et dont les séquelles sont aujourd'hui visibles à l'œil nu (voir photo) : troubles de la déglutition, pertes de poids, paralysie, gêne respiratoire… Affectée par le sort de leur petit Achraf, la famille Diwan voulait tout de même comprendre le pourquoi de cette évolution tragique de la santé physique et cérébrale de leur fils. De médecin en spécialiste, le diagnostic est on ne peut plus clair : l'enfant souffre de tétraplégie d'installation brutale, aggravée de troubles respiratoires dus probablement à l'injection du vaccin contre l'hépatite B. Informés, les parents décident d'aller en justice pour réparation du préjudice subi par leur enfant. C'était en novembre 2000. Une première action en justice, devant le tribunal de première instance d'El Fida, se solde par une expertise médicale ordonnée par les juges. Celle-ci, même si elle établit le lien ( au conditionnel ) entre le vaccin Energix B, produit du laboratoire Smithkline Beecham et l'état de santé d'Achraf Diwan, n'aide guère les juges à trancher. Une deuxième expertise est alors ordonnée par le tribunal à l'Ordre des médecins du Maroc qui, à son tour, reste évasif pour établir un lien de causalité entre le vaccin incriminé et la paralysie d'Achraf Diwan. Du côté de la partie défenderesse, c'est la contestation publique du laboratoire Smithkline Beecham de la version des faits telle qu'elle est délivrée par la famille Diwan. Devant les juges, les avocats du laboratoire continuent à rejeter tout lien, direct ou indirect, entre la vaccination et l'évolution de l'état de santé du petit Achraf. Contacté par LGM, Ali Sedrati, le représentant légal de SmithKline Beecham, refuse tout commentaire tant que la justice n'a pas dit son dernier mot. Finalement, c'est la troisième expertise confiée au Pr Said Louahlia de l'Institut de médecine légale Ibn Rochd qui tranchera dans cette douloureuse affaire. Celui-ci est catégorique et conclut dans son rapport que : “… la chronologie des faits nous conduit à admettre ce lien de causalité direct et non pas présumé de son existence entre l'injection du vaccin et la naissance de la maladie. Rien ne va à l'encontre d'une encéphalopathie post vaccinale. Il existe un lien de causalité direct entre le vaccin et l'encéphalopathie (du fait des critères d'imputabilité réunis). L'incapacité permanente partielle (IPP) est de 100 %”. Après plusieurs reports en raison de l'absence des experts, le Pr Louahlia étant parti au Canada pour y exercer, le procès Diwane contre Smithkline Beecham traîne depuis bientôt cinq ans devant la justice. Toutefois, fait remarquer l'avocat de la famille Diwane, le procès qui défraye la chronique est à son dernier round. La famille Diwan réclame à ce titre 10 millions de Dh pour réparation du préjudice subi. Lors de la dernière audience, et après avoir donné la dernière parole à la famille Diwan, les juges ont reporté l'affaire, pour délibération, au 24 octobre courant.