Essai Révélations pour le moins fracassantes sur l'Organisation d'Oussama Ben Laden Spécialiste du terrorisme et directeur de recherches à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), Guillaume Dasquié annonce, dans cet ouvrage rédigé sous la forme d'un journal, qu'il n'écrira plus désormais sur Al Qaïda. Il livre néanmoins une série d'informations inédites sur le fonctionnement de l'organisation. "J'ai passé ces dix-huit derniers mois à tenter de pénétrer le noyau dur d'Al-Qa'ida; notamment en séjournant dans les universités islamiques de Sana'a (Yémen) et de Khartoum (Soudan) où sont recrutés des centaines de jihadistes (avec l'université de Médine en Arabie Saoudite). Qu'observe-t-on ? Localement, de nos jours, Al-Qa'ida n'est pas l'anti-thèse de la liberté, au contraire ! De la péninsule arabique au Maghreb, une population de plusieurs millions de jeunes musulmans n'acceptent plus les régimes autoritaires et népotiques qui les écrasent. C'est une révolution sociale qu'ils appellent de leurs voeux. Or, hélas, les seuls à leur tendre la main, ce sont les mouvements islamistes radicaux, lesquels ont vampirisé le système éducatif et universitaire pour former leur propre milice... Dans le dessein de prendre le pouvoir. Quand je dis "Al-Qa'ida vaincra" je veux vous alerter sur cette révolution sociale qui est en marche, manipulée par des extrémistes. On n'arrête pas des millions de va-nu-pieds déterminés à changer leur destin. On tente d'abord de les comprendre, puis de les sortir des griffes des chefs qui les ont hypnotisés. » C'est en somme le résumé du livre de Guillaume Dasquié. Mais au-delà des lectures multiples sur le malaise mondial et la place que prend l'extrémisme religieux, Guillaume Dasquié fait de ce livre un testament de révélations toutes aussi surprenantes –pour ne pas dire effrayantes- les unes que les autres. Il raconte que la signature du contrat d'armement Sawari (II milliards d'euros) de livraison de frégates à la marine saoudienne, fut signé en 1994 par le gouvernement français d'Edouard Balladur grâce à l'entremise d'un homme d'affaires saoudien cheikh Ali bin Mussalim. Celui-ci décédé en 2004 à Lausanne, se révélera avoir été l'un des principaux argentiers de ben Laden, selon un rapport du Trésor américain daté de janvier 2002 et cité par l'auteur. Guillaume Dasquié s'étonne d'autre part qu'un militant islamiste, interpellé le 15 juin 2004 à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) avec quatre autres personnes dans une opération visant les milieux salafistes, ait pu être remis en liberté quatre jours plus tard par les juges antiterroristes. Selon l'auteur, l'un des cinq hommes interpellé était en possession d'un document à l'en-tête de l'International Islamic Relief Organisation (IIRO), la plus importante association caritative islamique saoudienne, fortement soupçonnée de participer au financement d'Al Qaïda. Enfin l'auteur d'"Al Qaïda vaincra" assure, documents officiels à l'appui, que Yeslam ben Laden, l'un des demi-frères de ben Laden, qui a obtenu la nationalité helvétique en mai 2001 et qui a toujours répété n'avoir plus de relations avec Oussama depuis le début des années 80, a pourtant partagé avec celui-ci un compte commun dans une grande banque suisse de 1991 à 1997. La liste est longue et des noms défilent de Jacques Chirac à Rafic Hariri, du Pakistan aux USA, en passant par le Yémen, l'Egypte et l'Arabie Saoudite. Une toile d'araignée très complexe dont on ne touche qu'une infime partie. "Al Qaïda vaincra", par Guillaume Dasquié, éditions Privé-Flammarion, 310 pages, 225 dhs.