Le retour de Ben Laden, à la veille du sixième anniversaire des attaques du 11 septembre, fut accueilli avec incrédulité. Peu d'attention a été accordé à ses menaces d'intensifier la rébellion en Irak. De manière fracassante, Oussama Ben Laden vient de rompre un silence de presque trois longues années au cours desquelles une abondante littérature s'interrogeait régulièrement sur son sort. S'était-il éteint suite à des ennuis de santé, l'insuffisance rénale était souvent citée, ou se cachait-il encore dans les imprenables montagnes de la frontière entre L'Afghanistan et le Pakistan ? Etait-il mort lors d'un raid aveugle ou se terrait-il dans une obscure cave ourdissant les complots les plus spectaculaires ? Ces questions ne cessaient de tarauder tous ceux, journalistes, responsables de la lutte antiterroriste qui avaient participé et organisé une gigantesque chasse à l'homme. Cette fièvre chercheuse avait donné lieu à de nombreuses rumeurs comme celles contenues dans un rapport des services français de renseignement qui, citant les services saoudiens, affirmait que Ben Laden aurait succombé au typhus au Pakistan. A cette époque, l'Arabie Saoudite avait qualifié cette sortie française de simple spéculation. L'hypothèse la plus fantasmée mais jamais officiellement avouée est que le mythe se soit éteint de lui-même. Si la série d'articles d'investigation que la presse américaine avait consacrés au sujet mettaient en avant les conditions de vie particulières de l'icône du Jihad mondial plongé dans une dangereuse clandestinité, ils laissaient toujours la porte ouverte à sa possible réapparition et tranchaient rarement, prudence oblige, sur son sort. Le retour d'Oussama Ben Laden, à la veille du sixième anniversaire des attaques du 11 septembre, fut accueilli avec incrédulité. Peu d'attention avait été accordé à ses menaces réitérées d'intensifier la rébellion en Irak. Les remarques ont été centrées deux points principaux : l'absence de menaces directes à l'encontre des Etats-Unis et son aspect physique. Une attention particulière a été portée sur la couleur de sa barbe, les cernes autour de ses yeux, son teint cireux et son visage émacié… Autant d'indices qui peuvent renseigner sur la trajectoire de l'homme le plus recherché de la planète. Les spécialistes du renseignement posaient des questions d'anthropologues des us et coutumes indigènes : s'était-il teint la barbe par coquetterie, pour valoriser un indéniable «star appeal»? Ou s'agissait-il d'un camouflage destiné à déstabiliser l'adversaire? D'une nouvelle posture chargée d'émettre de nouveaux messages ou d'actualiser les anciens ? Au-delà de ces considérations physionomiques à portée sécuritaire limitée, Oussama Ben Laden, ressuscité, pose un problème pour l'administration Bush alors que celle-ci subit une pression sans précèdent pour changer sa politique en Irak et se voit durement interpellée sur ses choix militaires. L'opposition démocrate au Congrès gonflée à bloc à l'approche de la remise du rapport Petraeus/Crocker tant attendue sur la situation en Irak, a fourbi ses arguments et élevé la voix pour accuser le président Bush d'avoir substitué la maladroite et coûteuse invasion de l'Irak à la véritable guerre contre le terrorisme international, laissant des personnages comme Oussama Ben Laden continuer à menacer et à narguer l'Amérique. L'argument de défense, que George Bush avait déployé, considérait la guerre en Irak comme le socle principal de la guerre mondiale contre le terrorisme. «Il est intéressant de noter que l'Irak est mentionné dans cette vidéo. Cela montre que l'Irak est un élément crucial de cette guerre menée contre les extrémistes». La réapparition d'Oussama Ben Laden est intervenue alors que les autorités allemandes viennent d'avorter une vague d'attentats qu'une filière turque d'Al Qaïda s'apprêtait à commettre sur le sol allemand et que de sanglants attentats frappent l'Algérie. Les Etats Unis ne se sentent pas à l'abri. Le chef de la CIA, Michael Hayden ne verse pas dans une démarche rassurante : «Al Qaïda vise des cibles qui feraient un grand nombre de victimes, causeraient des destructions massives et auraient des conséquences économiques importantes». Certains spécialistes de l'islamisme radical n'hésitent pas à mettre l'accent sur des effets revigorants qu'une telle apparition peut avoir sur la nébuleuse d'Al Qaïda.