MARCHE d'huile de table La libéralisation du marché des huiles de table donne du tournis aux acteurs du marché. Certes, les consommateurs finals et distributeurs en profitent, mais les entreprises, elles, ne se font plus de cadeaux. Une rude bataille a d'ores et déjà commencé dans laquelle s'affrontent le plus ancien opérateur, Lesieur, et le dernier venu, Savola. La concurrence n'est finalement pas un vain mot. Cinq ans seulement ont suffi au secteur de l'huile, pour qu'elle donne lieu à de véritables joutes de querelles entre acteurs. Depuis sa libéralisation effective en 2000, le marché juteux de l'huile de table au Maroc ne cesse d'aiguiser l'appétit des intervenants. Normal, vu l'importance des sommes que ce marché brasse. Plus de 3 milliards de dirhams de chiffre d'affaires sont annuellement réalisés. Ce qui fait du marché des huiles de table un secteur stratégique. Lesieur Cristal continue de caracoler en tête avec 62 % des parts de marché. Cependant, son hégémonie s'étiole, eu égard à la montée des concurrents. Dans cette redistribution des cartes sur ce marché juteux, la veille économique n'a rien à envier à l'intelligence concurrentielle moderne. Et pour cause, Lesieur, tenant à sa position, suit de près les parts de marché exactes de ses concurrents. Il étudie leur moindre politique de prix, scrute les campagnes de communication dans les moindres détails, s'informe si possible sur leurs projets futurs. Il va même jusqu'à se procurer les états de synthèse de chacun d'eux auprès de l'Office marocain de la propriété intellectuelle. Cette pratique est ce qu'il y a de plus légal, mais dans un marché où l'on a toujours vendu avant de produire, elle a un caractère, somme toute, inédit. Ainsi, bien que classé loin derrière Lesieur Cristal, le groupe Belhassan se situe en deuxième position avec 25 % des parts de marchés. Belhassan avec ses unités de trituration et de raffinage à Agadir, en s'installant depuis peu à Meknès, compte bien garder le quart du marché qu'il détient depuis la libéralisation. Sans merci Afin de s'accaparer une bonne part du marché des huiles de table, les opérateurs ne se font plus de cadeaux. Ceci est d'autant vrai que chacun accuse l'autre des pires pratiques commerciales. C'est le cas notamment de Lesieur Cristal et de Savola. Chacune de ces deux firmes est désormais gonflée à bloc. L'une veut conserver sa place de leader, l'autre en veut encore et encore. Pour ce faire, on pousse la logique de l'affrontement jusqu'au bout. Lesieur Cristal estime que l'attitude de Savola consistant à tirer vers le bas les prix des huiles en bouteille nuit énormément aux producteurs. Et ce sont les moyens et les petits producteurs qui vont en pâtir. De son côté, Savola pense que son implantation au Maroc n'est pas le fruit du hasard. Elle est le résultat d'énormes opportunités qu'offre le marché marocain vu l'absence de marques fortes qui le caractérisent. Cette guéguerre dans le secteur de l'huile de table si elle ne semble pas profiter aux opérateurs, elle a l'avantage de faire l'affaire des consommateurs finals et des distributeurs. C'est aussi cela les retombées positives d'un jeu de la concurrence qui régule les prix et impose la qualité. Derrière toute cette stratégie des uns et des autres, un seul objectif est recherché, c'est la course à la taille. Avec 22,5 % des parts de marché dans les grandes surfaces, la dernière venue dans ce marché marocain des huiles de table, en l'occurrence Savola, ambitionne de devenir leader national avant 2010. En a-t-il les moyens ? Selon des informations recueillies auprès de la filiale saoudienne au Maroc, le rapprochement avec le groupe malaisien, Golden Hope, vise cet objectif. Pour Lesieur Cristal, l'esprit de ce rapprochement a d'autres soubassements. " Le partenariat entre ces deux groupes se situe dans leur stratégie mondiale. On peut ainsi comprendre que ce rapprochement entre Savola et Golden Hope va dans le sens d'un jeu de participations croisées", avance Ahmed Rahhou, président-directeur général de Lesieur Cristal. Et d'ajouter : «d'ailleurs, Golden Hope a annoncé qu'en contrepartie de sa prise de participation minoritaire chez Savola Morocco, le groupe saoudien prendrait une participation, également minoritaire, dans la filiale vietnamienne de Golden Hope. C'est dans cette optique que nous estimons qu'il faut analyser l'esprit de cette alliance". Une chose est certaine dans ce marché marocain des huiles de table, qu'elle s'appelle Lesieur Cristal ou Savola, notamment chacune de ces entreprises affiche ses ambitions. " Savola Morocco double d'ores et déjà sa capacité de production et de distribution de 50.000 tonnes par an. Cette volonté d'expansion passe par un investissement additionnel en équipements d'un montant de 100 millions de dirhams et par la création de 110 emplois directs supplémentaires", indique pour sa part, Zakaria Aakil, directeur général de Savola Maroc. Savola a-t-elle les pectoraux suffisamment solides pour devenir leader du marché au Maroc ?