Déficit commercial Les pouvoirs publics n'ont plus à se réjouir des niveaux des échanges extérieurs atteints au début des années 2000. La situation se détériore. Il est temps de réagir. Aux alentours des années 2000, les pouvoirs publics avaient de quoi se réjouir puisque les échanges commerciaux avec l'extérieur se portaient relativement bien. Ils avaient même exprimé leur satisfaction de voir le taux de couverture des importations par les exportations atteindre des niveaux jamais atteints. Durant la période allant de 1998 à 2002, le taux tournait autour de 70% (en 1998). Il a perdu quelques points pour s'établir à 66% en 2002. Mais la satisfaction ne fut que de courte durée puisque à partir de cette date, la tendance a commencé à se renverser. Dès lors où les conjonctures économiques, nationale et internationale, ont commencé à se détériorer, il fallait donc s'attendre à ce revirement. L'arrivée de nouveaux concurrents (notamment la Chine) sur la scène internationale, la hausse des prix du pétrole… sont autant de facteurs qui ont contribué à la régression de nos exportations et à la hausse, par conséquent, de nos importations. Aujourd'hui, le taux de couverture atteint près de 48%, un niveau jugé très bas. Faut-il tirer la sonnette d'alarme? Il est vrai que les pouvoirs publics, tous départements confondus, oeuvrent pour améliorer la situation, mais l'on se demande si les efforts fournis ne sont pas insuffisants. Selon un responsable ministériel, l'élaboration de la stratégie " Emergence " devrait normalement insuffler un souffle pour recréer une dynamique qui booste les exportations marocaines. En attendant sa concrétisation, le pays doit continuer à faire face à une situation en perpétuelle dégradation. Le déficit commercial du Maroc s'est déprécié de l'ordre de 27,8%. Le taux de couverture des importations par les exportations s'est considérablement détérioré, passant de 56,3% durant les six premiers mois de 2004 à 48,8% durant la même période de cette année. Il y a donc lieu de s'inquiéter. En témoignent les performances réalisées durant le premier semestre de l'année en cours. Exportations : textile en baisse, produits d'origine minérale en hausse En regardant les chiffres de plus près, il est à remarquer que les exportations ont baissé de 5,5%. Elles se sont établies à près de 42 milliards de dirhams. Selon l'Office des Changes, cette diminution est imputable aux exportations hors phosphates et dérivés. Suivant un trend baissier, les exportations des produits finis de consommation –bien qu'ils demeurent encore le premier groupe de produits à l'exportation en dépit du recul de leur part de 2,4 points- ont enregistré une baisse de 11,5% à 14,5 milliards de dirhams sous l'effet du repli des exportations de vêtements confectionnés et d'articles de bonneterie. Les exportations de ces deux produits ont baissé relativement de 12,9% et 19,4%. La perte est estimée à 2 milliards de dirhams. L'entrée en vigueur depuis le début de l'année de la levée des quotas textiles imposés aux produits chinois et indiens est l'une des principales raisons ayant abouti à cette situation. Cependant, il est à noter que les exportations des chaussures et des articles confectionnés en tissus ont connu un meilleur sort. Elles ont respectivement progressé de 12,4 et 50%. A propos des exportations des produits alimentaires, qui se maintiennent au troisième rang des groupes de produits à l'exportation, elles ont chuté de 9,1% à 8,2 milliards de dirhams. Les fruits frais, les légumes, les conserves de légumes, les pommes de terre, les poissons frais, et la farine et poudre de poissons sont les principaux produits qui se sont " mal comportés " et ont accentué la baisse. Concernant les demi-produits (tôle, acide phosphorique…), leurs exportations se sont stabilisées à près de 10,8 milliards de dirhams. Les produits à l'exportation ayant enregistré une hausse sont notamment les produits bruts d'origine minérale. Elles ont atteint 3,6 milliards de dirhams, soit une hausse de 34,4%. " Cet accroissement provient des ventes de phosphates bruts (+647,9 millions de dirhams) et de minerai de zinc (+153,5 millions de dirhams). La part de ces produits a gagné 2,6 points : 8,7% contre 6,1% une année auparavant ", indique t-on auprès de l'Office des Changes. Importations : les produits énergétiques en tête Au niveau des importations, elles ont progressé de 9,1%. Ce sont les importations des produits énergétiques qui grèvent la balance commerciale, conjoncture internationale oblige. Le prix du baril du pétrole ne cesse d'augmenter depuis des mois. A fin juin, le cours moyen du brut a atteint le niveau le plus haut durant la période de janvier à juin des années 2000-2005. Il s'est établi à 2.954 dirhams entre janvier et juin 2005, contre 2.154 dirhams durant le premier semestre 2004 et 2.010 dirhams durant les six premiers mois de l'année 2003. C'est dire que la situation s'aggrave d'année en année. Compte tenu de cette conjoncture, les importations du pétrole brut ne peuvent donc que s'accroître. Elles se sont établies à 9,9 milliards de dirhams, soit une hausse de 62,9%. Par contre, les importations des produits céréaliers (blé notamment) ont enregistré une régression. Elles sont passées de 3,4 milliards de dirhams au cours du premier semestre 2004 à 2,17 milliards en 2005. Selon un professionnel, cette baisse est notamment due à la baisse des prix moyens de la tonne importée (-19,5%) par rapport à la fin juin 2004. Ce récapitulatif relatif aux échanges extérieurs durant le premier semestre de l'année en cours reflète bel et bien un malaise que notre pays est en train de vivre. Le commerce extérieur ne va pas très bien. La situation risque de s'aggraver si des actions et mesures ne sont pas prises, que ce soit du côté administration ou du privé. Chacun doit mettre du sien pour pourvoir remonter la pente.