Le Maroc a signé un engagement international l'obligeant à achever la libéralisation du marché du tabac, au plus tard, en 2005. D'ici-là, la Régie des tabacs, qui détient toujours le monopole de la production et de la distribution du tabac, serait déjà entre les mains d'un opérateur stratégique dont le plan d'action sera établi en fonction d'un cahier des charges qui sera signé avec l'Etat. Or, la situation actuelle, du moins industrielle et technique de la Régie, ne favorise pas une telle privatisation précipitée. Si la privatisation de la Régie des tabacs n'est pas réalisée, cela risque de compromettre l'équilibre budgétaire de l'Etat d'autant qu'un certain nombre d'opérations, programmées pour ce budget 2002, n'auront pas lieu. La vente de 16 à 18% du capital de Maroc Telecom, la plus grosse opération de l'année, serait renvoyée aux calendes grecques en raison des pertes colossales subies par Vivendi Universal qui détient 35% du capital de l'opérateur historique. Les deux sucreries pour lesquelles le gouvernement a récemment lancé un appel d'offres, qualifié par certains professionnels de la finance de "ridicule" car il propose un prix minimum supérieur à la capitalisation boursière de la Cosumar alors que celle-ci détient 2/3 du marché du sucre, sont des entités à outil technique obsolète dont la vente, même de la totalité des actifs, ne pourrait rapporter que des "miettes" à l'Etat. De toutes ces opérations, seule la Régie des tabacs pourrait, de l'avis de nombreux observateurs avertis, sauver le budget de l'Etat pour cette année. Programmée pour le second semestre de l'année 2002, la privatisation de la Régie suscite bien des interrogations quant aux conditions dans lesquelles se prépare cette opération. Le Maroc a signé un engagement international l'obligeant à achever la libéralisation du secteur du tabac, au plus tard, en 2005. D'ici-là, la Régie, qui détient toujours le monopole de la production et de la distribution du tabac, serait déjà entrée dans le giron d'un opérateur stratégique dont le plan d'action sera établi en fonction d'un cahier des charges qui sera signé avec l'Etat. Or, la situation actuelle, du moins industrielle et technique, de la Régie ne favorise pas une telle privatisation précipitée. À son actif, en tout et pour tout, deux usines techniquement dépassées et une seule usine, celle de Ain Harouda, techniquement moderne mais qui ne fonctionne qu'à 30% de sa capacité. Celui qui va remporter l'appel d'offres pour sa privatisation devrait, donc, prendre en compte ses contraintes qui signifient en clair un apport en fonds propres supplémentaires pour pouvoir restructurer et revaloriser l'entreprise. L'effort de modernisation qui va incomber, coûte que coûte, à l'opérateur stratégique exigera du gouvernement un abaissement de la valorisation de l'entreprise de telle sorte à asseoir un équilibre entre le prix à payer pour l'entrée dans le capital et le prix à débourser pour la restructuration de l'outil de production. Cet équilibre suppose pour l'Etat moins de rentrées budgétaires, à moins que les pouvoirs publics, eux-mêmes, prennent en charge les travaux de modernisation. La mission de réorganisation commandée par le management de la Régie auprès du cabinet Masnaoui le laisse supposer. Actuellement, au stade du diagnostic, cette mission devrait être achevée fin juin. Son objectif se limite à proposer des recommandations pour la réorganisation de la Régie dans la perspective de l'entrée en lice d'un investisseur étranger dans son capital. Au cas où ce dernier prendrait en charge cette réorganisation industrielle, une autre contrainte se pose : la libéralisation du marché du tabac que l'on va mettre en place en 2005 risque de malmener la situation financière de l'opérateur stratégique. D'aucuns estiment que le délai de 2 ans n'est pas suffisant pour lui permettre de rentabiliser le lourd investissement à mettre en place pour une bonne exploitation de l'entreprise. L'ouverture en 2005 du marché du tabac supposerait l'arrivée d'importateurs et de fabricants de rang prestigieux dont la qualité des produits proposés et les services offerts vont, à coup sûr, démanteler le monopole de la Régie. Celle-ci souffre aussi d'une insuffisance flagrante : la gamme de produits qu'elle fabrique se limite aux marques locales comme Casa Sport, Marquise et autres alors que les marques les plus prestigieuses comme Marlboro sont importées. Les connaisseurs du marché avancent que ces marques locales vont devoir disparaître car destinées à des franges de clientèle d'un âge avancé. La disparition future et progressive de ces franges donnerait lieu à une baisse voire à une annulation de la production de ces marques