Fonds d'investissement au Maroc Après avoir connu une période d'accalmie entre 2002 et 2004, la filiale de l'Agence française de développement, Proparco relance ses activités au Maroc. Déjà 520 millions de dirhams sont investis dans plus de 40 Pme. "Les fonds d'investissement, outils d'accompagnement des entreprises : l'expérience de Proparco au Maroc". C'est le thème qui a été débattu le lundi 6 juin 2005 à la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc (CFCIM). Qui mieux que Claude Periou, directeur général de Proparco, filiale de l'Agence française de développement (AFD), à Paris pourrait aborder cette thématique. La présence du patron de Proparco n'est pas anodine car après douze années au Maroc où cette institution a participé à hauteur de 180 millions d'euros au financement d'investissements, son activité a ralenti entre 2002 et 2004. "Le marché marocain se rebiffe. Je crois que nous allons reprendre de manière active nos participations au Maroc", souligne Claude Periou, directeur général de Proparco. Cette reprise s'orientera particulièrement sous forme de soutien au capital investissement. Pour rappel, Proparco a accompagné l'émergence de cette activité au Maroc en devenant partenaire de quatre fonds d'investissement que sont Capital Morocco, MPEF, Upline Technologies et Moussahama. Cette forme de partenariat a permis de réaliser des investissements d'un montant total de 520 millions de dirhams dans plus de 40 Pme marocaines. Les interventions de la filiale de l'AFD au Maroc concernent aussi le secteur bancaire où des partenariats ont été développés. Ainsi, cinq lignes de crédit signées entre 1997 et 2003 ont permis de refinancer 32,5 millions d'euros de crédits bancaires en faveur de 23 Pme au Maroc. Dans le même esprit de partenariat, l'animation des marchés financiers a été réalisée avec l'appui de Proparco. La première titrisation marocaine de créances bancaires effectuée en 2002 a connu un succès. Ces résultats concrets font dire à Jean-Luc Martinet, président de la CFCIM : "il est donc du devoir des établissements financiers dans le contexte actuel de stimuler les investissements privés et de soutenir des PME dans leurs démarches visant à faire face à des problèmes structurels comme celui de la sous-capitalisation". Cela étant dit, Proparco dispose des ressources dont la durée peut aller jusqu'à 13 ans. Elles permettent aux entreprises de bénéficier des garanties bancaires pour des projets de taille relativement importante. À ce niveau, plus de 40 millions d'euros ont d'ores et déjà été investis. La filiale de l'AFD va plus loin encore dans sa démarche à destination de l'entreprise en développant un partenariat Sud-Sud. Autrement dit, elle accompagne le développement des banques marocaines dans leur positionnement régional comme cela peut être avec ce qui se passe dans ce domaine au Mali, au Sénégal ou en Chine aujourd'hui. " Cet accompagnement est d'autant opportun qu'il interviendra dans les banques de détails, les établissements de leasing ou de factoring", poursuit Claude Periou. Afin de soutenir cette stratégie, un fonds des fonds a été créé. "Nous avons aussi avec la Caisse d'épargne française, la Banque européenne d'investissement et la CDG créé un fonds des fonds", poursuit-il. L'objectif assigné à ce volet de financement est de recueillir des fonds pour qu'ils soient eux-mêmes investis dans des fonds d'investissements. Ce fonds des fonds est doté aujourd'hui de 30 millions d'euros. Vulgarisation Pour Adil Raïss, Pdg de la société Siprov spécialisée dans la fabrication de freins pour poids lourds et engins industriels, la notion de capital investissement n'est pas très connue au Maroc. Plus de 9/10è des entreprises ignorent cette forme de financement. Même celles qui ont une connaissance plus ou moins étendue sur le sujet continuent de développer des clichés erronés. "Les sociétés familiales ont l'impression que le capital développement va les déloger de leur structure pour mettre à leur place un deuxième récepteur fiscal. Alors qu'une entreprise de capital investissement n'est qu'un associé comme un autre qui vous accompagne", rassure le patron de Siprov. Et d'ajouter : "les entreprises qui acceptent l'entrée d'une société de capital développement dans leur tour de table, un pacte d'actionnaires, ont peur de sa sortie. Cette peur est d'autant plus grande qu'elles acceptent mal de voir l'associé les conduire en bourse". Pourtant, cette phobie est loin d'être justifiée. Sinon, comment expliquer le succès de Siprov qui, après des difficultés de financement, a trouvé les moyens de sa restructuration grâce aux fonds apportés par Capital Invest ? Pour Mehdi Tahiri, directeur général de Capital Invest, si de 1993-1999, les volumes investis par les sociétés de capital développement étaient trop timides, moins de 30millions dhs/an, tel n'est pas le cas aujourd'hui. En effet, à partir de la période 1999-2000, on a constaté un réel changement de la donne. "À partir de cette date, on est passé de 350 millions à investir à 1,5 milliard actuellement", souligne Mehdi Tahiri. Depuis lors, les capitaux investisseurs injectent entre 200 et 300 millions de dirhams par an dans la restructuration des entreprises. “Si cette somme est importante par rapport à celle de la période 1993-1999, elle ne l'est pas si on la compare avec la taille du marché national ou les besoins des Pme-Pmi, etc." Mais par rapport à ce qui se passe à l'étranger, le capital investissement a besoin de 20 à 25 ans au Maroc pour arriver à sa phase de maturité.