Algérie-Maroc Le sommet Bouteflika-Mohammed VI tenu au terme du rendez-vous arabe au mois de mars dernier commence à apporter ses fruits. Le chef d'Etat algérien a réchauffé les relations algéro-marocaines en décidant de supprimer les visas d'entrée pour les ressortissants marocains huit mois après que le Royaume chérifien l'eut décidé. Les choses vont, certes, doucement il reste néanmoins qu'un premier pas important vient d'être franchi. Les déclarations faites tout récemment par Abdelaziz Bouteflika et le Roi Mohammed VI quant à leur “intention” de réouverture des frontières ne suffisent pas aujourd'hui pour passer aux actes. De sérieuses tâches sont menées actuellement pour apurer des dossiers épineux aussi bien par les ministres de l'Intérieur des deux pays que par les responsables de la sécurité de l'intérieur. Après quoi, l'ouverture des frontières ne sera qu'une simple formalité. C'est d'ailleurs à cela que le président Bouteflika a fait allusion en renvoyant la question à une date ultérieure, disant qu'elle “demande de nombreux mois”. Pour cela, les deux chefs d'Etat semblent comprendre qu'il est important de ne plus se voiler la face car, le temps est venu de tout se dire en toute sincérité. En tout cas, Mohammed VI complète le tableau et pousse vers une accalmie avec son voisin. Au point où les deux pays connaissent actuellement un ballet diplomatique sans précédent nécessaire au réchauffement de leurs relations. Celles-ci seront confortées d'un cran, à coup sûr, par la prochaine visite au Maroc du chef du gouvernement algérien, Ahmed Ouyahia dont la présence sur le sol marocain ne fera que baliser le terrain pour donner du sang neuf aux relations des deux pays. C'est le chef de la diplomatie algérienne, Ablelaziz Belkhadem qui a été à l'origine de cette information précisant que “les services du gouvernement s'occupent actuellement des préparatifs de la visite dans les prochains jours du premier ministre algérien et ce après que les deux commissions mixtes algéro-marocaines aient terminé leurs travaux”. Le ministre algérien des Affaires étrangères a déclaré que la visite d'Ouyahia sera suivie par celle de son homologue, Driss Jettou ainsi que d'autres visites officielles de hauts responsables des deux pays. Frontières ouvertes entre deux peuples Au cours des ces visites, toujours selon Belkhadem, beaucoup de décisions seront prises. En dépit de son refus d'annoncer d'une manière officielle la volonté de l'Algérie d'ouvrir les frontières, le chef de le diplomatie algérienne a affirmé que le contentieux resté en suspens depuis 11 ans sera solutionné. Le problème est, selon les propos de Belkhadem, de prévoir des solutions aux différents problèmes : les questions relatives à la coopération sécuritaire, la drogue qui a fait de l'Algérie un relais pour les réseaux de drogues en dehors du trafic animalier et pétrolier vers les frontières. Aujourd'hui, le point nodal est d'arriver à maîtriser sérieusement le dossier sécuritaire en suspens, à bien contrôler les frontières et procéder immédiatement à une coopération accrue en terme de police des frontières, de renseignements et de sécurité. Par conséquent, les jeunes des deux pays pourront s'en donner à cœur joie, les voir s'entrelacer, se serrer les mains après leur passage de Maghnia à Oujda et vice-versa après tant d'années d'exil et de séparation dont beaucoup ont souffert. Si Rabat serait réellement soulagée de revivre ces moments comme jadis, les Marocains autant que les Algériens le seront encore plus davantage, eux qui, s'adonnaient à un commerce florissant, très impatients de dépenser une nouvelle fois leur argent dans leurs villes respectives. Union des coeurs Une opportunité, également, pour les hommes d'affaires et industriels marocains d'investir le marché algérien jugé alléchant par ces derniers lors de la foire internationale des télécommunications et de l'industrie tenue à Alger en automne dernier. La rue algérienne est, en tout cas, très favorable pour la réouverture des frontières et attende avec impatience la bonne nouvelle pour renouer avec les voyages par route, par avion et pourquoi pas par bateau. Des jeunes Algériens que nous avons rencontrés, disent préférer le Maroc pour la simple raison qu'il partage quasiment les mêmes habitudes, us et coutumes avec le peuple marocain, mais liés aussi par les racines. Comme ce jeune Algérien, Nacer, journaliste, qui prend son mal en patience, dans de l'attente de se retrouver avec sa dulcinée à Rabat et qu'il avait connue via l'Internet. Il espère officialiser leur union dès le lendemain de l'annonce officielle de la libre circulation des personnes. Beaucoup de familles, tantôt le père, tantôt la mère sont algéro-marocains, vivent depuis longtemps dans différents quartiers de la capitale algérienne et seront restées privées de visites chez leurs proches au Maroc. Le même cas est vécu par les familles d'origine algérienne vivant dans le royaume voisin. Pour ne pas se sentir dépaysés ou pour les mêmes considérations qui lient les deux peuples, bon nombre d'ados de la parabole zappent sur les chaînes marocaines. Ils estiment que les programmes proposés sur le petit écran sont riches et diversifiés. D'autre branchés préfèrent regarder les chaînes marocaines, à un certain moment de la journée, juste parce qu'ils aiment le dialecte marocain qui, pour eux à quelques nuances près, est quasiment identique. Entre l'Algérie et le Maroc, il y a tellement de choses à faire et à réparer, dans tous les domaines, qu'on n'a pas le droit de gâcher les opportunités offertes.