Investissement d'Amylum Maghreb Comment produire du sucre qui pourrait coûter moins cher que celui de canne ou de betterave ? La solution existe : produire du fructose à partir du maïs. C'est ce que se propose de réaliser Amylum Maghreb, filiale du géant britannique Tate and Lyle. Pour ce faire, il prévoit un investissement de 60 millions de dollars. Mais le projet risque de buter contre la barrière douanière érigée. Explications. Selon son directeur général, Abdelhamid Bousta, l'investissement prévu par Amylum Maghreb pourrait permettre aux industries consommatrices de sucre de réaliser des économies importantes. En effet, le fructose sera destiné aux brasseries, à la confiserie, à l'industrie pâtissière, à la pharmacie, etc. Amylum Maghreb affiche une certaine confiance dans sa capacité d'écouler son produit une fois les conditions de rentabilité économique réunies. Il ne sera pas destiné aux consommateurs finaux car il n'est produit qu'en sirop de sucre concentré. La clientèle principale sera donc constituée d'entreprises, comme la Société des brasseries du Maroc, Cobomi, la Biscuiterie du Maghreb (Bimo), etc. La technologie de seconde génération qui permet de produire ce fructose à partir du maïs est déjà maîtrisée par le groupe. En effet, certaines unités de production de la maison mère, Tate and Lyle, exploitent ces procédés depuis des années déjà. C'est le cas en France, où Amylum France est l'un des leaders dans ce domaine. La production de fructose à partir de maïs a démarré aux Etats-Unis, grâce aux recherches menées par Corn products corporation. Très vite, Tate And Lyle a suivi, et a breveté plusieurs produits. Cependant, il faudra encore du temps avant de voir cette pratique s'implanter au Maroc. En effet, la production de ce fructose nécessite du maïs qu'il faudra impérativement importer, puisque le Maroc n'en produit pas suffisamment. Or, selon Abdelhamid Bousta, la quantité de maïs nécessaire sera équivalente à 10% de le consommation totale actuelle. Il ajoute que les droits de douane sur ce produit risquent de compromettre la rentabilité de l'entreprise. Il est donc confronté au même problème que les provendiers (voir article en page 38), qui réclament eux aussi une réduction des droits de douane sur le maïs. Le directeur général d'Amylum Maghreb explique que sa société s'est d'ailleurs jointe à la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) pour obtenir une concession du gouvernement sur la question de l'importation de cette céréale. Mais la production de sucre à partir de maïs risque de poser un autre problème : le fructose étant un produit de substitution du sucre de canne et de betterave, il viendra concurrencer ce dernier produit. Aujourd'hui, tout le marché du sucre est protégé, pour garantir aux agriculteurs la pérennité de leurs revenus. Les autres producteurs doivent signer des contrats avec les exploitants agricoles, aux termes desquels ils s'engagent à leur acheter toute leur production. En pratique, ce n'est que si la production de betterave ou de canne n'est pas suffisante pour couvrir les besoins que les importations s'effectuent, selon le système du prix cible à l'importation. Permettre rapidement une production du fructose, même si cela se révèle profitable pour l'économie, ne sera pas du goût des sucriers, notamment l'unique producteur privé actuel, la Cosumar. Dans de telles conditions, l'investissement d'Amylum Maghreb risque de ne pas se concrétiser avant la déréglementation du secteur sucrier, qui devra intervenir en 2005. Ce sera au détriment du secteur de l'aviculture, mais conférer un statut différent au maïs importé, en fonction de sa destination, serait trop compliqué à mettre en œuvre