Visite du Roi Juan Carlos 1er et de la Reine Sophia au Maroc C'est une visite symbolique qui scelle des relations désormais sereines entre le Maroc et l'Espagne. La première visite officielle depuis l'intronisation de S.M le Roi Mohammed VI. Un pas politique et diplomatique qui vise aussi à tourner la page José Maria Aznar et huit ans de conflits rangés entre les deux voisins. La connotation politique de la visite du Roi Juan Carlos 1er et de la Reine Sophia est très symbolique. Après huit ans de conflits parfois ostentatoires parfois déguisés, l'Espagne, avec l'avènement du gouvernement socialiste tourne une page à la fois politique et diplomatique qui s'est manifestée sur plusieurs fronts. La date du 14 mars 2004 aura sonné le glas des dérapages d'Aznar dont le parti populaire vivotait sur une haine presque séculaire et viscérale contre le Maroc et ses institutions. face aux provocations et accusations, le Royaume avait joué la carte de la sagesse et de la sérénité. La voix du peuple espagnol évinçait la droite qui accumulait les échecs. La page José Luis Rodriguez Zapatero a débuté avec une visite importante qui a ouvert la voie vers le dialogue réel et plus de bon sens. Il faut aussi ajouter qu'au lendemain de la prise du pouvoir par les socialistes, Zapatero avait clairement signifié que le Roi Juan Carlos prendra part aux décisions de la politique étrangère espagnole. Une forme de continuité idéologique ancrée dans les visions socialistes espagnoles puisque durant les trois mandats de Felipe Gonzales, le Roi Juan Carlos avait pris part activement à la politique étrangère de son pays. Juan Carlos, la voix de la mesure C'est suite à ce climat politique orageux et émaillé de transitions que le Roi Juan Carlos, qui jadis appelait le Roi Hassan II “mon grand frère”, apporte la preuve d'une véritable consolidation des relations bilatérales entre deux pays qui, en définitive, sont appelés à collaborer dans un climat de confiance pour le bien de toute la région. Au-delà des héritages de l'histoire et des rapprochements entre les deux peuples, les contingences du moment obligent les deux nations à plus de concertation et de compréhension. L'on pourrait aussi parler de fatalité d'appui et de soutien entre les deux rives. Et ce à plusieurs niveaux : la lutte antiterroriste, le fléau de la drogue et l'épineuse question de l'émigration clandestine sont les principaux chevaux de bataille des politiques des deux pays. Sur les trois fronts, les efforts du Maroc ont été salués par tous les grands spécialistes espagnols et européens qui ont mis le doigt sur la volonté du Royaume à lutter efficacement pour stopper d'un côté le flux migratoire vers l'Europe, combattre le trafic de drogue dans les deux sens et apporter toute la logistique et le soutien dans la traque des terroristes. L'Espagne n'oubliera pas l'apport des services de sécurité marocains envoyés par Sa Majesté au lendemain des attentats du 11 mars, et qui ont résolu une grande partie de l'énigme islamiste en Espagne. Trois fronts communs qui ont inauguré une nouvelle étape sur le chemin de la collaboration. Aujourd'hui la visite du Roi Juan Carlos vient donner une nouvelle impulsion à d'autres projets futurs dont le dossier de la pêche maritime constitue la pierre angulaire. Pour Manuel Chavez, le président de la région autonome d'Andalousie, la visite du Roi Juan Carlos sera l'amorce d'un prochain accord entre le Maroc et l'Union européenne sur un désaccord qui a assez duré. A ce titre, il faut signaler que la position marocaine a toujours été pour le respect d'un partenariat responsable et équitable, ce que le sens de la mesure du Roi espagnol n'a pas manqué de souligner. Le Sahara marocain L'autre point essentiel qui fera l'actualité de la visite du Roi Juan Carlos au Maroc est la position du gouvernement espagnol sur la question du Sahara marocain. Tournée la page Aznar, là aussi le point de vue des socialistes est approuvé par le Roi espagnol. Ce que Moratinos, le ministre des Affaires étrangères espagnol, a répété à maintes reprises sur une solution diplomatique entre les parties en conflit, est au cœur des positions politiques du gouvernement Zapatero. La visite à Alger de Manuel Marin, le président du Parlement espagnol, qui s'est terminée le jeudi 13 janvier courant a confirmé la thèse espagnole qui se range plus vers le Maroc et rejette les positions algériennes. La visite du chef du législatif espagnol était aussi une préparation à la visite qu'effectuera le président Abdelaziz Bouteflika en Espagne, fin février prochain, pour étudier la question du Sahara. Une visite qui sera suivie en mars par l'arrivée à Alger du ministre de la Défense espagnol José Bono. Dans ce paysage de concertations et de rencontres, on note l'intensité des manoeuvres espagnoles pour accélérer les efforts en vue d'une solution pacifique du conflit au Sahara. L'appui du Roi Juan Carlos au Maroc est sans faille et il est relayé par une vision sereine de la diplomatie espagnole gérée par Miguel Angel Moratinos dont les positions sont claires. Ce qu'il faut rappeler dans cette logique de continuité historique entre socialistes espagnols, Roi d'Espagne et le voisin du Sud, c'est l'audience accordée par Sa Majesté Mohammed VI à Felipe Gonzales, grand ami du Maroc dont la politique étrangère est un exemple pour les générations socialistes en Europe. Sans vouloir y voir un lien direct avec la visite d'Etat du Roi Juan Carlos, c'est un heureux présage pour l'avenir entre les deux pays amis. Les cinq ministres du Roi Juan Carlos Ils sont cinq ministres qui participent aux différentes étapes de la visite du Roi Juan Carlos et de la Reine Sophia au Maroc. Il s'agit du ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos qui prendra part à toutes les phases des visites royales à Marrakech, Rabat, Tanger et Tétouan. La ministre de la Culture qui connaît très bien les affaires culturelles du voisin du Sud, Carmen Calvo, aura un rôle important à jouer dans la mise en place d'échanges entre le Nord du pays et l'Espagne. Elle est présente ce 17 janvier lors de l'inauguration de l'Exposition “Maroc-Espagne, une histoire en commun” qui se tient à Marrakech. Un geste culturel qui apporte toute la lumière sur l'histoire de deux pays dont les influences réciproques sont des plus fortes entre l'Europe et l'Afrique. Maria Jesus Sansegundo, ministre de l'Education sera présente à Tétouan où l'édification de l'Université espagnole des Deux Rois sera l'élément phare des échanges culturels entre le Maroc et l'Espagne. Un pas en avant, selon les experts, qui parlent d'un réel projet de culture et d'échange communs pour mieux véhiculer les potentialités des deux peuples. Ainsi , la première pierre sera posée pour échafauder un pont entre deux rives qui tentera de mettre fin à tous les clivages à la fois humains et culturels. Sans oublier tout l'apport du ministre de l'Industrie, du commerce et du tourisme, José Montilla, qui assistera à des rencontres avec plusieurs entreprises marocaines. Il Fera aussi partie de la délégation qui inaugurera la centrale thermique de Tahaddart dans la région de Tanger. Il faut aussi compter sur la présence du ministre de l'Aménagement du territoire et des travaux publics espagnol, Magdalena Alvarez, pour des projets communs dans le Nord.