À l'occasion de l'audience accordée, jeudi 30 janvier, au ministre espagnol des Affaires étrangères Ana Palacio, S.M le Roi Mohammed VI a décidé le retour de l'ambassadeur du Maroc à Madrid. La réconciliation est scellée. Le Maroc et l'Espagne sont en train d'inaugurer une nouvelle page dans leurs relations difficiles qui ont connu depuis près de deux ans une tension permanente. Conscientes qu'elles ont plus à gagner en dépassant leurs divergences étant donné la communauté de destin qui les lie, les deux parties sont décidées à faire table rase du passé et à aplanir tous les litiges qui ont mis à mal la coopération bilatérale et les rapports censés être de bon voisinage. C'est dans cet esprit de réconciliation, affiché de part et d'autre, que s'est inscrite la visite au Maroc, jeudi 30 décembre, de la ministre des Affaires étrangères, Anna Palacio. Un déplacement qui fait suite à la rencontre en décembre dernier à Madrid de la délégation diplomatique marocaine avec son homologue espagnole avec comme objectif l'ouverture d'un dialogue franc, responsable, et sans aucune condition autour de l'ensemble des litiges et des malentendus : émigration clandestine, eaux territoriales, affaire du Sahara, Sebta et Mélilia…. C'est pour continuer d'approfondir ce dialogue que Ana Palacio est venue au Maroc. Geste hautement symbolique très attendu par les officiels espagnols, elle a été reçue en audience par S.M le Roi dans le palais d'Agadir. À cette occasion, il a été décidé de consolider les relations d'amitié et de coopération entre les deux pays et d'approfondir le dialogue entre les deux gouvernements. Le Souverain a par ailleurs décidé du retour de l'ambassadeur du Maroc à Madrid lequel a été rappelé suite l'éclatement de la crise. Ana Palacio, qui a tenu à remercier S.M le Roi de son geste d'autoriser les pêcheurs de la Galice, touchés par la catastrophe du Prestige d'opérer dans les eaux marocaines, devait s'entretenir ensuite avec son homologue marocain Mohamed Benaïssa et le Premier ministre, Driss Jettou. Au cours des dernières semaines, les deux capitales ont multiplié les signes d'apaisement exprimant une volonté certaine de rapprochement. Le dernier symbole en date du côté espagnol, la visite qu'a effectuée le Roi Juan Carlos et son épouse au stand marocain au jour de l'ouverture à Madrid, mercredi 30 janvier, du salon du tourisme (FITUR). Ce geste politique, hautement apprécié par les participants marocains à cette manifestation, est un gage de plus pour la normalisation entre les deux pays. La normalisation maroco-espagnole est donc en marche. Avec le retour des ambassadeurs dans les jours à venir, les fils de la coopération seront repris là où ils ont été laissés pour les intérêts mieux compris des deux parties. Le Maroc et l'Espagne ne pouvaient pas continuer longtemps à maintenir la crise diplomatique et la tension politique sans que cela ne rejaillisse sur leur avenir commun. Ils ne pouvaient pas non plus s'ignorer ou se tourner le dos. En un mot, Rabat et Madrid ont compris qu'ils sont condamnés à s'entendre.