Financements des TPE Les grands décideurs et experts marocains et français de l'industrie et du commerce et les "grossistes" de l'épargne ont planché, le jeudi 16 décembre à la CDG, pour tenter de dégager les voies et moyens propices au développement des créations d'entreprises et à la promotion des TPE (Très petites entreprises) au Maroc. Mais au préalable, les freins majeurs à cet entrepreneuriat de proximité en plein boom, identifiés dans les ateliers des "créateurs d'entreprise", des "partenaires financiers" et des "intermédiaires" d'accompagnement, devront être impérativement levés. Les tables rondes organisées par le ministère de l'Industrie, du commerce et de la mise à niveau de l'économie, en partenariat avec la CDC française (Caisse des dépôts et consignations) et son holomologue marocaine, la CDG, se sont attelées à résoudre la problématique d'identification des besoins de financement des créateurs d'entreprises et des TPE en s'appliquant à répondre à la question : "Quels outils financiers pour le développement de la création d'entreprises et des TPE ?" Cet aréopage d'ingénierie financière était rehaussé par la présence de décideurs et spécialistes de renommée européenne qui ont donné le ton sur les perspectives au Maroc d'une transposition adaptée et progressive de l'expérience de l'autre rive. A l'instar des Olivier Brésard, expert associé au cabinet Ariane Développement-France, Hocine Tandjaoui, chargé de mission Maghreb à la CDC, Jean-Pierre Lhote, consultant, N. Chaigneau, directeur Stratégie Qualité, T. Dujardin, expert de la BDPME (Banque de développement des PME) et J.F. Gaudot, président de France Initiative Réseau. Inutile de dire que ce fut une journée très enrichissante et que nos partenaires se sont portés volontaires pour apporter leur science et leur expérience réussie aux pouvoirs publics marocains pour implanter des réseaux transposés sur le modèle français, pragmatique et bien structuré, dans les espaces territoriaux du Royaume afin de privilégier le développement de la création locale de petites entreprises et de TPE de proximité. Un gisement de richesses et d'emplois La création d'entreprises de ce gabarit, les TPE employant moins de dix salariés, est capitale et correspond parfaitement au profil de développement économique du pays, dans ses prolongements géographiques et territoriaux dans le but de contrecarrer un chômage galopant, notamment celui des diplômés. C'est que le Maroc n'a plus le choix s'il veut lancer sur de bons rails la dynamique de croissance et de création de richesses génératrices d'emplois. Le Royaume devra réussir impérativement l'épreuve de création de TPE tous azimuts en régionalisant les opportunités et en mettant en place des structures d'accompagnement de proximité parrainant la réussite des nouvelles entités. L'épisode regrettable des crédits Jeunes promoteurs enchevêtrés dans des démêlés judiciaires et faillites en série a montré l'aberration de mesures qui ont précipité les jeunes entrepreneurs dans une débâcle programmée. Et puis, il ne faut pas aller s'embourber de références par rapport aux grandes "spirales" triadaires pour quêter des solutions miracle. L'exemple de l'exceptionnel boom des dragons asiatiques s'est essentiellement acquis au bénéfice de la promotion des TPE et des PME de sous-traitance. Même les grandes nations avancées, à l'instar de la France, ont accordé une dimension prioritaire à ce créneau partant du constat que 95% des créations annuelles d'entreprises sont accaparées par des TPE. Au rythme de 250 000 nouvelles entités par an contre moins de 30 000 au Maroc, ce dernier cas évoluant dans une tendance de quasi-stagnation. Les USA aussi, malgré leurs trusts et firmes à dimension planétaire, se sont faits les champions du micro-crédit dans leur politique d'aide aux pays en développement. C'est dire qu'au Maroc, les TPE constituent un gisement très appréciable de créations de richesses et d'emplois. Les freins majeurs Les principaux freins au développement de la création d'entreprises, identifiés par les panels de décideurs, experts et partenaires lors des tables rondes, sont aussi multiples que gênants car ils entravent la cadence souhaitée au processus. D'autant plus que tout le monde s'accorde à admettre que les moyens sont disponibles, en termes de ressources de financements, de cadre institutionnel et de mécanismes de soutien et d'accompagnement. Là où le bât blesse, en revanche, c'est au niveau du choix des compétences humaines pour porter un projet et le traduire en succès. Une carence terrible que nos décideurs méditent mûrement, sans aucun doute. Au chapitre des créateurs d'entreprises, les principales entraves identifiées intéressent la "confusion des genres et des rôles", "l'opacité des circuits de procédures et de décisions", "le manque de fiabilité des informations disponibles (marchés, production, métiers…)", "l'insuffisance des niveaux de formation des porteurs de projets et des collaborateurs de banques". Nous pouvons compléter cet inventaire par un système fiscal peu incitatif, les lenteurs administratives, le nombre restreint des acteurs financiers. Le tout aggravé par une "crise de confiance" alourdissant le climat général des affaires. S'agissant des partenaires financiers, les freins constatés se traduisent par le problème de "l'insuffisante préparation des porteurs de projets", le manque de "prévisibilité et de transparence de l'environnement", les incertitudes planant sur les tendances du "marché et de la croissance", “le défaut d'apport de fonds propres” et "l'insuffisance du financement de l'exploitation" face aux possibilités d'offre bancaire. Quant au chapitre des intermédiaires d'accompagnement, les participants aux tables rondes ont mis à l'index "l'absence de stratégie et de visibilité nationale" favorable à la promotion des TPE, la "pénurie" des capitaux propres, "l'inadaptation des systèmes de financement" pour les petites entreprises, la "faiblesse des structures d'accompagnement" et la "faible implication des collectivités locales". Toujours est-il que l'expérience française présente des atouts bons à prendre, à l'instar des PFIL (Plates-formes d'initiatives locales) et leurs procédures de "prêts d'honneur" garantis par l'engagement de tous les partenaires-parrains au sein des "Comités de crédit" et en incitant les banques à financer les porteurs de projets à taux nul d'intérêts. Ou bien encore la formule de Cautionnement mutuel dont l'expérience des SCM (Sociétés de caution mutuelle) au sein des groupes Banques populaires ont eu leurs effets positifs. Les réseaux marocains d'accompagnement, ANPME, ADS et autres, doivent être démultipliés et soutenus par d'autres réseaux de proximité en restant vigilants sur les opportunités à exploiter et la transparence indispensable à observer pour le succès de l'opération. La création récente du Réseau Maroc Entreprendre s'inscrit dans cette perspective encourageante connaissant l'implication d'un partenaire financier de taille, Attijariwafa Bank qui est résolu à investir ce créneau de la TPE.