Interview avec Hammad Kassal, président de la fédération des PME – PMI Hammad Kassal, le président de la fédération sectorielle, a d'autres chats à fouetter que d'alimenter la polémique qui l'oppose à la CNSS au sujet de la communication de ses fichiers d'adhérents aux assureurs. Le responsable profitera des assises pour relancer le débat sur la mise à niveau. Selon lui, la mise à niveau est un luxe, la PME marocaine doit, tout au plus, se restructurer financièrement. La Gazette du Maroc : Un protocole d'accord, signé entre la CNSS et les assureurs, devrait permettre de démasquer les entreprises qui fraudent dans la déclaration des effectifs salariés. Qu'est-ce qui vous gène dans ce rapprochement tout en sachant que la loi n° 0606 l'impose ? Hammad Kassal : Nous sommes absolument pour la transparence de par notre credo de citoyenneté. A chaque fois que l'occasion nous est donnée, nous réitérons notre appel aux PME - PMI de déclarer leurs employés à la CNSS. Cela afin de ne pas rééditer l'expérience des années 70-80 où une très grande partie des travailleurs, s'est retrouvée dépourvue de tout revenu parce qu'elle n'a jamais été déclarée. Par ailleurs, tout ce que nous demandons à la Caisse, c'est qu'elle informe l'entreprise ou les entreprises concernées pour que sa démarche ne provoque pas une réticence des entreprises face au besoin de transparence. Enfin, nous admettons qu'il y ait des irrégularités dans les déclarations des effectifs faites à la CNSS par certaines entreprises et nous sommes prêts à travailler avec la Caisse pour étudier le phénomène afin de développer le meilleur moyen de le corriger. Le travail doit se faire de concert loin de toute considération conflictuelle. Le programme de mise à niveau de PME-PMI devrait tenir à bout de ce type de problème. Où en est ce programme ? Au-delà de la mise en œuvre du programme de mise à niveau, c'est essentiellement un problème de mentalité, de culture, voire de respect de la dignité humaine. Quant à l'état d'avancement du programme de mise à niveau, le nouveau ministre de tutelle vient de reprendre le dossier en l'orientant vers deux objectifs majeurs : la restructuration financière des PME - PMI à potentiel de développement mais manquant de fonds de roulement et la redéfinition d'éligibilité afin de permettre à de moyennes entreprises structurées de se mettre à niveau. Une réforme des statuts de la CGEM entend réimposer la suprématie des grandes entreprises dans le vote. Comment vivez-vous ce changement, sachant que la règle “une entreprise égale une voix” est considérée comme largement favorable aux PME-PMI ? La FPME fait partie du Comité de rédaction de la réforme des statuts de la CGEM. Plusieurs propositions sont à l'examen, et font l'objet d'importants débats. Certes la proportionnalité des voix par rapport aux cotisations versées est une règle moins démocratique mais elle permet de pallier le besoin de financement de la CGEM. En tout cas, rien n'est définitivement arrêté. Et quelle que soit la nouvelle mouture des statuts, le dernier mot revient à l'assemblée générale qui est souveraine quant à l'approbation ou non des réformes qui seront apportées à ces statuts. Quel est le programme sectoriel associatif de la Fédération pour l'exercice entamé ? La première année du mandat de l'équipe actuelle a été axée sur le développement d'un réseau afin de fournir des services utiles pour la PME. Plusieurs partenariats ont été concrétisés. Au niveau national, nous avons donc signé une convention avec l'Ordre des experts comptables pour aider les PME à améliorer leur système d'information comptable et pour plus de transparence ; avec Fedex Maroc pour aider les PME - PMI qui exportent ou importent afin de leur faire bénéficier d'une réduction des tarifs allant jusqu'à 40% et avec la Marocaine Vie pour offrir un package en matière d'assurance maladie et de conseil en la matière. Au plan international, nous avons signé avec, la CGPME ( Confédération générale des PME françaises ) qui regroupe 1,6 million d'adhérents et qui va constituer un relais important pour les entreprises membres de notre Fédération qui souhaiteraient développer des relations d'affaires avec leurs homologues français, ainsi qu'avec la Fédération équivalente d'Italie (FEDERLAZIO). Les assises axées finances Elle a plutôt fière allure la première année du mandat de Hammad Kassal à la tête de la Fédération des PME – PMI. Toujours sous tutelle légale de la CGEM, la Fédération semble bien s'orienter vers une indépendance dans l'action, prélude d'un affranchissement inéluctable. Trois partenariats conclus offrant des avantages financiers aux adhérents, une mise en réseau avec ses équivalents parmi les associations patronales européennes… Oui, l'exercice a fière allure si ce n'est cette polémique avec la CNSS qui l'a clos. En gros, la FPME dénonce un protocole d'accord entre la CNSS et les compagnies d'assurances à travers lequel ces derniers décident des modalités d'échanges de leurs fichiers d'affiliés. Dans un premier temps, c'est la dénonciation pure et dure. Pour comprendre pourquoi, il faut rappeler le but du rapprochement : La CNSS et les compagnies d'assurances calculent la cotisation imposée aux entreprises par rapport aux effectifs déclarés. La logique veut que les deux organismes disposent du même nombre d'affiliés. La réalité est toute autre. De sources informées à la CNSS, “la fraude toucherait quelque 800.000 salariés”. Le rapprochement entre les deux institutions devait permettre de démasquer les fraudeurs. Le but est louable, mais la démarche irrite “et risque de provoquer plus de réticence à la transparence de la part des PME – PMI”, explique Kassal. Fin de l'histoire. L'exercice à venir démarre, pour sa part, sur un fond de renouvellement de l'idéologie PMEiste. La mise à niveau laisse sa place à la toute simple et plus urgente “restructuration financière”. Trop chère pour être concrétisée, “la mise à niveau est un luxe”, estime Kassal. Salahedine Mezouar aurait acquiescé aux représentants patronaux le changement de terminologie et aurait donné son accord pour que la nouvelle philosophie soit l'objet des assises du 17 septembre. Autrement dit, on parlera beaucoup finances lors des assises, c'est là que la bat blesse, ce qui devrait plaire aux patrons.