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Qui pourrait frapper l'Italie ?
Publié dans La Gazette du Maroc le 26 - 07 - 2004


Menaces répétées d'Al Qaïda
En prévention d'éventuels actes terroristes, des mesures de sécurité extraordinaires ont été mises en place en Italie, notamment dans les lieux de culte, les monuments et d'autres sites fréquentés par les Italiens et les touristes qui sont nombreux à visiter l'Italie durant l'été. Cette décision a été annoncée après une réunion entre le ministre de l'Intérieur, les responsables de la police et du renseignement italiens.
Pour le gouvernement italien, les récentes menaces d'un groupe lié à Al Qaïda sont prises très au sérieux. Il ne s'agit pas de lésiner sur les moyens et les efforts pour parer au pire. L'Italie étant dans le collimateur d'Al Qaïda suite à l'engagement de Silvio Berlusconi aux côtés de George Bush et de Tony Blair dans la guerre en Irak. Les extrémistes entendent infliger une “leçon” à Berlusconi comme ils l'ont fait à José Maria Aznar. Le souvenir de l'attentat suicide qui a tué 19 Italiens en novembre 2003 dans la ville de Nassiriyah dans le sud de l'Irak n'est pas très loin et la possibilité de sérieuses représailles n'est pas du tout exclue malgré les déclarations de Berlusconi qui tentent de clamer légèrement l'opinion publique.
Les mesures de sécurité concernent notamment les lieux “symboles de la chrétienté” et d'autres sites “où il y a généralement une grande foule ou des déplacements de populations importants”. Figurent parmi les sites touristiques et religieux placés sous surveillance, le Vatican, la Basilique St-Pierre, la Tour de Pise, le Colisée à Rome, le Duomo à Milan et la place Saint-Marc à Venise. Il faut ajouter à cela les plages, fréquentées par des milliers de touristes et surtout du côté de la mer Adriatique connue pour être un lieu de transit d'émigrés clandestins.
Pourquoi l'Italie ?
L'Italie est un lieu de passage très facile en Europe. Chaque jour, plusieurs clandestins réussissent à rallier l'Europe en accostant sur les rives de la péninsule italienne. Cette donne internationale qui a fait l'objet de plusieurs rounds de discussions entre polices européennes n'est pas nouvelle. Et rien n'a changé depuis. Il est vrai que les polices italiennes s'activent et font face, mais les flux des émigrés clandestins, des trafiquants de tous poils trouvent encore des brèches pour passer. Pour plusieurs analystes, la situation géographique de l'Italie est similaire à celle de l'Espagne qui a connu aussi son lot de trafic d'hommes, de passages de clandestins et d'autres manœuvres illicites inter-frontalières. Cette donne favorise la montée de la criminalité et l'Italie a de tout temps vécu sous la menace des maffias, des gangs armés et autres milices séparatistes ou anarchistes. Depuis au moins une dizaine d'années, c'est une autre forme de criminalité qui a pris corps en Italie, nourrie des flux migratoires. Des milliers de sans-papiers qui font la ronde d'un lieu à l'autre, d'une ville à l'autre et qui sont des proie faciles pour les groupes armés islamistes ou non. Et quand l'islamisme radical décide de prendre racine en Italie, c'est là, dans ce vivier, qu'il va puiser ses ressources humaines.
Depuis au moins 1994, l'Italie a fait les frais de sa position tampon entre le Sud et le Nord. Et à cette période, il y avait les premiers contingents armés islamistes en partance pour le jihad en Bosnie qui faisaient de l'Italie une escale. Ce qu'il faut savoir, c'est que de nombreux Marocains ont fait le passage par les ports de la mer Adriatique vers la Croatie avant de couper vers la Bosnie. Ils ont été recrutés en Italie et acheminés vers les frontières par les mêmes réseaux de trafic d'hommes qui acheminaient les Kurdes, les Iraniens, les Irakiens, les Egyptiens et d'autres Indiens, Pakistanais ou même Afghans. Après la guerre en Bosnie, l'Italie a été l'une des bases de repli. Et là, les services de police italiens ont dû ficher des centaines voire des milliers de Maghrébins qui avaient effectué le voyage en Bosnie et étaient de retour en attendant d'autres fronts du jihad. Certains ont choisi le chemin vers la Turquie, puis l'Iran pour atteindre l'Afghanistan, d'autres se sont installés en Italie avec femmes et enfants. C'est au milieu de cette catégorie de personnes que les prémices des cellules dormantes ont vu le jour. La suite étant simple à deviner. A chaque fois que le besoin s'en ressentait, on faisait appel aux vieux amis qui officiaient dans des mosquées, des centres islamiques, comme celui de Milan ou faisaient du commerce. Ils étaient à la fois des pièces de rechange au repos et servaient durant cette période de relais entre les voyageurs qui sillonnaient l'Europe. Ils recevaient les “frères” en partance pour le jihad et les accueillaient à leur retour pour leur offrir le repos et l'argent. Ils ont aussi travaillé dans le passage des devises qui ont servi aux recrutements et à l'installation d'autres zones relais en Turquie, en Belgique voire en Hollande. C'est dans cette catégorie d'émigrés convertis au jihad, réinstallés en Italie après la guerre de Bosnie que le groupe Attawhid a trouvé sa racine.
Le groupe Attawhid
Pour parler de ce groupe qui donnera plus tard naissance à d'autres, il faut revenir sur un incident important qui implique un Marocain. Le nom de Jamal Housni, alias Jamal Al Maghrebi, avait fait sensation en Italie il y a quelques mois. Il venait s'ajouter à une longue liste de Marocains liés au réseau terroriste Al Qaïda. Après son arrestation le vendredi 28 novembre 2003 à Milan en compagnie d'autres activistes d'origine tunisienne, Ilyas Abou Dahhar et Bouyahia Maher Ben Abdelaziz, et le fameux algérien Abderrazek Al Mahjoub qui était au centre d'un réseau de recrutement pour le jihad en Europe, le Marocain aura permis d'autres descentes qui ont mené les enquêteurs à d'autres activistes. Ce coup de filet est survenu à peine quinze jours après les attentats suicides qui ont coûté la vie à dix-neuf Italiens - dix-sept militaires et deux civils - du contingent italien stationné à Nassiriyeh en Irak. Les mesures prises par le parquet de Milan et le ministère de l'Intérieur viennent à un moment où l'opinion publique doit être rassurée . C'est une opération que l'on pourrait qualifier à la fois de représailles contre les assaillants en Irak et d'acte politique pour calmer les craintes en Italie d'autres attaques terroristes. Ils sont donc trois terroristes en puissance, selon la police italienne, qui ont été arrêtés, vendredi 28 novembre, dans le cadre d'une vaste opération coup de filet menée de part et d'autre des Alpes, en Italie et en Allemagne. Le gros gibier de la soirée aura été l'Algérien au passé sulfureux qui était recherché depuis longtemps par la justice italienne et européenne. Il s'agit de “cheikh Abderrazak”, de sa véritable identité, Mahjoub Abderrazak, âgé de 29 ans, qui a été arrêté en Allemagne. Il a réussi en quelques années à installer un réseau solide aux ramifications multiples dans toute la Vénétie. Il est aujourd'hui considéré par la police italienne comme l'un des principaux chefs de l'organisation terroriste “Attawhid”, dirigée par le Jordanien Abou Moussab Al-Zarkaoui. Il aurait eu des relations avec d'autres responsables en Allemagne, en Angleterre, en Belgique et même en Espagne. On le soupçonne aussi d'avoir eu des contacts avec celui qu'on considère comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001, Ramzi Binalshibh. Ce fameux groupe Attawhid est connu sur le Vieux Continent pour avoir déjà participé à rallier la voix des islamistes intégristes, d'où son nom qui signifie l'unité et l'union et l'unification. Il a embrigadé de jeunes terroristes en herbe, des volontaires du jihad, des kamikazes en puissance en vue de les envoyer sur tous les fronts de la “guerre sainte” commanditée par Al Qaïda. Selon la justice italienne, l'organisation aurait recruté et envoyé des volontaires pour des actions kamikazes en Irak. Le cheikh algérien fait aussi l'objet de soupçons allemands puisqu'il est au centre d'une affaire d'explosifs qui devait toucher des infrastructures touristiques à la Costa del Sol en Espagne. Cheikh Abderrazak a été arrêté en juillet 2003 à Hambourg, suite à un mandat d'arrêt mais il a été très vite relaxé, faute de preuves. Selon l'hebdomadaire allemand Focus, il aurait eu des contacts avec l'entourage des kamikazes des attentats du 11 septembre 2001 pour lesquels la “cellule de Hambourg” avait joué un rôle déterminant.
Les filières du jihad
Deux des complices et compagnons du jihad de cheikh Abderrazak sont : un Marocain de 20 ans Housni Jamal, alias Jamal Al Maghrebi, et un Tunisien de 33 ans, Bouyahia Maher Ben Abdelaziz qui ont été arrêtés à Milan. Toutes ces personnes ont été inculpées d'association avec pour objet le terrorisme international, un chef d'accusation introduit dans la loi italienne après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. L'Italie apparaissait alors comme l'un des chemins les plus propices au passage d'hommes partant vers la Turquie ou en provenance d'Iran, d'Afghanistan et de Tchétchénie. Pour la police italienne, il s'est aujourd'hui avéré que toutes ces arrestations entrent dans le cadre d'une vaste enquête sur une présumée cellule islamiste en territoire italien qui aurait servi de logistique et d'appui pour d'autres activistes sur le territoire européen. Sans oublier que toutes ces personnes arrêtées sont aussi soupçonnées d'avoir des liens avec d'autres passeurs et recruteurs d'hommes qui sillonnent l'Europe et communiquent entre eux en vue de grossir les rangs des jihadistes en partance vers les terres de la “guerre sainte”.
Reste à savoir qui est ce jeune Marocain qui fait figure de nouveau venu dans le réseau italien. Pour le moment, les informations sur sa personne, son parcours, sa vie et ses relations ne circulent pas, mais il n'en reste pas moins, selon d'autres sources, que le jeune Marocain aura intégré le groupe de cheikh Abderrazak depuis quelques années où il a appris les rouages du recrutement. Des soupçons persistent sur ses relations avec d'autres Marocains qui ont suivi le chemin de l'institut islamique de Milan où il avait aussi ses habitudes. Il serait même probable qu'il ait eu des accointances avec les frères Kazdari, qui avaient monté un grand réseau
de trafic de documents et Yassine Chekkouri, Ben Khemais et Britel Abou Al Kacem, condamné en octobre 2003 à Rabat. Quoi qu'il en soit, Milan avec ses réseaux installés depuis des années pourrait être la cible privilégiée des terroristes et là encore se sont les noms maghrébins qui reviennent le plus souvent dans les enquêtes.
Quelques figures marocaines
Ils sont presque 164 personnes qui ont été identifiées comme des activistes très puissants, entretenant des liens avérés avec des groupes islamistes radicaux qui prêchent le combat et le jihad à Milan. Cette ville lombarde qui pourrait être une cible forte pour les terroristes d'Al Qaïda qui ont menacé depuis quinze jours de s'attaquer à l'Italie et à Silvio Berlusconi, son chef du gouvernement. Aujourd'hui, il ne fait aucun doute, et ce, pour des raisons géographiques et humaines, que l'Italie a joué un rôle très important dans plusieurs actes terroristes survenus dans le monde depuis le 11 septembre. Pour la police italienne, Milan fait figure de noyau de l'islamisme en Italie. On compte aujourd'hui des centaines de personnes qui ont été identifiées comme des activistes très puissants qui pourraient entrer en action quand le moment propice sera venu. Et plus d'un égard, l'Italie ressemble à l'Espagne. Un lieu de passage entre le Sud et le Nord, une base de repli pour des centaines de fuyards venus d'autres pays d'Europe, sans compter sur la manne des émigrés clandestins qui sont un vivier pour les réseaux extrémistes. Tous ces ingrédients combinés font de l'Italie une cible pour Al Qaïda qui estime avoir un compte à régler avec le gouvernement Berlusconi. Quand on se penche sur les personnes dangereuses qui ont foulé le sol italien, on constate parmi elles, un groupe fréquentant le fameux Ben Khemais et travaillant au centre culturel de la ville, présenté comme l'un des pivots d'Al-Qaïda en Italie sinon en Europe. On retrouve aussi au sein de ce groupe un autre terroriste marocain appelé Yassine Chekkouri, qui travaillait en tant que bibliothécaire en Italie. Tous ces suspects ont été arrêtés entre le 14 et le 29 novembre 2001. A l'époque, la justice de Rome les considérait déjà comme une “annexe” du réseau de soutien logistique de Ben Khemais qui, lui, entretenait des liens avec d'autres chefs terroristes essaimés sur le sol européen de Madrid à Londres. Ce n'est qu'en février 2002 que Ben Khemais et ses complices sont condamnés à 5 ans de prison ferme. Une condamnation qui coïncidait avec le démantèlement, quatre jours plus tôt, d'une autre cellule du GSPC. L'affaire avait provoqué un grand choc en ce moment. Il s'agissait de quatre Marocains qui s'apprêtaient soit à frapper le système romain de distribution d'eau en y versant un dérivé cyanuré, soit à attaquer l'ambassade des Etats-Unis. On avait trouvé des passages souterrains qui avaient été creusés jusqu'aux murs de l'ambassade. Il y avait aussi dans le cadre de cette enquête un énorme réseau de trafic de faux documents qui est resté le filon des enquêteurs pour pister tous les membres de la cellule. Dès 2001, deux autres Marocains ont été appréhendés : il s'agissait des frères Mohamed et Saïd Kazdari, condamnés à l'époque pour avoir livré de faux passeports et cartes d'identité à des activistes islamistes. Mais il faudra attendre le 12 juillet 2002 pour que le réseau des frères Kazdari soit entièrement épinglé, la Digos mettant cette fois la main sur environ 400 fausses pièces d'identité qui ont été mises en circulation dans plusieurs milieux islamistes.
Par ailleurs, au Maroc, le bruit fait par les Italo-marocains a atteint son plus haut degré le samedi 4 octobre 2003, le jour où un islamiste italo-marocain a été condamné à quinze ans de prison pour “activités terroristes” à Rabat. De ses noms de guerre “Abderrahmane” ou “Bouchaïb ”, il est accusé d'appartenir à la Salafiya Jihadiya qui a joué un rôle important dans les attentats du 16 mai à Casablanca. Il s'agit de Britel Abou Al Kacem, naturalisé italien et résidant à Bergame, en Italie, qui était poursuivi, entre autres, pour “constitution d'une bande criminelle dans l'objectif de préparer et de commettre des actes terroristes visant à porter gravement atteinte à l'ordre public ”. Selon l'accusation, Britel aura effectué presque le même parcours que d'autres activistes islamistes en Italie. Il a suivi un enseignement religieux à l'Institut islamique de Milan avant de partir en Afghanistan où il avait fréquenté un camp militaire, nommé Al Farouk, dirigé par un certain Mohamed El Missri, considéré comme un proche d'Oussama Ben Laden. Selon un avocat de la défense, l'accusé a été arrêté il y a un an au Pakistan par la CIA qui patrouillait avec les forces pakistanaises. Depuis il a été remis par les services secrets pakistanais à la police marocaine.
Roubaix, Montréal, Milan
Ils étaient deux barbus, les crânes presque rasés et tout de blanc vêtus. Leur entrée au tribunal ne laissait pas indifférent. Il s'agissait de Zoheir Choulah, 28 ans, né à Annaba, en Algérie et Saïd Atmani, âgé de 35 ans, né à Tanger. Tous deux suspectés d'appartenir à un réseau de soutien à des islamistes armés et comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Paris il y a de cela quelques mois. C'était le premier procès que la justice européenne offrait à l'opinion publique. Et il était important d'un point de vue logistique pour démêler quelques pièces enchevêtrées dans les réseaux d'Al Qaïda en Europe. On se souvient très bien que dès l'ouverture du procès, la présidente Michèle Bernard-Requin marquait un point: “L'actualité récente ne doit pas interférer; la prévention concerne des faits pour participation à Roubaix, au Canada, en Turquie, en Bosnie et en Belgique, en 1996, 1997 et 1998, à une association de malfaiteurs à visées terroristes” et pour “falsification de documents administratifs”. C'était le début d'une course contre la montre pour remonter les filières. Aujourd'hui, il n'est pas exclu que ces faux documents ont servi au passage de centaines d'activistes de par l'Europe. Les deux Maghrébins qui avaient fait la campagne de Sarajevo en 1994, mariés à des musulmanes, ont été extradés de Bosnie et déchus de la nationalité bosniaque. Leur procès devait coïncider avec celui de 22 autres membres du réseau, dont le chef n'était autre que Fateh Kamel, déjà condamné à huit ans de prison. Seul dans le box, le tandem en profite pour se démarquer, surtout de Fateh Kamel qui a habité à Montréal avec Ahmed Ressam, un Algérien du GIA, interpellé à son entrée aux Etats-Unis le 14 décembre 1999, avec 59 kilos de nitroglycérine dans sa voiture. Saïd Atmani, alias “Karim”, séjournait lui aussi à Montréal durant l'été 1996 et aurait selon l'accusation, le même rang que Ressam et Kamel, au sommet de ce trafic international de papiers “pour faciliter l'introduction et l'infiltration de soldats de l'islam en Afghanistan et en Bosnie”. Et Zaïr Choulah, alias “Abdulbar ” s'explique: “Je suis en dehors, moi, je veux des passeports pour aller au Canada avec ma femme et ma fille.” Au bout de deux ans dans un bataillon de moudjahidin bosniaques contre les Serbes, Choulah a dû émigrer avec sa famille “à cause de la propagande sur les étrangers, tous considérés intégristes et terroristes, après Dayton”, l'accord de paix en 1995. “Je suis parti avec ma femme à Istanbul, et j'ai fait deux demandes de visa légalement avec mon passeport bosniaque et ça a échoué.” Alors, Choulah, qui tient de l'argent de “Mustapha, un Saoudien de Bosnie”, donne 10 000 francs à un comparse pour lui ramener trois passeports du Canada. Le substitut du procureur, Marc Trévidic, s'étonne que son point de chute en Turquie soit le repaire de l'organisation humanitaire IHH, qui “abrite les terroristes ayant essayé d'attenter à la vie du président turc”. Choulah trouve la réplique: “Je ne sais pas s'il y a des terroristes à l'IHH, mon intérêt, c'est d'avoir des papiers.” La présidente ne comprend pas pourquoi Choulah est le seul en Bosnie qui, hospitalisé deux mois à Zénica, n'ait pas entendu le soignant, Christophe Cazé, futur leader du gang de Roubaix, “prôner un islam offensif, violent, voire meurtrier”. Zoheir Choulah: “Je suis un musulman religieux pratiquant, pas un sectaire. Cazé n'a jamais abordé ce sujet-là devant moi, car sa connaissance de l'islam n'est pas suffisante pour m'endoctriner. Tuer des gens innocents, ce n'est pas dans ma croyance.” Saïd Atmani admet de son côté avoir recherché en Italie, à l'Institut culturel islamique (ICI) de Milan, “un passeport scandinave falsifié pour aller au Canada, contre 500 marks”. Pourtant, dans son réquisitoire définitif établi en 2000, le procureur Trévidic avait souligné son implication: “La DST avait constaté que le numéro 354 82 91, où Saïd Atmani (utilisant sept alias différents) pouvait être joint au Canada, avait été en relation avec le nommé Abou Zoubeïda, chargé de la réception des moudjahidin étrangers à Peshawar (Pakistan) et responsable des relations extérieures du camp de Khaldem en Afghanistan, et également proche d'Oussama Ben Laden, leader actuel du jihad international”. Aujourd'hui, pour les polices européennes, les connexions Canada, Roubaix, Milan ne font plus aucun doute. Et les prochaines arrestations pourraient dévoiler les secrets de ce trafic de jihadistes sur une échelle mondiale pendant des années où les Marocains tenaient des rangs importants.


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