Fatine Youssfï Elle a beaucoup de talent, mais elle a surtout beaucoup de sens humain. Un sens qu'on ressent dès qu'elle commence sa prestation. Certes, elle a de l'humour mais ce n'est pas de l'humour gratuit, c'est un humour noir à travers lequel elle vise à transmettre des messages constructifs, un but “peut-être” dit-elle, “sa raison d'être ”, pousser les gens à rire d'abord, à marquer un point de silence ensuite. Puis à réfléchir sur les scènes quotidiennes de la vie. Chose pas facile car tout ce qui est habituel n'est pas connu. Entretien avec la future one woman show. La Gazette du Maroc : vous avez remporté le prix du meilleur humoriste organisé par 2M, vous attendiez-vous à cette consécration? Fatine Youssfi : pas du tout, je n'ai jamais pensé une seconde que je serai l'un des gagnants. Je tiens à vous dire que ma participation dans le premier casting était vraiment le fruit du hasard. Ce sont deux amies Imane et Habiba qui m'ont encouragée à passer le casting mais je ne comptais pas trop là-dessus. D'ailleurs, quand je suis venue à Casa, je n'avais rien préparé, j'ai tout improvisé et j'étais vraiment surprise lorsque j'ai appris qu'on m'a choisie parmi 2000 personnes. Je tiens à vous signaler que beaucoup de jeunes étaient très talentueux … Est-ce que vous avez déjà participé à une manifestation pareille ? - Jamais ! Vous savez que je suis une élève au Centre de préparation aux grandes écoles (math spéc.), et ce sont des études très dures qui demandent du sérieux pour arriver à suivre le rythme très effréné des études, surtout lorsqu'on commence à se préparer pour les grandes écoles polytechniques d'ingénierie françaises ou ce que l'on appelle le concours français. D'ailleurs, l'année dernière j'ai décidé de refaire l'année parce que j'ai raté ce concours et j'ai pu avoir des inscriptions juste dans les écoles d'ingénierie au Maroc, ce qui ne répondait pas à mes ambitions. Et, le hasard a voulu que ma participation à 2M coïncide avec la préparation pour le concours de cette année. Ainsi, je me trouve dans la même situation que celle de l'année dernière. Actuellement, je me vois dans l'obligation d'abandonner le concours français et de me préparer juste pour le concours marocain et ceci grâce et à cause de 2M. Puisque, c'est grâce à 2M que j'aie pu découvrir que j'avais du talent et c'est grâce à elle aussi que je sens que d'autres horizons peuvent s'ouvrir à moi puisque dès la fin de la dernière soirée on m'a proposé d'animer des spectacles pour ce mois. Malheureusement j'ai dû refuser parce que cela coïncide avec la préparation de mes examens. Une fille si séreuse comment peut-elle s'adonner à l'un des arts les plus difficiles, l'humour ? Qu'est-ce qui vous inspire ? - Ma source d'inspiration est la société, j'ai appris à observer les vices de la société et à essayer de les tourner en dérision. Ce n'est pas toujours évident de pousser les gens à rire de leurs malheurs. Mais mon but n'est pas seulement de faire rire les gens. Mon but est de les sensibiliser, de les inciter à réfléchir. En gros, de passer un message constructif, je ne sais pas si j'arrive à le faire, mais, à travers mes sketches j'opte surtout pour ce qu'on appelle “l'humour noir”. Pour la première partie de votre question, je dirai qu'on ne peut être tout le temps sérieux dans la vie. Plus encore, je dirai que c'est la pression de mes études qui m'a poussée à essayer de faire rire les gens, tout en me marrant aussi, histoire de décompresser un peu. Ainsi, on se rencontrait à l'internat mes amies et moi le soir pour rigoler un peu et c'est ainsi que j'ai commencé au début à imiter les professeurs, mais n'écrivez pas cela ! (rires). Ensuite j'ai commencé à faire mes propres sketches qui étaient très bien réussis puisque mes amies se jetaient par terre à chaque fois que je présentais un nouveau sketch. Vous évoquez votre père à chaque fois sur le plateau de 2M, quelle en est la raison ? - Vous savez que mon père est un grand humoriste, certes, il n'a jamais pu faire carrière, mais il a beaucoup de talent. Mon père est aussi un grand mathématicien. Il était professeur de mathématiques avant de devenir inspecteur en orientation. En définitive, je tiens à dire que mon père a toujours cru très fort en moi. Lorsque j'ai participé à la première présélection organisée à Casablanca et que j'ai été choisie, il m'a beaucoup encouragée pour me préparer à la deuxième étape alors que ma mère était réticente et m'a demandé de me focaliser plutôt sur mes études et à la préparation de mon concours, mais je ne lui en veux pas, elle est comme toutes les mères. Elle veut toujours que sa fille soit parmi les meilleures. D'ailleurs, dès qu'elle a entendu les échos de ma participation à la première soirée, elle a commencé à m'encourager. Pour elle, ce qui compte le plus c'est mon bonheur. C'est humain…très humain… 2M vous a également offert la possibilité de présenter vos sketchs avant la prestation de Gad El Maleh. Etes-vous contente de cette offre ? - Vous rigolez ! Rien que le fait de voir Gad me rend folle de joie. Alors que dire de jouer dans le même théâtre où il se produira, être là dans la même place que lui c'est tout simplement (waw) génial. J'aime beaucoup l'humour de Gad je trouve qu'il traite des sujets très intéressants relevant de notre société marocaine. Il est très Marocain et très humain aussi. Il essaie toujours de chercher au fond ce qui ne marche pas dans la société et de le tourner en dérision. Je suis sûre que cette expérience ne sera que très enrichissante sur tous les plans et me permettra d'apprendre beaucoup de choses sur le monde de l'humour. Ceci dit, est-ce qu'on peut dire qu'on a gagné une nouvelle "one woman show" ?/B - Je ne sais vraiment pas si je vais faire de l'humour une carrière mais je tiens à vous dire que j'ai toujours rêvé de devenir humoriste lorsque j'étais petite. Actuellement je sens que j'ai eu une chance et je vais la saisir jusqu'au bout. Je ne suis pas pressée. Je laisserai les choses venir seules et qui sait, on ne peut jamais prévoir ce qui peut se passer à l'avenir ! Hicham : le futur animateur à 2M Hicham avait un rêve. Il voulait devenir journaliste. Son monde à lui il voulait le créer derrière les projecteurs et devant le public. C'était un challenge. Une histoire de temps, disait-il. Et le temps ne lui a pas joué des tours apparemment, puisque l'occasion ne tarda pas à se présenter: il s'agit du prix “15ans/15 talents ”. Une occasion que Hicham n'a pas ratée pour devenir animateur à 2M. BLa Gazette du Maroc : à vous regarder à la télévision, on a l'impression que vous faisiez ce métier depuis longtemps. Est-ce que vous avez eu d'autres expériences que celle de 2M? Hicham : effectivement, j'ai animé plusieurs soirées lorsque j'étais au centre régional des instituteurs ainsi que des soirées artistiques à Essaouira. J'avais également adhéré à une association dénommée “espace d'étudiant” où j'étais très actif et je participais à plusieurs manifestations. Mais aucune des soirées auxquelles j'ai participé n'avait la dimension de 2M. C'était une chance historique pour moi. Mis à part votre talent d'animateur vous êtes aussi poète, est-ce que c'est dû à une vocation littéraire dans les études ? - Pas du tout. Je vous dirai quelque chose qui va sûrement vous étonner. J'ai fait des études de sciences mathématiques quand j'étais au lycée, et j'ai intégré juste après le centre de préparation aux grandes écoles d'ingénierie, mais j'ai eu malheureusement un accident au bout de ma deuxième année qui m'a fait abandonner mes études. J'ai ensuite été reçu au concours du centre régional des instituteurs. J'ai commencé dès lors à m'intéresser à la poésie arabe classique, d'ailleurs ce fut le temps où j'ai participé au festival arabe de Beyrouth. Grâce à ma participation, j'ai pu rencontrer Ahmed Ali Taraboulssi, un poète que j'admire beaucoup et j'ai même été classé deuxième. Maintenant que vous avez été choisi comme futur animateur à 2M, quelle émission rêvez-vous d'animer ? - Mon rêve est d'animer une émission exceptionnelle. Il s'agit d'apporter une autre lecture de certains faits historiques. D'analyser quelques événements marquants de l'histoire en invitant de grands penseurs et philosophes marocains et étrangers, pour tirer des conclusions à la fin. Mais avec un langage facile et accessible à monsieur et madame tout le monde. Y.A