“Le mouvement haraki est là pour défendre la monarchie”. C'est, en substance, ce que Mohand Laensar a déclaré, lundi 22 décembre courant, au quotidien “Assabah”. On peut en déduire ce que l'on veut, mais la première question qui vient à l'esprit est : et les autres ? C'est-à-dire les autres partis, associations et même citoyens ? Personne n'en doute : ils sont tous aussi monarchistes, sinon plus que Laensar. Le sait-il ? Bien évidemment. Question pour un champion : pourquoi un homme politique connu pour son sens de la mesure, s'ingénie là où il ne faut pas ? La réponse, qui n'est pas nécessairement celle d'un champion : cela s'appelle la bêtise. Elle a ceci d'extravagant et d'insensé qu'elle fait de ce qui est pour tout le Maroc une histoire et une évidence, un programme… politique ! Mohand Laensar, qui au moment de ses dires, était bien aux anges! aurait indéniablement donné mieux. D'abord, il vient de réussir, avec deux autres mouvements que le sien un nouveau pas vers la constitution d'un pôle haraki. Louable, donc politiquement correct. Nous, les citoyens monarchistes sans demander pour autant le contrepoids en portefeuille, on croit savoir qu'il faut sacrifier une passion basse pour une autre très haute. On rêve. Parfois, disons-nous. Il peut y avoir des hommes politiques plus grands, plus désintéressés et partant, plus résolus. Cela fait du bien. Hélas, cela ne dure que le temps d'un rêve ! Et c'est très court de nos jours. Or si l'intérêt dicte parfois les inepties, vouloir conclure que les harakis sont les seuls à défendre le Trône c'en est une. L'intelligence, elle, devrait inciter à l'éluder. Ce n'est pas le cas, on le regrette. On fête, cependant, l'événement. Franchement, à voir les leaders du “pôle” ensemble, on se sent rassuré. La politique n'est pas cette suite de guéguerres et de scissions que l'on croyait. L'exception existe, et elle est heureuse. A lire des déclarations, on tombe des nues. Je crois même faire une bêtise : être surpris. Là commençons par le vieux de la vieille Haraka. C'est bien, lui. Vous l'avez aimé tout au long de l'année 2003, il vous promet monts et merveilles pour l'année 2004. Il en donne déjà la couleur. Mais il faut d'abord penser au jour de l'an. C'est Noël et papy a besoin de présents. Un seul, peut-être, suffira : “nous voulons notre part”. Bien évidemment, ce n'est pas des gâteaux de la fête qu'il parle. Mais du “combat”. Récompense donc ? Ce n'est que justice, croit-on comprendre. “Un gouvernement, déclare Aherdane à “Assahifa”, ne peut pas être toujours le même”. Il faut changer. Sinon ? “Alors, nous sommes prêts à toute éventualité”. Ou encore : “qui nous cherche, nous trouve”. Aherdane quand il parle, c'est toujours un joyeux déballage. Noël quoi ! On y trouve parfois l'humour, les fresques, les frasques, les menaces aussi mais souvent, en l'air. Mais on y retrouve toujours le jeune Aherdane. On se laisse gagner par la compassion, on sympathise, on pardonne. Et ce qui demeure indéfiniment incompréhensible dans sa nature, c'est qu'on puisse le comprendre, l'accepter, le chérir même. C'est notre Aherdane national, quoi ! Au journaliste qui lui a posé la question sur son avenir politique, Aherdane, plus draconien que jamais, ne badine pas avec ces jeunes insolents. La réponse fuse : “mets-toi ça dans la tête (sic), Aherdane ne quittera jamais la politique”. Il y est, il y reste. Personnellement, je ne sais pour quelle raison, j'ai vite pensé au portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde. Serait-ce pour cette phrase qui m'a toujours émerveillé : “le drame de la vieillesse, ce n'est pas qu'on se fait vieux, c'est qu'on reste jeune” ? Il y a certainement un peu de cela. On en déduit : c'est avec un amghar adolescent qui dure un assez grand nombre d'années que la politique fait des vieillards ! Puisqu'il n'y a jamais deux sans trois, il y a Aherdane, Laensar et… Fatima Kheil. Elle aussi est du pôle. Elle est de surcroît deuxième vice-président du parlement. Couronnée, elle s'en prend à la presse. Si les médias n'ont pas saisi l'importance de l'événement, à savoir la sacro-sainte union, c'est “qu'il n'y a aucune valeur à ce qui s'y écrit”. Noir sur blanc dans “Al Ahdate” du mardi 23 décembre. Sans appel. Tranchant. Trop sûrs, les leaders unis ? Trop “audacieux” ? L'audace, cependant doit avoir du tact, s'arrêter à temps. Sinon, c'est le vertige de la force, et il est très dangereux. Tout comme la fausse naïveté de ce Salafi de Marrakech, Abdelhakim Fakhiri qui a déclaré à “Assahifa” : “je ne connais pas ce Ben Laden en personne. Je n'ai lu aucun de ses livres. Donc, je ne peux rien dire sur lui” ! Qu'il est loin le 16 mai !