Khalid Naciri, membre du bureau politique du PPS Pour Khalid Naciri, l'évaluation à faire de l'ensemble des opérations électorales doit inciter la classe politique à revoir ses méthodes et à être plus à même de répondre aux exigences de l'heure. La Gazette du Maroc : en tant qu'analyste politique, quelle évaluation faites-vous du processus électoral qui a démarré en septembre 2002 ? Khalid. Naciri : mon regard est contrasté quant à cette réalité ambivalente. Par le passé, on disait que l'immixtion de l'administration était systématique pour que les résultats des législatives et municipales soient conformes à une carte politique préétablie. Maintenant il y a eu une neutralité de l'Administration et ce sont les partis politiques qui n'ont pas été à la hauteur. Tous ? Bien sûr qu'il faut nuancer et certaines formations politiques ont contribué de façon dramatique à fausser le jeu. D'autres de manière moins grave, si l'on ose dire. Ce qui est certain, c'est que la classe politique n'a pas été en mesure lors des instants politiques importants, d'accompagner réellement le changement majeur qui s'opère dans notre pays. L'exploitation des résultats des communales est désastreuse pour le pays et pour la crédibilité de l'action politique. Nous avons malheureusement une élite politique irresponsable et ses choix sont immatures. Ce qui conduit à la dégradation sociale que l'on voit... Certains partis politiques ont sonné l'alarme avant le démarrage du processus électoral, mais les autres n'ont pas suivi et le résultat est là, une gifle à la démocratie... Tous les partis n'ont pas été à la hauteur des attentes des citoyens... C'est une véritable éthique politique qu'il nous faut. Une vraie mise à niveau de l'ensemble de la classe politique qu'il faut opérer... Le scrutin de liste n'a-t-il pas favorisé, comme certains le laissent entendre, cette situation peu enviable? Absolument pas. Le mode de scrutin de liste à la proportionnelle est a priori très développé. C'est un mode de scrutin qui rend plus difficile le trafic et l'achat des voix et le façonnage préalable de la carte politique. Mais le manque d'éthique politique a fait que même ce mode-là a été contourné. Sauf que ceux qui le contestent et appellent au retour au scrutin uninominal veulent faciliter les tripatouillages. Je peux dire qu'avec l'ancien mode, les résultats auraient été catastrophiques.