Réalisations de la vision 2010 Faire le point de ce qui a été jusque-là réalisé et identifier les entraves et les difficultés rencontrées pour aller de l'avant dans la mise en œuvre du contrat-programme dont l'accord-cadre du secteur fixe les délais, les moyens et les plans d'action sectoriels. C'est à cet exercice que se sont livrés les opérateurs privés du secteur touristique et les pouvoirs publics. “Il est très possible que l'année 2003 constitue le point bas du cycle touristique dont le plus haut précédent avait été enregistré en 2000". Adil Douiri, ministre du Tourisme, qui intervenait lors des premières rencontres nationales du tourisme, et sans doute les opérateurs privés du secteur touristique sont unanimes là-dessus : 2003 avec tous ses remous (crise économique des marchés émetteurs, guerre contre l'Irak, SRAS, …) n'est pas une année de référence pour l'industrie touristique. Il n'empêche que les pouvoirs publics marocains et les opérateurs privés n'en ont pas moins démordu quant à la mise en œuvre de l'accord-cadre du secteur qui a été signé entre le gouvernement et la Fédération du tourisme, en janvier 2001. En témoignent ces premières rencontres nationales du secteur organisées à l'initiative de la Fédération du tourisme en partenariat avec le ministère du Tourisme et l'Office national marocain du tourisme (ONMT). À mi-parcours des prochaines assises nationales du tourisme qui auront lieu à Casablanca (fin janvier ou début février 2004), cette journée qui s'est tenue à Rabat le 15 octobre dernier, "prépare ce rendez-vous annuel, le quatrième du genre", selon Mohamed Benamour, président de la Fédération du tourisme. Entre les travaux en plénière de la matinée et les ateliers de l'après-midi, c'est le bilan et les perspectives de tous les grands chantiers qui ont été dressés. Dans cet exercice, un parterre de personnalités, constituées d'Adil Douiri, ministre du Tourisme, Karim Ghellab, ministre de l'Equipement et du Transport, Fathia Bennis, directeur général de l'ONMT, Saâd Hassar, directeur des Collectivités locales, Jawad Ziyat, directeur des Aménagements et des Investissements touristiques, El Hassane Benmoussa, secrétaire général du ministère de la Formation professionnelle ainsi que d'Amine Tazi-Riffi, principal au cabinet Mc Kinsey & Company qui ont fait le bilan touristique de l'année écoulée et évalué les réalisations ainsi que des projets engagés. Pour rappel, l'objectif principal de ce contrat-programme est de positionner le Maroc parmi les 20 destinations touristiques mondiales. En résumé, les objectifs poursuivis par cette “nouvelle politique touristique” visent, d'ici 2010, à faire passer le flux d'entrées touristiques à 10 millions de personnes contre environ 2,5 millions actuellement. Il s'agit également de porter les recettes annuelles en devises à 80 milliards de dirhams, soit presque quatre fois la performance actuelle. Cela permettrait de créer près de 600.000 emplois et d'ajouter 2 à 3 points à la croissance du PIB par an. Cinq principaux chantiers ont été ouverts depuis pour arriver à un tel niveau de performance. Il s'agit du triplement de la capacité d'hébergement en une décennie (soit une capacité additionnelle de 160.000 lits composée de 130.000 lits nouveaux pour le balnéaire et 30.000 lits nouveaux pour le culturel), de l'augmentation des capacités de desservir les régions et les grands marchés, de la formation professionnelle, avec le projet de former 70.000 jeunes, de la promotion qui doit être plus efficace et plus pragmatique, ainsi que l'environnement du tourisme, qui, à l'image de la tapisserie de Pénélope ne se termine jamais. Concrètement, qu'en est-il de l'état d'avancement de ces cinq chantiers ? "Trois stations ont d'ores et déjà été concédées : il s'agit des stations de Taghazout à Dallah El Baraka, Saïdia au groupe espagnol Fadesa et Mogador (Essaouira) au consortium belgo-français Thomas & Piron/L'Atelier. Deux autres stations, celles de Larache et Mazagan sont en cours d'attribution, respectivement à Thomas & Piron et Kerzner", résume ainsi le ministre du Tourisme à propos des réalisations 2003 du Plan Azur. Les professionnels sur leur faim De tous les chantiers, celui qui était le plus attendu pour cette journée est celui de l'aérien pour lequel les professionnels du secteur étaient venus pour découvrir les termes de références et les résultats de l'étude sur la libéralisation du transport aérien que le ministère de l'Equipement et du Transport a confiée au Cabinet Mac Kinsey. Selon Karim Ghellab, les principes d'action qui vont guider la politique sectorielle dans le transport aérien au Maroc vont être définis autour des priorités. Ces dernières, selon le ministre de l'Equipement et du Transport, concernent le charter, le "point à point" (Agadir, Fès, Tanger, Marrakech) ainsi que les nouvelles dessertes, les cahiers des charges à formuler en détail (tarifs, fréquences, temps). Ainsi, la priorité de développement sera basée sur la RAM comme acteur central et volontariste et aussi sur une politique volontariste mais non discriminatoire à l'égard d'autres compagnies. Même si les professionnels sont restés sur leur faim, Karim Ghellab a tout de même donné rendez-vous aux prochaines assises de Casablanca pour plus de détails. Déjà, selon les conclusions très préliminaires de l'étude de Mc kinsey, il est indispensable que la rupture ait lieu en 2004. Autrement dit, une discontinuité dans l'aérien s'avère nécessaire face aux objectifs 2010 bien que les leviers de libéralisation soient déjà fortement engagés. Seulement, ceux-ci sont encore peu efficaces et la libéralisation à elle seule ne suffit pas. (Voir par ailleurs). Côté réalisation pour 2003 au niveau de ce chantier, outre cette définition de la "carte du ciel 2010", il faut dire que plusieurs étapes ont été franchies au courant de cette année dont la planification de l'adéquation "nouveaux sièges/nouveaux lits" à l'horizon 2010 par marché émetteur et par destination, les contrats de partenariat stratégique avec des TO intégrés, c'est-à-dire disposant de leurs propres avions (comme Corsair, Globalia), concrétisés notamment par l'ouverture de lignes régulières prioritaires telles que Paris-Marrakech, Paris-Fès dans une première étape. Travail de fond à l'ONMT Le marketing et la promotion avec la nouvelle approche de l'ONMT, pour plus de synergies, a été sans conteste un autre chantier ayant retenu l'attention des professionnels. Il faut dire que c'est un important travail de fond qu'a accompli l'ONMT à ce niveau. Les étapes effectives à la date d'aujourd'hui sont nombreuses. Elles concernent la mise en place d'une procédure d'allocation du budget de l'Office par marché (par nature de dépenses et par région), la signature d'accord de co-marketing avec des TO sur les principaux marchés (18 accords signés), ainsi que le lancement d'opérations promotionnelles à but de dynamisation du marché (kounouz biladi) et à but de relance de la destination Fès (sur les marchés français, italien et espagnol). "La nouvelle approche se décline par la mise en place d'une gestion conjointe Privé/Public et la régionalisation", explique Fathia Bennis. Pour l'heure, trois étapes sont en cours pour ce volet marketing et promotion : la définition d'une stratégie de conquête des marchés cibles, la mise à niveau organisationnelle de l'ONMT ainsi que le lancement de partenariat Marketing/Aérien pluriannuels et multimarchés avec des TO intégrés sur les marchés émetteurs prioritaires. A noter que l'Etat a tenu ses engagements figurant dans le contrat-programme au plan du budget de l'ONMT puisque celui-ci a été successivement de 200 puis 250 puis 350 millions de dirhams (2004). La problématique du financement Autres chantiers : la formation et l'environnement. Pour le premier, l'année 2003 a enregistré une hausse significative des lauréats et inscrits dans les écoles hôtelières. L'objectif fixé de 3.400 inscrits en 2003 a été dépassé pour atteindre 4.200 inscrits la même année, à comparer à un nombre d'inscrits de 2.600 environ en 2001/2002. Un bond similaire (+30 %) devrait être fait en 2004. Quant au deuxième dont l'objectif consiste en l'amélioration des conditions d'accueil et d'information, deux principaux projets sont en cours. Ils concernent la mise en place d'un projet pilote au niveau d'un aéroport et la conception et le design de bureaux "Touristes Info". Au sortir de cette journée, et quelle que soit l'interprétation de cette évaluation, les professionnels sont quasiment d'accord sur un fait : les vraies batailles de la vision "Maroc 2010" commencent en 2004 avec notamment le démarrage de la deuxième phase du Plan Azur, l'exécution effective de la libéralisation, entre autres. Encore faudrait-il que le financement suive et qu'il soit également adapté. D'ailleurs, nombreux sont les professionnels qui estiment déjà que l'un des principaux thèmes des prochaines assises nationales du tourisme portera inéluctablement sur cette problématique du financement. Fiscalité : la grande réforme en 2004 Les conclusions et les termes de l'accord intervenu en août dernier en matière de fiscalité locale au profit des professions touristiques ont été brillamment décryptés lors de cette journée par Saâd Hassar, directeur des Collectivités locales. Selon lui, la décision a été prise : la grande réforme de la fiscalité aura lieu en 2004. D'ailleurs, dit-il, elle sera approuvée avant la fin de l'année. Cette réforme va vers la simplification. Ainsi, plusieurs taxes dans les collectivités locales ont été supprimées, notamment la taxe sur le spectacle, celle concernant l'ouverture et la fermeture tardive ainsi que celle liée au billet d'accès à la piscine.Hassar évalue ces taxes à plus de 10 millions de dirhams. Toujours est-il que le directeur des collectivités locales a fait savoir qu'il est impossible de tout supprimer dans la fiscalité locale. Ainsi, la taxe d'enseigne ne peut pas être supprimée, dit-il. Cependant, elle peut être forfaitisée.