Le nouveau président de l'Apebi veut faire de la Fédération une véritable entreprise. Son mandat de deux ans (2008-2009) est perçu comme une phase transitoire entre la mise en œuvre du contrat-progrès et la concrétisation de ses objectifs, soit un chiffre d'affaires de 80 Mrd DH en 2012. Challenge Hebdo : quels sont les chantiers prioritaires sur lesquels vous allez vous pencher durant votre mandat à la tête de l'Apebi ? Mohamed Horani : notre programme 2008-2009 repose sur trois axes. Le premier vise l'intégration entre l'industrie locale et l'offshoring afin de favoriser la convergence des stratégies de développement du secteur. Il nous faudra aussi contribuer au renforcement de la confiance numérique, promouvoir les TIC au service de la compétitivité des PME (50.000 entreprises visées à terme sur 78.000 recensées) et favoriser la naissance de «champions nationaux». L'opérationnalisation du contrat-progrès 2006-2012 constitue une grande priorité pour notre fédération. Nous sommes conscients que l'implémentation est toute aussi importante, sinon plus importante, que la conception et la définition de la stratégie elle-même. Enfin, nous allons renforcer les structures de l'Apebi et élargir ses services afin de permettre à ses membres de bénéficier des apports des stratégies du secteur (contrat-progrès, Emergence pour l'offshoring et e-Maroc). C. H. : que pensez-vous du regroupement des départements de l'Industrie et du Commerce et des TI dans un même ministère ? M. H. : ce regroupement est pour nous un signal fort de la part du gouvernement, nous confortant dans notre vision stratégique. L'Apebi vient d'ailleurs de procéder à l'harmonisation de ses statuts en tant que fédération externe de la CGEM en charge des Technologies de l'Information, des Télécommunications et de l'Offshoring. Le Maroc dispose aujourd'hui d'une stratégie pour l'industrie locale (contrat-progrès 2006-2012) et d'une autre pour l'offshoring (Stratégie Emergence). L'Apebi a engagé un débat avec le Gouvernement sur les risques de déséquilibres dus à la distinction entre les entreprises de l'offshoring et celles de l'industrie locale. Les discussions ont abouti à des résultats encourageants. Je pense notamment à l'élargissement des subventions de la formation au-delà des zones offshoring et l'intégration de l'Apebi au sein de la Commission technique de l'Offshoring. Reste le point relatif à l'impôt sur les revenus (plafond à 20%) qui devrait continuer à être approfondi. C. H. : le secteur demeure prédominé par l'activité des télécoms. Que faut-il faire pour booster les autres métiers du secteur ? M. H. : en 2006, le chiffre d'affaires du secteur s'établit à 32 Mrd DH, dont 80% réalisé par le segment télécoms. Le contrat-progrès ambitionne de développer les 3 segments que sont les Technologies de l'Information (21 Mrd DH en 2012), les Télécommunications (38 Mrd DH) et l'Offshoring (21 Mrd DH). Pour cela, il faut promouvoir l'innovation et la R&D auprès des membres en les assistant dans le montage des dossiers bancables pour bénéficier du fonds de soutien à l'innovation (dotation initiale de 100 millions de DH) et des subventions R&D (plus de 50 millions de DH par an). L'Apebi devra définir et opérationnaliser un plan d'action visant à créer une relation de confiance avec les grands donneurs d'ordres, tout en donnant à notre secteur une visibilité sur les besoins et en favorisant l'accès des entreprises locales aux marchés des grands donneurs d'ordres. Il faut noter aussi qu'un budget de 20 millions de DH sera alloué à la promotion de l'offre Maroc sur le marché national et international. C. H. : qu'attendez-vous des pouvoirs publics en matière de confiance numérique ? M. H. : l'Apebi s'est penchée sur plusieurs projets de lois pour apporter au gouvernement l'analyse et les propositions d'amendements des professionnels. Il s'agit notamment du projet de loi relatif à l'échange de données électroniques, d'un avant-projet relatif à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, de la définition et mise en œuvre du cadre technique et réglementaire encadrant l'agrément des prestataires de service de certification électronique et le régime applicable à la cryptographie. L'Apebi est également partie prenante dans le processus du choix du futur gestionnaire du domaine «.ma». Nous espérons que ces lois verront le jour dans les meilleurs délais et qu'elles seront suffisamment flexibles pour s'adapter à l'évolution permanente des nouvelles technologies et des besoins du marché. C. H. : comment peut-on démocratiser l'accès aux services en ligne ? M. H. : le développement du marché de l'Internet constitue un moyen incontournable pour le développement des TIC, à travers les trois axes que sont le contenu, l'infrastructure et les accès, ainsi que la formation et la communication. Ces axes sont détaillés dans la stratégie e-Maroc. Le programme Génie (NDLR : généralisation des TIC à tous les établissements scolaires) devra contribuer fortement au développement de l'Internet au même titre que la révision de la gestion des noms de domaine «.ma», ainsi que le développement des accès collectifs aux TIC et leur financement à travers le fonds du service universel.