Tiraillements Les Marocains sont au nombre de 30.000 personnes environ et on en rencontre un peu partout dans les quartiers londoniens. Ils sont étudiants, ouvriers, clandestins, propriétaires de gros commerces, chercheurs… Après le 11 septembre 2001, la guerre contre l'Irak et le 16 mai casablancais, leurs vies semblent avoir pris d'autres tournures. Inutile d'engager la conversation avec un ressortissant marocain sur le 16 mai et les attentats de Casablanca. Quand on apprend que vous arrivez à peine du pays, on vous bombarde de questions sur tout. Les morts, la ville, la sécurité, les islamistes, les femmes, Sidi Moumen… etc. Hamid, notre guide du jour, est étudiant. Il nous donne rendez-vous à Covent Garden, le lieu de trafic humain le plus condensé de Londres. On dirait la sortie d'un match de foot opposant Manchester à Liverpool : des milliers de personnes entre touristes et autochtones envahissent les ruelles marchandes. Les pubs affichent complet et les amateurs de la bonne mousse finissent leurs chopes dans la rue en rigolant et en conversant à tue-tête. Le beau temps est de sortie aussi comme une belle promesse d'une journée riche en rebondissements. Hamid est un garçon très calme. Il vit à Londres depuis quatre ans. Il a ses marques dans le coin et connaît beaucoup de monde. Son affabilité faisant office d'introduction auprès des gens, son sourire et son anglais plus que bon achevant de faire tomber les barrières. Il démarre en vrille sur une simple remarque faite sur le concept de la liberté à l'occidentale et l'invasion de l'Irak : “pour avoir laissé des Abu Hamza proliférer, alors que le danger était évident, voici la récolte... D'un côté l'amertume face à l'injustice subie par les Arabes, de l'autre le danger islamiste qui nous ronge de l'intérieur comme un cancer encore inconnu, mais dévastateur. Dans ce contexte, s'imaginer que le Royaume Uni en sera immunisé, tout comme l'ensemble des pays européens, serait faire preuve d'un lâche aveuglement qui se paie toujours, tôt ou tard. Ici la machine commence par prendre dans ses rêts les plus jeunes. Cela veut dire que le problème ne fait que commencer... L'islam, tel qu'il est interprété actuellement ne peut déboucher sur autre chose que la haine et la violence. Autre signe inquiétant, le parti travailliste vient de perdre les élections locales (01/05/2003) et cela, surtout dans les villes à forte communauté musulmane. Traduction : la guerre contre l'Irak n' aurait pas dû avoir lieu, et les Musulmans anglais préféraient pour leurs frères irakiens le maintien de Saddam plutôt qu' une "agression" de leur Oumma, au nom de la "fraternité musulmane". La guerre a été pourtant une chance de démocratisation de l'Irak. Ici aussi, on voit que les vieux démons musulmans sont encore bien à l'œuvre, ce qui laisse augurer des problèmes à venir dans les pays à forte densité musulmane...”. Tout est dit, et Hamid semble vouloir parler tout seul comme si notre présence éveillait en lui des discours avortés, des considérations achevées et prêtes à fuser à tout va sur le premier venu. Londres et ses tentacules Pendant un quart d'heure, il a détaillé le conflit entre l'Islam et l'Occident, la montée du racisme, la condition des Musulmans en Angleterre, la jeunesse en dérive et en manque de repères, les générations qui s'entrechoquent et le noir avenir du monde. A écouter ce jeune homme parler, on est pris de nausée et d'une vague de panique. Hamid enchaîne sur la ville de Londres qu'il dit connaître comme sa poche : “ plus de 7 millions d'habitants à Londres. Bien que très attractive, la ville connaît un faible accroissement naturel. Dans les années 1970, l'expression "croissance zéro de la population" était même fréquemment employée. Cependant la ville n'a cessé de croître et ceci s'explique par la forte migration. Parmi ces 7 millions d'habitants, les trois cinquièmes sont nés à Londres même. On peut donc déjà distinguer deux groupes de Londoniens différents : ceux qui y sont nés, et les autres. Comme moi et tous les autres ”. On apprend alors qu'il y a d'abord les Londoniens de naissance. Cette partie de la population londonienne reste très attachée au quartier où elle a vécu le plus longtemps et s'y identifie fortement. Ce n'est pas une population très mobile. En effet, son réseau social lui est donné à la naissance et elle ressent donc moins que d'autres le besoin de se déplacer pour faire des connaissances. “Les Londoniens sont des gens très conservateurs et fermés sur eux-mêmes, ils bougent rarement”. On apprend aussi qu'il y a les Londoniens d'adoption qui sont deux grands groupes : d'abord les migrants britanniques venant du reste des Iles britanniques ; ensuite, les immigrants de l'étranger. Londres vue du prisme d'un jeune Marocain dans le vent, qui aime s'écouter parler, étaler son savoir devant les British, épater la galerie, faire du rentre-dedans aux autres “qui pensent que nous sommes ici par hasard”. La ville prend soudain un autre air, devient plus humaine dans sa cohue et le va-et-vient intrépide de ces milliers de pieds qui voltigent comme des oiseaux terrestres. Hamid nous apprend qu'il a pris l'initiative d'inviter d'autres Marocains pour “prendre une bonne blonde ou brune avec nous” et que leurs histoires à tous sont importantes à connaître et peut être à raconter… Le jeune homme raconte trois blagues à des voisins de table qu'il a abordés sans trop de difficultés : “ils aiment qu'on leur raconte des blagues marocaines en version très britannique, c'est-à-dire un peu coincé. Ils éclatent de rire alors que la même farce dans mon quartier à Hay Mohammadi me vaudrait une bonne correction pour mépris et non respect à l'assistance. L'échelle des valeurs est mesurable aussi à cela, et je ne raconte pas des sornettes”, conclut le jeune fringuant, heureux de sa démonstration. Arrivent les trois compères avec une jeune fille très jolie qui a eu beaucoup de succès dès son entrée dans le pub. Salwa a 22 ans et suit des études d'arts : “Hamid veut bien m'épouser, mais il parle trop alors j'ai peur des beaux parleurs et surtout des hâbleurs”. Pour esquiver la raclée de Salwa, le bonhomme redémarre sur les communautés étrangères de Londres. Il passe en revue comme un livre tout ce qu'il sait sur la question et prend de temps à autre le temps de vérifier si l'auditoire suit ce qu'il dit ou si nous étions tous submergés par l'odeur capiteuse de sa belle dulcinée. Un cours d'histoire “La majorité des immigrants étrangers est venue d'Inde, du Pakistan, du Bangladesh et des Caraïbes. Les Marocains sont la minorité des minorités. A cette population de l'immigration traditionnelle viennent s'ajouter des ressortissants de Chine et du Japon”. La capitale qui a d'abord servi de refuge aux persécutés d'Europe (Huguenots, fidèles de Napoléon sous la Restauration, les résistants aux nazis...), d'asile politique pour les Européens, est devenue ville d'accueil pour les ressortissants du Commonwealth en quête d'amélioration économique. Très vite, le verre entre fils du pays devient un cours d'histoire. Hamid vérifie ses connaissances et invite les Anglais à partager ce moment de mémoire fait par un immigré dans un pub au Covent Garden. Une jeune Anglaise nous apprend que “comme ailleurs en Europe, les autorités se sont aperçues au début des années 1950 qu'un apport de main-d'œuvre du Commonwealth était nécessaire pour éviter de bloquer les rouages de la capitale. La Grande-Bretagne se tourna d'abord vers les "West Indies", c'est-à-dire vers la Jamaïque et autres anciennes colonies des Caraïbes. Ces premiers immigrants ont choisi les quartiers du Sud-Ouest de Londres (Brixton, Lambeth). Cette intégration se fit sans véritables heurts et la communauté fraîchement arrivée s'organisa autour d'églises et de chapelles. Cependant, cette atmosphère plutôt calme se brouilla surtout dans les années 1980 avec notamment des tensions raciales et des émeutes violentes en 1981”. Ces quartiers sont aujourd'hui caractérisés par un fort taux de chômage et une forte présence de la drogue. Des Marocains qui ont viré de bord y ont trouvé refuge. Pour Salwa ce sont là les premières victimes d'une politique de marginalisation qui fait que les immigrés sont des vaches à traire et des bras qui fournissent du travail. Hamid explose littéralement. Pour lui ce sont des gens incapables de couler dans d'autres sociétés, des esprits étroits, des personnes faibles qui ne devaient jamais sortir de leurs quartiers au pays. S'ensuit une polémique de tous les diables entre les deux amis qui a failli tourner à la bagarre n'était la malencontreuse intervention d'un Anglais qui a suivi quelques bribes de l'affaire et qui a voulu apporter son grain de sel. Il dit que pour la jeunesse arabe et musulmane non issue de familles riches, il n'y a que deux chemins à suivre : la mosquée ou la drogue. Salwa et Hamid lui sautent dessus l'étripant de phrases ininterrompues dans un anglais qui nous passait par-dessus la tête sur la faute du gouvernement socialiste, Blair, la haine raciale, les noirs du Royaume Uni, les dérives d'une jeunesse britannique aux prises avec les partis-pris et les préjugés… Le jeune Anglais en a pris pour son grade et Hamid ne tarissait pas encore d'invectives en demandant au jeune s'il avait fait le déplacement à la galerie BRUNEI pour se faire une idée sur les Arts plastiques marocains. Devant le non béat de l'Anglais, Hamid fulmine : “comment oser alors parler de ce qu'on ignore ! Evidemment le Maroc et les Arabes sont pour toi un titre de télé journal le soir sur la BBC et encore ! Pour moi, il s'agit d'un problème plus complexe et plus lointain qui frappe de plein fouet ton avenir et le mien, mais cela ne semble pas avoir effleuré ton esprit, cher ami !” Et d'ajouter pour asséner le coup fatal : “ce n'est pas parce qu'un autre quartier fortement antillais se trouve à Notting Hill où chaque été se déroule le plus grand carnaval d'Europe, que les Antillais sont bien dans leurs peaux!!!”. Il ne restait plus que les applaudissements pour achever le jeune Anglais qui s'est enfermé dans un silence pieux devant la grande maîtrise de “monsieur, je suis celui qui vous dira la vérité sur ce qui se passe ici devant vos yeux et que vous n'arrivez pas à voir”. Pour détendre l'atmosphère, on oriente la conversation vers d'autres communautés comme les francophones qui se sont regroupés dans le Borough de Kensington and Chelsea dont les catalyseurs sont le Lycée français Charles de Gaulle, le Consulat et l'Ambassade de France. Ou alors sur le point d'ancrage des Etats-Uniens qui se trouvent au Nord, à Maida Valley et St John's Wood, près de l'American School. Sans oublier les Russes qui se sont organisés autour de Highgate, à l'Est où est située l'Ambassade. Ou encore la communauté allemande, cantonnée dans les environs de Wimbledon, dans le Sud où l'on trouve le Lycée allemand. Aziz, jusque-là silencieux et regardant d'un air amusé les prouesses de son pote se mêle à la discussions en nous disant que “les Japonais de la City ont choisi les Docklands qui sont nouvellement aménagés comme résidence. Une autre enclave nippone est au Nord-Est, à Golders Green où s'est regroupée la diaspora israélite. Les choses semblent prendre des aspects autres de ce côté-ci de la ville. C'est comme ça !”. “Et comme toute grande ville qui se respecte, Londres a aussi son Chinatown. Il est en plein cœur de la ville, dans ce qu'on appelle Soho. Ce quartier chaud est le fief des restaurateurs et commerçants chinois. Il est aussi l'un de mes endroits préférés à Londres” jette Hamid, détaché comme pour tourner la page de la colère de tout à l'heure. Enfin, on apprend que les Indiens et Pakistanais se sont fixés sur la rive Sud de la Tamise et aux environs de l'aéroport d'Heathrow. Cependant pour ce qui est de cette minorité, la "géographie ethnique" n'est pas très pertinente puisqu'elle s'est intégrée dans à peu près tous les quartiers de Londres. “Voilà des gens qui ont donné un autre sens au mot intégration !” surenchérit Salwa qui se voit vite remise à sa place par un “à quel prix !” cinglant de la part de Hamid. Le soir en famille Londres est un ensemble de quartiers aux caractéristiques et identités différentes. Il suffit de jeter un coup d'œil autour de soi et l'on trouve à coup sûr l'endroit qui convient le mieux. Ici le temps est précieux, mais un voyage de 45 minutes pour aller au bureau ou rendre visite à un ami est une chose normale, c'est peut-être pour cette raison que tout le monde est toujours pressé, surtout dans le métro. Pour aller à Soho voir Hamid qui a promis de nous emmener chez une famille marocaine typique de Londres, il a fallu presque une heure dans la frénésie londonienne où les visages semblent barricadés, indéridables, de glace. Hamid nous promet une belle soirée et un bon tajine “bien de chez nous”. Nous retraversons la ville pendant presque encore une heure pour enfin arriver à Forrest Hill, une banlieue très sympathique, très verdoyante et très calme. “C'est un quartier qui est en train de devenir très à la mode. Il est loin de la ville et du bruit et il est magnifique pour les enfants qui trouvent de l'espace pour jouer ; sentir l'air frais de la campagne et surtout échapper au stress”. La famille Khalil est composée de cinq personnes : le père Si Khlili, la mère Halima, les deux garçons, Ali et Ayman et la jeune fille Bouchra. Ce couple presque quinquagénaire vit à Londres depuis vingt ans. “Nous ne sommes pas nombreux en Angleterre. Moi, je fais partie d'une première vague de gens qui sont venus à Londres évitant l'embouteillage vers la France ou la Belgique”. La soirée s'annonce très bien surtout que Khalil aime blaguer et tout tourner en dérision. On nous sert un bon thé marocain sans menthe : “il est meilleur sans menthe, il faut juste s'y habituer” laisse échapper la mère qui s'est empressée de chauffer quelques crêpes bien marocaines qu'elle a sorties de derrière les fagots. Hamid entame sa ronde d'intello sans lunettes qui a toujours envie d'en découdre avec quelqu'un : “les choses ne sont pas pires qu'avant, mais depuis le 11 septembre 2001 l'Arabe est très mal vu plus qu'avant”. Et il invite Khalil à prendre part à sa réflexion. Khalil est diplomate. Il ne s'avance pas facilement et prend le temps de jauger la situation et surtout les gens à qui il s'adresse : “quoi qu'on puisse dire sur la situation des Musulmans en général ici, ça peut sembler erroné puisqu'il est très difficile de juger de l'extérieur. Ma famille n'a pas subi d'affront, n'a pas eu à se défendre comme d'autres familles pakistanaises ou égyptiennes ou libanaises. Généralement le Marocain est assez bien vu, mais les amalgames vont bon train et les journaux aidant, on tombe souvent dans des situations drôles et regrettables”. Hamid profite d'un moment où les deux maîtres des lieux sont occupés à peaufiner leur dîner pour nous apprendre que certains Marocains ont été insultés dans le métro ou même sur leurs lieux de travail ou encore à la sortie d'un stade de foot par un malade hooligan bourré de bière et de haine. Quand arrivent les enfants, la discussion devient plus riche et les langues se sont très vite déliées ; “je suis très heureux ici malgré tout ce que l'on peut dire sur les conflits qui montent entre communautés. Il y a une règle d'or qui voudrait que toute personne qui se respecte est traitée avec égard. Je sais que certains Marocains ont été victimes de propos et de comportements racistes, mais ceci est valable partout dans le monde et même au Maroc où l'on est encore à dire Hachak pour le Juif et le Chrétien. Il y a des gens arriérés partout et ce que je veux pour mes enfants c'est de grandir dans le respect d'eux-mêmes et des valeurs qui sont les nôtres c'est-à-dire la dignité et l'estime de l'autre dans la tolérance”. Khalil parle doucement, prend le temps de vérifier ce qu'il va dire et regarde avec attention la réaction de ses enfants. Ayman semble ne pas être d'accord et relate certains faits comme le cas de ce jeune Pakistanais tué par des racistes et tant d'autres cas de violences contre les Musulmans. Sa sœur lui rétorque que ce qui se dit dans certaines mosquées est dangereux aussi et pousse les jeunes Musulmans à des actes criminels qu'ils ne calculent pas et qui font avorter des années de travail et de labeur de gens qui ont tout fait pour s'intégrer dans un pays qui leur a peut-être offert une deuxième chance. La mère quant à elle est très économe en mots, mais va à l'essentiel : “je suis ici depuis vingt ans, j'ai un peu appris à parler anglais, j'ai des amies anglaises qui m'aiment bien et qui viennent me voir de temps à autre et qui me reçoivent avec plaisir chez elles”. Une ville multiculturelle Sans aller plus loin, on comprend que souvent les problèmes ont des causes qui dépassent les cas individuels et que chacun, de son point de vue, a raison de penser que l'avenir est sombre et que pourtant si l'on respecte autrui, il y a de fortes chances de passer à travers les dangers de la haine religieuse, idéologique et civilisationnelle. Khalil, après le dîner, se propose de faire un tour dans le voisinage pour nous montrer un peu le quartier et nous raconter une histoire d'un ami qu'il a perdu de vue depuis plus de cinq ans : “il avait un boulot qui payait très bien et une famille dont les enfants sont intégrés, fréquentaient de bonnes écoles et vivaient dignement. Le père, du jour au lendemain, refusait de nous adresser la parole et disait que nous étions des traîtres puisque nous avons accepté de vivre selon les règles d'un pays qui est contre l'Islam. Nous avions beau lui expliquer que ce n'était pas vrai et que la haine dont il parlait n'existait que dans sa tête, il nous tournait le dos et allait se réfugier dans une des mosquées de la haine jusqu'au jour où le pire arriva”. Le pire est que ce bonhomme, père de famille gagnant bien sa vie est parti en Afghanistan, a perdu son travail ; a détruit l'avenir de ses enfants qui ont été contraints de rentrer au pays et de recommencer une nouvelle vie en essayant d'oublier la folie de leur père. D'autres exemples ont été évoqués cette nuit-là sur le mode de vie des Marocains, leurs traditions, le ramadan en Angleterre, l'Islam, les jeunes qui sont intégrés et les craintes d'un futur qui semble bizarre : “je ne sais pas de quoi sera fait demain, mais laissez-moi vous dire que ma vie à moi est faite entre deux ponts : le Maroc et l'Angleterre. Je vais souvent dans mon pays pour me ressourcer, et ici je vis en harmonie avec le mode de vie d'un pays qui n'agresse pas mes acquis. Je voudrais que mes enfants soient des ponts entre deux cultures, deux mondes qu'ils connaissent très bien puisqu'ils sont riches des valeurs ancestrales de notre pays et des valeurs occidentales qui ne sont pas condamnables. Mes enfants parlent bien leur langue, veillent à honorer leurs origines et à les défendre non pas par la haine mais par le travail et la réussite ”. On quitte la famille Khalil sur des notes d'optimisme et l'on s'abandonne à la fraîcheur de la nuit londonienne dans un pub très branché selon Hamid : “regardez, c'est une ville multiculturelle où cohabitent des gens provenant de tous les pays, une métropole toujours prête à accueillir les nouveaux arrivants, mais son ventre est terrible et cette ville peut vous broyer comme une machine infernale si vous ne faites pas attention où vous mettez les pieds”. Londres, la nuit, devient la capitale mondiale de la jeunesse, seulement concurrencée par New York et Paris pour les manifestations culturelles. Hamid nous dit qu'elle “offre rien moins que 60.000 places de concert ou de spectacle par soirée” et que la semaine dernière une star pour teenagers comme Jon Bonjovi donnait un concert à Hyde Park pour la paix. Avant de partir, notre guide londonien jette une blague sur les kamikases de Casablanca et dit que quoi qu'il arrive : “le Maroc reste grand et respecté dans le monde et cela s'est vérifié encore durant le mois de juin grâce à l'art”. Peut-être est-ce là l'une des manières de lutter contre les obscurantismes et de faire fructifier les efforts de tous ceux qui aiment la paix et la tolérance dans le monde. Hamid nous lance un clin d'œil et dit que pour ça c'est O.K et que demain appartient à ceux qui ont compris que seul le dialogue mérite que l'on s'y arrête… DNES à Londres Abdelhak Najib