Contrat-programme de la pêche Une mouture provisoire du contrat – programme est déjà prête. La sortie de la mouture finale dépend des futures propositions des professionnels qui sont invités par le gouvernement à donner leurs recommandations. Des réunions de part et d'autre sont prévues pour discuter d'un contrat – programme définitif dont les objectifs majeurs visent le développement d'une filière longtemps exposée à la tourmente suscitée par la non-reconduction avec les Espagnols de la convention sur la pêche. Une importante réunion a été tenue le 25 mars 2003 par le bureau de la fédération des industries de la mer à la CGEM. Ordre du jour : discuter du projet du contrat-programme 2003-2007, élaboré par les services internes du ministère de la pêche en tenant compte des premières propositions avancées par les professionnels lors des précédentes réunions avec le ministre. Mais, ce contrat-programme, dans sa version actuelle, n'a pas été encore présenté aux professionnels pour discussion. Au moment où nous mettions sous presse, ces derniers, suite à de nombreuses réunions tenues au ministère, s'apprêtent à soumettre au ministre leurs remarques et critiques au sujet de ce contrat qu'ils estiment globalement positif. Au-delà du fait qu'il constitue un cadre stratégique pour l'organisation et le développement de la filière pêche, ce contrat-programme s'assigne des objectifs pour le moins vitaux qui redonneront à ce secteur, objet de toutes les convoitises, la place qu'il mérite dans l'économie marocaine. Premier objectif : la préservation des richesses halieutiques avec une production de poissons qui tournera autour de 1,7 million de tonnes à l'horizon 2007. Cet objectif de production sera réalisé dans le cadre d'une politique dite de prudence qui sera appliquée à tous les professionnels pour éviter les pièges d'un gaspillage périlleux de nos richesses maritimes. Second objectif : augmenter le rôle du secteur de la pêche dans le financement de l'économie marocaine et améliorer le niveau annuel de sa valeur ajoutée pour l'élever à 11% d'ici la fin de ce contrat. Troisième objectif et non des moindres : créer pas moins de 32.000 nouveaux postes de travail. Cette promesse de création d'emplois allègera substantiellement le niveau du chômage qui a frappé ce secteur pendant les temps troubles avec nos voisins espagnols avec lesquels la convention sur la pêche n'a pas été reconduite. Sur le marché international, le contrat-programme prévoit comme quatrième objectif la réalisation sur le marché extérieur d'un niveau d'exportation évalué à 20 milliards de dirhams à l'horizon 2007. Du côté des professionnels, leurs engagements sont nombreux. Mais les plus importants concernent l'investissement pour lequel ces derniers comptent déployer des efforts considérables en se fixant comme objectif 5,2 milliards de dirhams. Résultat, le niveau interne de consommation par tête d'habitant pourrait passer de 9 à 16 Kg chaque année jusqu'à l'horizon 2007. De son côté, le gouvernement dans un esprit de concertation et de travail en commun s'engage dans ce contrat-programme à réactiver les recommandations du Conseil supérieur pour la protection et l'exploitation de la richesse halieutique aux fins de rationaliser l'exploitation de cette ressource, la revaloriser et la préserver ainsi que la prise en charge de l'aspect social et professionnel des marins pêcheurs. Cet aspect occupe toute sa place dans l'agenda d'actions du gouvernement. Ainsi, l'effort de ce dernier en faveur des marins pêcheurs s'articule autour de deux axes majeurs : d'abord, il est prévu de renforcer leurs qualifications en organisant d'intenses cycles de formation continue. Ensuite, pour leur offrir des conditions favorables de travail, le gouvernement s'engage à poursuivre le programme de création de villages d'habitation et de points aménagés de travail. Pour garantir aux consommateurs un poisson de qualité, les autorités de tutelle ont pris l'engagement de participer au développement des circuits de distribution du poisson et favoriser la réalisation de transactions commerciales transparentes. Autre engagement du gouvernement : sortir dans les plus brefs délais le code de la pêche avec tous ses textes applicatifs. D'un commun accord entre les deux parties, gouvernement et professionnels, ce contrat-programme prévoit la création de deux fonds qui seront placés au service aussi bien des professionnels que des marins pêcheurs. Le premier qui sera financé par les professionnels, eux-mêmes, aura pour objectif d'indemniser tout bateau ayant modifié la nature de sa pêche ou quitté définitivement le secteur. Le second qui sera financé par des prélèvements effectués sur les ventes de poissons dans les ports va appuyer divers programmes de développement concernant la recherche scientifique, l'élevage d'espèces halieutiques et le contrôle de la pêche. Mais, une chose est sûre : ce contrat-programme aux objectifs ambitieux et aux engagements fermes de part et d'autre n'est pas encore prêt dans sa version finale. Des consultations sont toujours en cours dans le but de dégager un consensus général et définitif au sujet du devenir du secteur de la pêche au Maroc. Un secteur névralgique qui a été l'objet de nombreux tiraillements pour le moins dangereux pour toute l'économie nationale.