Doubler le chiffre d'affaires à l'export, pour atteindre 20 milliards de DH et booster les prises, pour arriver à un niveau de 1,7 million de tonnes d'ici 2004. Tels sont les deux objectifs du contrat-programme préparé par le ministre des Pêches maritimes, Taeib Rhafès. Les professionnels rejettent le contenu de ce projet pour absence de concertations. Divergences. Le ministre des Pêches maritimes, Taeib Rhafès mène en solo le projet de contrat-programme pour son secteur . Il vient de rendre publique le 6 mars à Casablanca, la première mouture de cet accord qui s'inscrit dans une perspective de contractualisation des engagements entre le gouvernement et les professionnels du secteur. Ce projet, qui couvre la période allant de 2003 à fin 2007, s'articule sur quatre axes : la sauvegarde de la ressource, la création de richesses et des emplois, la formation professionnelle et la modernisation de la flotte maritime. En effet, le préalable pour insuffler une nouvelle dynamique au secteur exige le développement durable des pêcheries et la préservation de l'équilibre biologique de la ressource et des écosystèmes aquatiques. Cette politique de préservation passe notamment par le développement de l'aquaculture. «L'investissement dans la promotion de cette activité permettra certainement de soulager la pression sur notre richesse halieutique», martèle Taeib Rhafès. À titre d'exemple, la pression sur les ressources halieutiques en céphalopodes a entraîné un épuisement des stocks du Maroc à hauteur de 60 %. Le second axe du contrat-programme, concocté par le ministère, prévoit d'encourager aussi la création de richesses et des emplois. Actuellement, le niveau des prises a atteint un million de tonnes, l'objectif d'ici 2007 est d'atteindre 1,7 million de tonnes avec un chiffre d'affaires pour l'export de l'ordre de 20 milliards de DH soit le double du chiffre réalisé en 2002. Le ministère table, également, sur la création de 100 mille emplois supplémentaires d'ici quatre ans. Jusqu'à présent, le secteur emploie 400 mille personnes. Sur un autre volet, la mouture provisoire du contrat-programme a consacré plusieurs articles à l'encouragement de la formation maritime. Concrètement, l'accord stipule la formation annuelle de 1.500 stagiaires issus des modes de formation initiale, par alternance et par apprentissage. En outre, dix mille personnes bénéficieront d'un programme de formation continue de vulgarisation et de formation spécialisées. La lutte contre l'analphabétisme touchera aussi deux mille personnes opérant dans le secteur de la pêche maritime. Le quatrième axe du projet de Rhafès pour dynamiser le secteur comprend la modernisation de la flotte maritime À cet égard, le ministre, des Pêches maritimes a exprimé son vœu de doter le Royaume d'un chantier naval pour parer au problème de la vétusté de la flotte maritime. « Des investisseurs européens ont déjà manifesté leur intérêt pour ce projet. Une fois l'accord conclu un site sera choisi », a révèlé Rhafès. Ce choix s'explique par l'hémorragie de devises de l'ordre de 150 millions de DH résultant de l'acquisition des pièces de rechange et des maintenances des bateaux. Le hic du projet de contrat-programme préparé par le nouveau ministre réside dans le manque de concertation soulevé par les professionnels. Ces derniers n'ont pas hésité de critiquer Rhafès pour ne les avoir pas associés dans la rédaction et la préparation du contenu dudit accord. Le ministre pour sa part, récuse cette critique et leur renvoie la balle en les critiquant du retard de l'envoi de leurs doléances et propositions relatives à la relance du secteur. Lors de sa rencontre avec les médias, Rhafès n'a pas omis de faire part de sa vision en ce qui concerne la renégociation des accords de pêche avec l'Union Européenne. «Si renouvellement d'accord il y a, il doit être guidé par une logique d'encouragement de la création de richesses et des emplois au Maroc et pas ailleurs comme c'était toujours le cas auparavant», précise-t-il. À rappeler que les précédents accords de pêches conclus avec les européens permettaient au trésor de recevoir annuellement une contre partie financière de l'ordre de 150 millions de dollars.