Le bilan des progrès réalisés en matière de pauvreté, d'éducation et de santé reflète directement l'état du développement humain du pays. Les principaux enseignements tirés concernant le développement humain, à mi-parcours de la concrétisation des objectifs, font ressortir que le Maroc est confronté à plusieurs défis, notamment, l'activation des réformes pour juguler l'analphabétisme et réduire la pauvreté. C'est pour cette raison que les autorités publiques ont accordé une importance particulière aux secteurs sociaux au regard de leur impact sur la valorisation du capital humain. Plusieurs réformes ont été entamées, au cours de ces dernières années, pour la mise à niveau du secteur de l'éducation, de la santé, de la promotion de la place de la femme dans la société et la lutte contre le chômage. Le développement humain et la pauvreté La mise en œuvre de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain, lancée en 2005 par sa Majesté le Roi Mohammed VI, est venue renforcer cet élan, notamment dans le monde rural. Ce grand projet institue la lutte contre la pauvreté comme une composante constante et prioritaire du développement économique et social du pays. Il a vocation à se réaliser en complément et en synergie avec les programmes sociaux ordinaires du gouvernement. Sa mise en œuvre adopte une approche participative et contractuelle impliquant les élus et la société civile. A cet effet, et en vue d'identifier les zones d'actions prioritaires, des cartes communales ont été élaborées. Ces réformes ont été appuyées par un effort budgétaire important puisque la part du budget de l'Etat affectée à ces secteurs a atteint 55% en 2007 contre 41% en 1992. Plus récemment, les préoccupations suscitées par les niveaux encore élevés de pauvreté et de vulnérabilité, ont poussé les pouvoirs publics à initier, dès 2005, une nouvelle approche de développement tournée vers la réduction des déficits sociaux et des inégalités. Le Maroc, sous le règne de Sa Majesté Mohammed VI, a érigé le développement humain comme priorité et a mis en œuvre ces dernières années un vaste programme économique et social à caractère structurant. En témoignent l'initiative nationale pour le développement humain (INDH) et les grands projets d'envergure (Tanger Med, Plan Azur, etc…). L'appareil productif marocain reste cependant marqué par une faible compétitivité due essentiellement au niveau peu développé de son capital humain. A cet égard, les travaux menés ont mis en exergue une forte interdépendance entre la croissance économique et le développement humain et ont dégagé comme contraintes majeures à la croissance la qualité de la gouvernance et le faible niveau du capital humain et particulièrement, l'éducation et la santé. Ainsi, le Maroc reste encore mal classé sur l'échiquier international selon les indicateurs du développement humain. En effet, L'indicateur de développement humain (IDH), bien qu'il reste à des niveaux limités, connaît une croissance relativement importante. Il est passé de 0,551 en 1990 à 0,646 en 2005. Si la place du Maroc a reculé ces dernières années, c'est que d'autres pays, à revenu moyen similaire ont avancé plus vite. Le Maroc est classé, selon le rapport mondial sur le développement humain 2007/2008, au 126ème rang sur un total de 177 pays. Cette situation est non seulement attribuable aux niveaux élevés de l'analphabétisme, particulièrement en milieu rural, mais aussi à la faible capacité de management des ressources et à la lenteur des initiatives et réformes visant la qualification du capital humain. En fait, les progrès réalisés dans le domaine de l'éducation en termes de scolarisation, de niveaux d'instruction et de formation de la population ont été significatifs au vu des déficits hérités au lendemain de l'indépendance. Cependant, le dualisme de l'enseignement préscolaire, la non généralisation de la scolarisation au primaire, la faiblesse des infrastructures au milieu rural et la faiblesse du rendement interne et externe de l'ensemble du système éducatif, sont autant de problèmes auxquels le Maroc devrait faire face pour relever les défis de l'avenir. Parallèlement, l'état sanitaire de la population a connu une amélioration notable durant les dernières décennies, comme en témoignent les principaux indicateurs. Cependant, le secteur demeure marqué par une surmortalité infantile et maternelle par rapport aux pays de même niveau de développement en liaison avec la faible couverture sanitaire en milieu rural et dans les zones éloignées, l'encadrement insuffisant et le manque de moyens financiers. La tendance de la pauvreté annonce la réalisation, au Maroc, de l'objectif de « réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à 1 $ par personne et par jour, et la proportion des individus qui souffrent de la faim ». Mesurée à 1 $ US PPA par jour et par personne, la pauvreté est plutôt symbolique au Maroc. Elle s'est fixée en 2007 à 0,6% à l'échelle nationale. Ce taux se fixe respectivement à 0,1% en milieu urbain et à 1,2% en milieu rural, sachant qu'il n'est pas significativement différencié selon le sexe. Mesurée à 2 $ US par jour et par personne en PPA, l'incidence de la pauvreté a été réduite de manière significative entre 1990 et 2007. Elle s'est établie à l'échelle nationale à 30,4% en 1990 et à 8,2% en 2007. Le recul de cette forme de pauvreté a été observé aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural. Son incidence urbaine s'est fixée à 13,3% en 1990 et à 3,6 % en 2007. Dans les zones rurales, cette incidence s'est établie à 54,5% en 1990 et à 14,3 % en 2007, montrant que la baisse a été plus consistante au regard des efforts déployés par les pouvoirs publics et la société civile en matière de lutte contre la pauvreté. Au niveau global, la pauvreté touche encore des pans importants de la société, et ce, malgré les progrès enregistrés sur le plan social. Entre 2000 et 2007, le taux de pauvreté est passé de 15,3% à 9%. A cet égard, les résultats de l'enquête sur les niveaux de vie des ménages de 2007 montrent que la croissance des niveaux de consommation et la stagnation des inégalités ont réduit la pauvreté et la vulnérabilité de manière significative entre 2001 et 2007. La pauvreté relative est passée de 15,3% à 9% au niveau national, de 7,6% à 4,8% en milieu urbain et de 25,1% à 14,5% en milieu rural. Par contre, la vulnérabilité est passée de 22,8% à 17,5% au niveau national, de 16,6% à 12,7% en milieu urbain et de 30,5% à 23,6% en milieu rural. En termes d'effectifs, si le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de la pauvreté s'élève en 2007 à 2,8 millions de personnes, il y a lieu de noter que, depuis 2001, 1,7 millions de marocains sont sortis de la pauvreté et 1,2 million sont sortis de la vulnérabilité. Le rythme modéré de la croissance économique et l'insuffisance des mécanismes assurant la redistribution des revenus ont entravé la réalisation de résultats meilleurs dans ce domaine. L'enjeu actuel pour le Maroc réside dans la mise en marche du chantier du développement humain en parallèle à l'adoption de politiques économiques efficientes. Car, il est admis de nos jours que l'édification de sociétés plus riches est tributaire du progrès en matière de capital humain. En général, les entreprises prospèrent dans des sociétés dynamiques qui cultivent l'esprit d'entreprenariat et qui investissent dans leurs membres leur accordant la liberté et la confiance nécessaires pour développer leur potentiel. En plus des actions « classiques » de lutte contre la pauvreté, comme la gratuité de l'enseignement ou de la santé et la compensation des prix des produits de base, d'autres mesures visent à améliorer les infrastructures de base et faciliter l'insertion économique des populations défavorisées telles que le renforcement des programmes d'alphabétisation ou l'institution du micro-crédit. Les pouvoirs publics ont créé de nouvelles institutions pour appliquer et coordonner cette politique, notamment l'Agence de Développement Social qui doit renforcer le partenariat avec la société civile et le secteur privé. L'Entraide Nationale, qui offre des services de proximité au profit des personnes défavorisées, a fait l'objet d'une restructuration pour mieux cibler ses actions et les étendre vers le milieu rural et péri-urbain. Concernant les infrastructures sociales, le Maroc a lancé, au cours des dix dernières années, d'importants programmes d'amélioration des conditions de vie, tant en milieu rural qu'en milieu urbain, dont les résultats sont perceptibles sur le développement humain. En milieu rural, ces programmes ont ramené le taux d'accès à l'eau potable à près de 48% et le taux d'électrification rurale à 50% en 2001 contre respectivement 14% et 22% en 1995. Le rythme des réalisations sera accéléré à l'avenir grâce au succès des premières tranches et à l'adoption d'une approche participative qui a permis l'adhésion des populations à ces projets. En milieu urbain, la lutte contre l'habitat insalubre a été activée par l'élaboration d'une nouvelle stratégie pour faire face à l'ampleur des déficits dans ce domaine au profit de 630.000 ménages. Cette stratégie a vu le jour en janvier 2002, faisant appel à un partenariat renforcé entre l'Etat, les collectivités locales et les bénéficiaires. Ce programme devrait s'étaler sur dix ans et nécessite un investissement global de près de 29 milliards de dirhams. Les infrastructures et services sociaux de base ont ainsi fait l'objet de programmes d'envergure qui ont permis d'améliorer significativement les indicateurs de développement humain. L'accès à ces services demeure cependant souvent tributaire du niveau de vie. La garantie de sources de revenus est donc essentielle pour améliorer les conditions de vie et réduire les inégalités. Le travail constitue la source de revenu la plus répandue et un facteur de redistribution des richesses. La croissance économique et l'emploi étant corrélés, l'action des pouvoirs publics pour la lutte contre le chômage s'est souvent inscrite dans la création d'un environnement favorable à la croissance et aux investissements générateurs d'emplois. D'autres mesures de promotion de l'emploi directes ont été mises en oeuvre et ont concerné la formation des ressources humaines ou l'encouragement à l'auto-emploi. Au Maroc, les mesures de promotion de l'emploi n'ont pas été intégrées dans une stratégie globale de lutte contre le chômage faisant participer les différents intervenants ; systèmes de formation, partenaires sociaux, agents économiques. Devant s'appuyer sur des politiques actives en matière d'emploi qui complèteraient les réformes relatives à l'environnement des affaires, cette stratégie devrait se baser sur une évaluation précise des impacts des différentes mesures de promotion de l'emploi mises en oeuvre. L'ampleur des chantiers à poursuivre ou à mettre en oeuvre dans les domaines sociaux requiert une contribution active de l'Etat, des Collectivités Locales, des entreprises et de la société civile au financement des différents programmes. Pour l'Etat et les collectivités locales, il faudrait poursuivre la rationalisation des dépenses publiques en vue d'une meilleure répartition des crédits et la coordination des programmes sociaux pour capitaliser les efforts de lutte contre les inégalités. L'éducation et la lutte contre l'analphabétisme A partir du début des années 80, le système éducatif marocain est entré dans une longue crise dont les symptômes les plus patents sont : les déperditions scolaires, le chômage des diplômés de l'université, la faiblesse des apprentissages fondamentaux (lecture, écriture, calcul, langues, communication). En dépit, et parfois à cause d'une série de réformes, parfois improvisées et le plus souvent inachevées, le système éducatif est devenu une lourde machine peu rentable, productrice de diplômés mal préparés aux changements et aux exigences de l'économie et de la société moderne. Le système a fini par produire une école à plusieurs vitesses, dont les performances se dégradent au fur et à mesure que l'on s'éloigne des centres des grandes agglomérations urbaines. En 1999, un ambitieux projet consensuel, de rénovation du système d'éducation et de formation, a été consacré dans une charte nationale. L'éducation a été, depuis, déclarée première priorité nationale après l'intégrité territoriale. A ce jour, des efforts importants ont été consentis, mais les résultats obtenus demeurent insuffisants par rapport aux objectifs fixés. Des progrès quantitatifs indéniables ont été réalisés en matière de généralisation de la scolarisation et des chantiers ont été ouverts, couvrant aussi bien les aspects pédagogiques que la déconcentration et les modes de gestion. En effet, le Maroc consacre d'importantes ressources financières à son système éducatif comparativement à beaucoup de pays en développement. C'est ainsi qu'en 2007, 31,4% du budget général de fonctionnement ont été alloués au secteur de l'éducation / formation. Ce secteur représente 6,1% du PIB. En effet, le Maroc consacre d'importantes ressources financières à son système éducatif comparativement à beaucoup de pays en développement. Ainsi, en 2008, 31,4% du budget général de fonctionnement a été alloué au secteur de l'éducation/ formation. Si nous comparons la situation du Maroc à celle d'un pays arabe comme la Syrie (Chedati B., 2007), nous constatons que le taux global d'abandon au niveau du cycle primaire au Maroc est d'environ 3,8 fois celui de la Syrie, alors que cette dernière consacre moins de ressources à son système éducatif. INDH en résumé Objectifs globaux : • Consolider l'Etat moderne : démocratie, Etat de droit, promotion des droits de la femme et de l'enfant ; • Générer la croissance par des réformes et des projets structurants ; • Assurer le développement humain dans ses dimensions économiques, sociales et culturelles, fondé sur les principes de bonne gouvernance. Objectifs spécifiques : • Soutien aux activités génératrices de revenus ; • Développement des capacités ; Amélioration des conditions d'accès aux services et infrastructures de base ; • Soutien aux personnes en grande vulnérabilité. Objectifs opérationnels : • Programmes concernant l'ensemble des préfectures et provinces : un programme transversal et un programme de lutte contre la précarité ; • Programmes ciblés territorialement : un programme de lutte contre l'exclusion sociale en milieu urbain ciblant 265 quartiers urbains et un programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural ciblant 403 communes rurales. Financement : Un Compte d'Affectation Spéciale est créé avec 10 milliards DH pour la phase 2006-2010, alimenté comme suit : • 6 MMDH à prendre en charge par le budget général de l'Etat • 2 MMDH à prendre en charge par les collectivités locales ; • 2 MMDH à prendre en charge dans le cadre de la coopération internationale.