Généralisation des lignes étrangères de crédit à toutes les banques de la place, unification des taux d'intérêt sur ces lignes à 5% et création de nouveaux fonds de garantie sont les principales mesures annoncées par l'argentier du pays à l'adresse des opérateurs économiques. Détails. La réalité est amère. Les banques marocaines rechignent à financer l'économie. Les petites et moyennes entreprises en souffrent énormément. Que faire alors ? Comment débloquer la situation ? Quelles mesures prendre pour inciter les banques à assouplir leur attitude vis-à-vis des entreprises ? Répondre à ces questions est un casse-tête auquel Fathallah Oualalou, l'argentier du pays, est quotidiennement confronté. Mais, lors de la récente rencontre entre les membres de la CGEM et le gouvernement, Oualalou a annoncé des mesures concrètes allant dans le sens d'une plus grande ouverture des banques sur les entreprises. “Les lignes de crédit étrangères contractées par le Maroc avec de nombreuses institutions financières et institutions étatiques (pays) ont été faiblement utilisées”, lance, très déterminé, le ministre qui annonce dans le fond de son discours une extension de ces lignes à toutes les banques de la place. Car, autrefois, ces lignes de crédit qui recèlent d'importants montants destinés d'une manière prioritaire au financement de la mise à niveau des entreprises ont été, depuis leur lancement, gérées par une poignée très restreinte de banques. Cette limitation d'une politique de financement censée se généraliser à toutes les entreprises marocaines n'a pas porté ses fruits. La décision de l'étendre à toutes les institutions financières du pays serait certainement la bienvenue auprès des entrepreneurs. Autre mesure importante annoncée par Oualalou, mais cette fois-ci directement destinée aux banques : l'Etat accepte de leur accorder une commission sur des crédits consentis aux entreprises. Cette commission dont les modalités de fixation et de distribution n'ont pas été définies par le ministre permettrait, selon ses dires, de redynamiser la politique de financement jusque-là austère des institutions bancaires. En contrepartie, les banques seront appelées à unifier les taux d'intérêt liés aux lignes étrangères de crédit. Désormais, ces taux seront fixés à 5% alors qu'auparavant, chaque ligne de crédit était assortie d'un taux d'intérêt différent. Cela n'arrangeait pas les entreprises auxquelles on proposait une foultitude de lignes de crédit accompagnées d'une variété infinie de conditions. Mais, la grande annonce de Oualalou reste sans doute les trois conventions signées, à la fin de la réunion, entre l'Etat marocain, représenté par la CCG (caisse centrale de garantie) et Dar-Adamane d'une part, et la corporation bancaire représentée par le GPBM (Groupement professionnel des banquesmarocaines) d'autre part. Ces conventions donnent lieu à la mise en place de trois fonds de garantie (voir encadré ci-dessous). Destinés à accompagner les banques dans leur effort de financement des entreprises, ces fonds de garantie constituent à coup sûr l'outil nécessaire pour rendre les banques plus souples et plus aptes à financer l'économie. Dans sa réaction prononcée par son Président, Othman Benjelloun, le GPBM s'est montré très satisfait et soulagé des engagements du gouvernement Jettou pour accélérer la cadence des réformes en vue d'un développement économique rapide et durable. Mais, “sans argent, qu'il a qualifié de nerf de développement et non de la guerre, il n'y aurait pas de développement économique”, a-t-il insisté.