Les banques et le Trésor public sont pointés du doigt. Les opérateurs demandent de plus en plus que les lignes étrangères de crédit ne soient pas liées. La mise en place du «circuit vert», pour ramener le délai de déblocage des crédits à 120 jours, est une alternative à la lenteur constatée des procédures. Dans le cadre daccords bilatéraux, les pays partenaires du Maroc mettent des lignes de crédit à la disposition du comptable de lEtat marocain (le Trésor), lequel délègue sa gestion et sa répartition entre les entreprises éligibles au système bancaire. En bénéficiant du déblocage de lune de ces lignes étrangères de crédit, une entreprise peut obtenir le financement dune partie importante de ses importations déquipements (à titre dexemple), en provenance du pays donateur. Une situation synonyme déconomie importante en devises pour lentreprise bénéficiaire, et dune amélioration de la balance des paiements quand on transpose cette économie à léchelle macro-économique. Lavantage est double pour une entreprise bénéficiaire, puisque le Trésor a fait en sorte que le taux de financement ne dépasse pas les 5%, commissions comprises, et que ce taux soit applicable par toutes les banques nationales. Tout laisse croire que les lignes étrangères de crédit sont faciles daccès. Mais comment se présente la réalité ? Accès difficile Dans les faits, ces lignes sont faiblement consommées par les PME. Certaines lignes même ne sont carrément pas utilisées ! Plusieurs opérateurs économiques estiment que les banques et lEtat (le Trésor public) assument une part non négligeable de responsabilité dans linaccessibilité des lignes étrangères de crédit. Les petites et moyennes structures passent ainsi, malgré elles, à côté dune source de financement importante et très bon marché. Ces lignes présentent linconvénient dêtre liées. En dautres termes, on ne peut en profiter que si son utilisation profite au pays donateur. Ainsi, une PME profitera du financement de 50% de la dépense dacquisition déquipements à titre dexemple, pourvu que ces équipements proviennent du pays donateur. Une condition daccessibilité, qui est en réalité une obligation, qui fait supporter à cette PME un coût dopportunité, puisquelle naura pas la possibilité de bénéficier du coût faible du même équipement quun autre fournisseur propose. Raison pour laquelle la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a toujours demandé que ces lignes de crédit soient libres. Par ailleurs, selon Hammad Kassel, président de la Fédération PME/PMI il y a dautres obstacles non négligeables. Ainsi, précise-t-il, «pour la ligne italienne, une PME est obligée dattendre une année pour pouvoir en bénéficier». Un point qui montre indéniablement que la procédure de déblocage est longue. Or, quand il est question de financement, et donc de risque dasphyxie financière, le temps devient un «ennemi». Cette lenteur tient en réalité au travail dinvestigation initié par ce pays pour sassurer que le fournisseur de cette PME nest pas affilié à une organisation mafieuse. Une tâche qui demande un temps important, sans parler de celui que la procédure administrative exige (une procédure qui se fait en coopération avec le système bancaire marocain). En plus, et sachant quelles nont le droit quà une commission de 1%, les banques font en sorte de commercialiser leurs produits plutôt quune ligne étrangère de crédit. Le Trésor public est également pointé du doigt à chaque fois quen aborde la problématique de la faiblesse du taux dutilisation des lignes étrangères de crédit : lors des négociations portant sur les conditions daccessibilité, le Trésor marocain nassocie pas la CGEM qui est le porte-parole de toutes les entreprises. De ce fait, il faut attendre le renouvellement de laccord entre le Maroc (le pays bénéficiaire) et le pays donateur pour négocier des clauses moins restrictives. Tout cela porte évidemment préjudice aux entreprises nationales. Cest sans doute la raison pour laquelle certaines mesures ont été mises en uvre pour dynamiser lutilisation de ces lignes. Pour preuve, on parle actuellement du «circuit vert» : lobjectif étant de réduire la procédure de déblocage des lignes étrangères de crédit afin de ramener sa durée à 120 jours. Cette durée est déjà applicable sur la ligne française, et le défi est donc de convaincre les autres pays donateurs. Il est vrai que cette initiative est fort louable, mais elle demeure insuffisante. Au regard des difficultés constantes rencontrées par les petites entités, créer une «banque pour les PME» dont lunique rôle est la gestion des garanties, la gestion et loptimisation de laccessibilité aux lignes étrangères de crédit, la mise en place dautres outils de financement semble être la seule planche de salut. La Tunisie la compris, elle qui, il y a deux semaines, a mis en place sa «Banque PME».