Le jeune prodige de la nouvelle scène marocaine sort son deuxième album, «Ter el ali» (l'oiseau haut), symbole de liberté, à l'image de cette voix cristalline qui n'a pas de frontières. Un opus plus mûr, plus authentique, mélange audacieux de musique marocaine et de sons venus d'ailleurs. Entretien. La gazette du Maroc : revenons un peu en arrière. Comment avez-vous débuté ? Nabyla Maan : en 2003, ma tante, actuellement mon manager, m'a offert comme cadeau d'enregistrer une chanson en studio pour m'encourager, car je composais mes chansons sur des textes de mes proches. L'enregistrement a servi de maquette. Puis elle m'a décroché un contrat avec Platinium. J'ai sorti mon premier album en 2005. Vous êtes auteur-compositeur-interprète. De quoi parlent vos chansons ? Je compose les mélodies plus que je n'écris. Ceux qui me sont proches écrivent pour moi, sans que j'aie besoin de leur expliquer précisément ce que j'attends. Ma sœur compose la plupart des chansons en français, mon père et une jeune poète, Fatima Zohra Farah, les textes en arabe classique et Abdelwahab Errami ceux en dialectal. Mes chansons parlent de la vie, de réconciliation avec soi-même, de liberté pour «Ter el ali». Elles transmettent des messages d'espoir. Que s'est-il passé depuis le succès du premier album ? J'ai mûri. Le deuxième album est plus vrai, plus authentique. Les chansons ont été enregistrées avec de vrais instruments, guitares, batterie, percussions, contrairement au premier réalisé avec des synthétiseurs. Cet album mélange différents styles : musique marocaine, arabo-andalouse, rumba, rock, flamenco et même le heavy metal. C'est la composition qui assure son unité à l'ensemble de l'album. C'est Tariq Hillal, mon ancien professeur de guitare et fondateur du groupe Numydia, qui a pris en charge les arrangements et la direction artistique de l'album. Comment définiriez-vous votre style musical ? Je n'essaie pas de m'enfermer dans une catégorie. Je m'inspire de nombreux styles. J'ai été bercée par la chanson française et arabe classique. Mais j'aime aussi le heavy métal de Metallica, le rock de Led Zeppelin, la musique marocaine de Nass el Ghiwan ou Abdelsadiq Chekkara, et la nouvelle scène actuelle comme Numydia, Darga, Tariq Batma... Vous optez à nouveau pour les duos et les reprises dans «Ter el ali»? J'ai fait un duo avec le rappeur Moby Dick, et repris une vieille chanson du patrimoine marocain, «Kannadi», avec Numydia, après avoir entendu leur version de cette chanson. J'ai aussi retravaillé deux chansons de Jil Jilala que j'ai mélangées. Et je reprends également un opus de Abdelsadik Chekkara, auquel j'ai rajouté une partie écrite. On vous compare souvent à Saïda Fikri ? Qu'avez-vous de commun ? Je suis flattée par la comparaison. Mais quand j'ai sorti mon premier album, je ne la connaissais pas. Après avoir écouté son disque, je ne nous ai pas vraiment trouvé de points communs, hormis la guitare et le fait que nous sommes toutes deux auteurs-compositeurs. Quel souvenir vous laisse votre passage sur la scène mythique de l'Olympia à Paris ? J'ai chanté en première partie de Nass el Ghiwane. C'était magnifique de mettre le pied sur la même estrade que de grands artistes comme Oum Keltoum, Jacques Brel ou Edith Piaf. Ce soir-là, je lui ai rendu hommage en interprétant l'une de ses chansons, «Mon Dieu». Qu'attendez-vous de cet album ? Mon souhait est d'exporter la musique et la langue marocaines ailleurs. Et si je peux faire passer un message, j'aimerais qu'on en finisse avec le piratage. Car les gens ici n'ont même pas conscience que c'est interdit. ■