Bruiteur, chanteur, musicien, magicien : l'artiste, en tournée française jusqu'en juillet, propose «un tour du monde en 80 voix». Né en 1965 à Casablanca, Khalid K découvre la France à l'âge de quatre ans. Riche de sa double culture, il compose très jeune son propre univers musical. Musicien instinctif, Khalid apprend la guitare et la musique en autodidacte. À la fin des années quatre-vingt, sa rencontre avec Farid Chopel et son groupe Chopel and the Kids est décisive. Tournées et cours de solfège obligés, il devient un instrumentiste accompli. Après d'autres expériences et rencontres, il part à la recherche de nouveaux sons. Sampler et machines Midi deviennent ses nouveaux instruments. Averti des mixages complexes, il fait une adaptation musicale rap de Phèdre pour la Compagnie Téknè, sous la direction de Thomas Gennari. En 1997, Hip-Hop Phèdre est jouée aux Rencontres Urbaines de la Villette et au Théâtre d'Arras. Débridé, il explore ses propres capacités vocales et choisit de revenir à une matière acoustique brute : djembé et voix. C'est un nouveau tournant dans son épopée. Il collabore alors avec le conteur Ralph Nataf, le groupe Yan et les Abeilles, Les Voisins du dessus et avec le Théâtre Alibi de Bastia. Il compose la musique du film Tempus Fugit du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui (Cie C de la B), diffusé sur Arte en juin 2005. En 1999, c'est la naissance de son tout premier spectacle en solo : Khalidoscope suivi de Khalidk Phonie et aujourd'hui de Bienvenue dans ma tête, mis en scène par Ken Higelin. Leïla Cukierman, directrice du Théâtre d'Ivry, lui ouvre ses portes pour une résidence de création dans le cadre du Festival de Marne à l'automne 2006 pour créer Le Tour du Monde en 80 Voix. Khalid K, seul sur la scène De la bouche à la boîte, le son de sa voix nous emmène en voyage. Trois samplers posés à ses pieds nus et Khalid K, seul sur la scène, donne l'impression qu'il y a foule autour de lui. Il est le bruit des cloches qui tintinnabulent, le chant du coq, le caquètement des poules, l'aboiement du chien. Il est le joueur de luth, dans une posture évocatrice d'un pâtre assis sur un rocher de l'Atlas, dans son Maroc natal. Les cordes vocales de Khalid K (plus facile à prononcer pour les non arabisants que son nom complet, Khardichi) sont d'une élasticité incroyable. L'homme est un poète, un conteur, un griot, un illusionniste du son. Ajoutant aux pistes juxtaposées de sa voix enregistrée une pincée de mime et quelques onomatopées, il convoque tous les ingrédients de son histoire, décors, éléments naturels, instruments de musique, protagonistes, personnages secondaires. Peu à peu, le spectacle se dessine en encre sympathique. Le public « voit » la grenouille, l'éléphant, le singe, la langue du crapaud qui enroule la libellule, le vent bruissant dans le feuillage de l'arbre à palabres, les deux hommes devisant dessous, la mer, les mouettes, le trompettiste au bord de l'autoroute… Les saynètes se succèdent avec rythme, swing, humour (son John Wayne façon Lucky Luke est hilarant). Khalid K s'est inventé un art à mi-chemin de la musique et du théâtre. «Par timidité, je n'arrivais pas à déclamer», confie-t-il. Alors, il s'est inventé un «feu d'artifice de sons». Une performance artistique rare. «Je me souviens que j'ai été un enfant qui s'est promis un jour de toujours garder le souvenir des instants du bonheur, de respirer l'air frais». Prochaines dates à Paris : le 15 mars à la Belleviloise, le 16 mai au CentQuatre et le 28 juin aux Trois Baudets. Puis en province. A quand au Maroc ? Pour tout renseignement, appeler en France, Marie Lenoir sur le : 01 42 00 24 23