Bouznika en effervescence, le week-end dernier avec un congrès du PAM annonçant la naissance d'un nouvel acteur dans le champ politique national. Ce qui est surprenant, c'est le nombre de participants à un congrès national qui a battu tous les records historiques, toutes formations politiques confondues, alors que la genèse de constitution du PAM est encore récente, car elle n'excède pas six mois à peine. Et ce qui est impressionnant, c'est la nouvelle dynamique de repositionnement du paysage politique, de restructuration et d'alliances suscitées par un intrant qui va profondément changer la donne. En clair, le PAM a le mérite de remettre à l'ordre du jour l'inévitable impératif de formation de grands pôles se disputant l'alternance démocratique en freinant la fragmentation et l'atomisation du champ politique national. Principal message livré par El Himma et Cie : l'ambition partisane doit être conforme à la taille et à l'envergure des acteurs de la recomposition du champ politique marocain. Comprenez qu'il faut être au moins 5000 militants couvrant la totalité des seize régions du Royaume pour prétendre créer une structure en pôle forte et à grande capacité de mobilisation. Autre message essentiel : l'hypocrisie traditionnelle qui faisait que les adversaires idéologiques partisans se retrouvaient en masse à la cérémonie officielle d'ouverture des congrès, n'est plus de mise. En effet, le PAM a résolu de n'inviter que les alliés et partenaires partisans et de la société civile qui, du moins, n'ont jamais exprimé d'attitudes hostiles envers le parti. Femmes et jeunes à l'honneur Priorité du PAM : tordre le cou à la sélectivité traditionnelle et «claniste» de recrutements partisans pour baliser la voie à la mobilisation de tous les citoyens marocains, dans les villes, les campagnes et à l'étranger, tous genres et toutes générations confondus. C'est l'un des fondamentaux de la ligne du nouvel acteur constitué réaffirmant avec force lors des débats du Congrès : «La parti Authenticité et Modernité a l'ambition de rassembler les citoyens sur la base d'idéaux propres au modèle marocain porteur de valeurs partagées par des horizons multiples et des générations diverses. Ces forces vives se sont accordées pour initier une action historique nouvelle au Maroc en répondant à la volonté de changement et aux aspirations des citoyens». La consolidation des choix démocratiques et modernistes du Maroc passe nécessairement par la réconciliation des citoyens avec la politique. D'ailleurs, les valeurs fortes revendiquées par les «PAMistes» appellent en premier lieu la Citoyenneté ancrée à l'authenticité civilisationnelle. «Pour la consolidation définitive de l'Etat de droit et de justice, le PAM milite pour un Maroc qui place tous les citoyens sur le même pied d'égalité vis-à-vis de la loi et qui garantit à chacun ses droits fondamentaux tels qu'universellement reconnus», soulignent les documents d'orientation du Congrès. Ces résolutions se fondent sur une ferme volonté de faire prévaloir la démocratie interne en oeuvrant à l'approfondissement et à l'enrichissement de l'action régionale inspirée de la décentralisation et de l'autonomie décisionnelle aptes à privilégier une pratique renouvelée de la démocratie locale. Au chapitre catégoriel, le PAM tire la vivacité de ses composantes par la large place accordée aux femmes et aux jeunes à tous les niveaux territoriaux et à tous les échelons de l'organigramme du parti. Une détermination mise en relief par les dirigeants en ces termes : «L'ouverture sur la jeunesse et les femmes constitue deux engagements forts du PAM. Cette démarche novatrice s'appuie sur des choix volontaristes et concrets, permettant d'associer ces composantes essentielles de la société à la décision et à la gestion des affaires aux niveaux local, régional et national. Cette volonté d'aller vers l'autre s'incarne dans la place importante qu'accorde le parti à la société civile». Une Déléguée régionale de Rabat témoigne: «Le Congrès a consacré une place importante à la femme, mais leur mobilisation demeure faible car, en général, elles préfèrent ne pas s'intéresser à l'action politique». ■ Cheïkh Biadillah. Le bien-élu pour un Parti d'intégrité territoriale C'est à la clôture du Congrès, à son troisième jour, dans l'après-midi du dimanche 22 février, que les 300 membres du Conseil National approuvés la veille ont acclamé, à l'unanimité, les 33 membres du nouveau Bureau National du Pam et plébiscité l'homme du consensus à la tête du parti au tracteur, le nouveau Secrétaire général du PAM, Mae El Aïnine Cheïkh Biadillah. Celui que l'on n'attendait pas a fait l'unanimité des choix des militants. Il fut littéralement assailli, submergé, bousculé au risque de tomber, applaudi, encensé, sollicité… Un jour que le Sahraoui marocain n'est pas près d'oublier et qui sera gravé en lettres d'airain comme la victoire du consensus général, de la sagesse, de la tolérance et de la modération, qualités intrinsèques qui n'ont jamais quitté la personnalité de l'ancien gouverneur de Salé et wali de la région de Safi. Biadillah symbolise l'unité des rangs du Nord au Sud, l'intégration organique et active des populations sahraouies dans la vie politique nationale, l'équilibre représentatif de la totalité des régions du Royaume. En ce sens, il est le leader coopté pour piloter les nouvelles ambitions d'un parti qui a fait de la défense de l'intégrité territoriale et du parachèvement de l'indépendance du Royaume, ses constantes incontournables. Fouad Ali El Himma. Un leader…sans portefeuille Celui qu'on a tellement cherché à taxer de toutes les convoitises politiciennes et chargé de toutes les ambitions de conquête de pouvoir, a magistralement administré la leçon de sacrifice et d'abnégation citoyenne en mettant un point d'honneur pour tenir ses promesses. Fouad Ali El Himma avait maintes fois déclaré et il a tenu parole jusqu'au bout : «je ne suis pas candidat au poste de chef du parti». Mieux encore, non seulement il a volontairement décliné cette perspective, qui du reste lui revenait légitimement en qualité de fondateur, mais Fouad Ali El Himma n'a brigué aucune fonction de responsabilité au sein du PAM pour se contenter de son statut de membre, au même titre que les 33 autres, du Bureau national. A tout seigneur, tout honneur, l'ancien ministre délégué à l'Intérieur a adopté un profil en retrait pour laisser la voie libre à une nouvelle génération de dirigeants politiques mis au-devant de la scène. Le député de Benguérir s'impliquera plus dans l'associatif en pilotant la Fondation des Rhamnas pour le développement durable et en s'activant dans le Mouvement pour tous les Démocrates. Mission accomplie pour le fondateur charismatique du PAM dont l'architecture finale, à l'issue du premier congrès du week-end dernier à Bouznika, est une merveille dans le genre de l'habileté politique d'un stratège et tacticien hors pair. Et les résultats sont là pour qu'il puisse s'en prévaloir en toute légitimité : record absolu dans les annales des congrès de partis nationaux, toutes tendances confondues, en mobilisant 5000 participants et des centaines d'invités. Record médiatique en s'associant les services de plus de 120 journalistes, tous types de médias confondus auxquels furent réservés une entrée spéciale. un immense centre de presse totalement équipé, beaucoup d'égards et de considération par conviction et attachement professionnel sachant qu'El Himma est, aussi, un opérateur dans le créneau de la Communication et futur opérateur de services télévisuels, donc un journaliste à part entière.