Berriane, cette paisible localité dans la wilaya de Ghardaïa est de nouveau le théâtre de violents affrontements entre les deux communautés Ibadite et Malékite. Ce regain de tension révèle au grand jour la fracture au sein de la population de cette région du sud qui a toujours vécu dans une atmosphère de calme et de fraternité. Mais depuis quelques temps, beaucoup de choses ont changé dans cette contrée des Oasis qui a enfanté de grands savants, de célèbres poètes; qui ne connait pas Moufdi Zakaria qui fut un grand ami de feu Mohammed V. Ce grand poète révolutionnaire est le père de Kassaman; l'hymne national Algérien. Les dernières émeutes ont fait deux morts et une centaine de blessés et malgré un calme apparent, la ville de Berriane vit toujours sous tension et de nouvelles violences ne sont pas à écarter. Les notables de la ville et un comité de sages se mobilisent pour appeler au calme et la réconciliation. L'émissaire du gouvernement Mr Daho Ould Kablia a été dépêché en urgence pour tenter une médiation à ce conflit entre les deux communautés de même confession et de rite différent ..La mission du ministre délégué des collectivités locales n'a apparemment rien réglé et certains accusent même les services de sécurité de passivité face aux scènes de pillage, de saccage des magasins et d'incendies de maisons appartenant à des familles de mozabites. Les membres de la communauté mozabite interpellent les pouvoirs publics pour mettre fin à ce drame. La ville de Berriane ressemble à une ville morte, elle est encerclée par un important dispositif sécuritaire selon les rares envoyés spéciaux de la presse qui ont pu entrer à Berriane. L'appel à la grève a été largement suivi y compris par les institutions publiques depuis le premier jour des affrontements tragiques qui ont endeuillé la vallée du M'zab. On se demande quelle sera la solution pour éteindre les braises de ce conflit qui pourrait menacer toute cette région du sud algérien et où se trouvent les plus grands gisements de gaz autour du grand axe de Hassi R'mel. Depuis une semaine, la population vit cloîtrée et assiste impuissante à ces évènements dont on ignore encore les vraies causes. Conflit interethnique Il semble que c'est l'agression d'un jeune mozabite qui a été à l'origine des émeutes après la prière du vendredi quand les deux communautés se sont livrées à des dépassements et de jets de pierre qui ont fait de nombreux blessés et semé une grande panique au sein de la population. Selon le ministère de l'Intérieur, il ne s'agit que «de bandes de voyous qui sévissent dans les quartiers comme cela se passe dans la capitale». Ce raisonnement est peu convaincant et a même failli aggraver la situation. Nul ne peut en effet ignorer qu'il s'agit bel et bien d'un profond conflit interethnique qui nécessite d'être sérieusement pris en considération. Pour un élu local, ces affrontements entre les jeunes s'expliquent par l'extrême pauvreté et l'injustice sociale qui sévit dans cette ville des oasis. La solution est donc ailleurs; l'Etat doit s'investir pour garantir un équilibre socioéconomique dans cette localité peuplée de 25.000 âmes. A quelques mois de l'élection présidentielle, une véritable fitna s'empare de la cité Rostomide. Ghardaïa et sa périphérie sont plutôt conservatrices et profondément imprégnées des valeurs musulmanes ; Ibadites et Malékites, ont depuis des siècles, cohabité dans un climat de respect et de tolérance … Ce qui se passe dans cette région depuis quelques années, n'est certainement pas dû au hasard après le printemps noir de la Kabylie. L'hiver s'annonce chaud dans la palmeraie du M'zab. Une chose est sûre, Bouteflika va sévir et des têtes vont tomber, le président candidat inaugurera certainement sa campagne électorale en passant par Ghardaïa, il l'a déjà fait lors de sa dernière campagne juste après les premiers évènements de 2004 dans cette même région du pays. n