Les uns le qualifient de groupement terroriste, les autres le considèrent comme un mouvement de libération. Ces islamistes qui sont les vedettes forcées de l'actualité, méritent un petit arrêt pour comprendre qui ils sont vraiment. Pour des pays comme l'Afrique du Sud, le Brésil ou la Russie, le Hamas est un mouvement de libération alors que des pays comme les Etats-Unis ou le Japon n'hésitent pas à classer ce mouvement dans la liste des organisations terroristes. Si on revient à la genèse de «La Haraka Moukawama Islamiya», il s'agit d'une branche des frères musulmans qui avait été tolérée, voire même encouragée par Israël pour gêner le Fath de Arafat. Mais la saga du Hamas a démarré il y a trois ans, lorsque le Parti du Changement et de la Réforme - le parti politique du Hamas - a remporté haut la main les premières élections libres et démocratiques dans le monde arabe avec 42% des voix dans une communauté où les laïques sont prédominants. Les palestiniens ont voté pour un programme promettant de mettre fin à la corruption endémique et une amélioration dans les services publics, quasi-inexistants, à Ghaza et en Cisjordanie. Le Hamas est-il un mouvement intégriste à l'instar des talibans? Rien n'est moins sûr. “Durant les cinq ans où j'ai visité Ghaza et la Cisjordanie, j'ai rencontré des centaines de responsables politiques et de partisans du Hamas. Aucun d'entre eux n'a revendiqué l'objectif d'une islamisation de la société palestinienne, dans le style des talibans. Le Hamas compte beaucoup trop d'électeurs laïques, pour ce faire. La population continue d'écouter de la musique pop, de regarder la télévision et les femmes choisissent de porter ou non le voile” rapporte William Sieghart dans The Times. Les cadres politiques du Hamas sont si qualifiés que l'on dénombre plus de 500 diplômés en doctorat, médecins, dentistes, scientifiques et ingénieurs formés pour la plupart dans les universités occidentales. A l'époque Bush et Blair, pour répondre à la victoire du Hamas, ont fait arrêter par Israël 45 députés du Hamas qui sont toujours détenus dans les prisons israéliennes et sont allés jusqu'à financer un putsch en armant des groupes de combattants du Fatah appelés à renverser militairement le Hamas et imposer un nouveau gouvernement non élu aux Palestiniens. Depuis, les israéliens ont bien accepté un cessez-le-feu avec le Hamas, en contrepartie, l'Etat hébreu a accepté d'ouvrir les points de passage pour permettre une libre circulation des fournitures essentielles. Seulement, les points de passage n'ont jamais été entièrement ouverts et la population de Ghaza a été contrainte de mourir de faim. Pour Mohamed Béchari, le Président de la Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF) et Secrétaire Général de la Conférence Islamique Européenne (EIC/CIE) « le Hamas a fait l'objet de campagnes de décrédibilisation et de « diabolisation » afin de mieux légitimer un autre parti, qui, lui, n'avait pas été choisi par le peuple palestinien. Une telle démarche est totalement condamnable. Qu'on le veuille ou non, le Hamas est un parti politique qui a un écho certain auprès du peuple palestinien. Le Hamas doit donc être respecté en tant que parti politique élu par le peuple palestinien et être donc un interlocuteur choisi par son peuple pour représenter ce même peuple. Il est condamnable de négocier avec un responsable politique qui ne dispose d'aucune légitimité élective. Une telle démarche aurait été qualifiée d'insensée si elle avait été menée à l'égard d'Israël ou de tout autre Etat. Pourquoi ne serait-ce pas le cas pour les Palestiniens ? Force est de constater qu'Israël veut choisir ses interlocuteurs, ce qui est fortement condamnable ». Medias Al Jazeera chauffe les rues Arabes On reconnaîtra à la chaîne de Qatar au moins une chose : Elle est restée incontestablement l'unique télévision de par le monde à se targuer d'être en plein dans le feu de l'action, ses correspondants suivent pas à pas, minute par minute, la barbarie israëlienne avec des images prises sur le vif. Les déclarations des citoyens palestiniens, les réactions à chaud des responsables et autres experts en stratégie militaire, sont du pain béni pour le téléspectateur qui cherche à suivre le rythme infernal de l'invasion des soldats de l'Etat hébreu. Al Jazeera n'hésite pas à opérer de temps à autre des incursions chez l'ennemi, faisant parler des responsables israëliens qui ne semblent pas avoir peur du ridicule. Tout cela est bien, cela nous change forcément des chaînes européennes qui ont décidé ( à part peut-être France 24) de faire le black out total sur les images insoutenables des enfants assassinés, des écoles bombardées, des hôpitaux mis en quarantaine, des ambulances mitraillées. Un petit bémol cependant, Al Jazeera joue également, un jeu dangereux, surfant sur le populisme ambiant, la chaîne est quasiment focalisée sur la frilosité des chefs d'Etats arabes, elle fustige systématiquement l'absence de réactions de ces mêmes chefs d'Etat. Sauf que les journalistes de la chaîne qatarie n'ont pris à aucun moment le soin de nous dire comment ils voyaient cette réaction et ce qu'ils attendaient de ces mêmes responsables. En langage médiatique, on appelle cela du populisme ! Solidarité le génie marocain Les marocains font preuve de génie pour forcer le blocus israëlien. Pour l'instant, le résultat relève plutôt du symbolique. “Je m'appelle Ghada, je suis enseignante, j'ai perdu mon emploi, j'ai perdu mon mari, deux frères et ma petite fille, je suis dans le noir depuis une semaine chez mon oncle. C'est l'horreur absolue. Nous ne pouvons ni sortir, ni dormir, ni bouger. Nous mangeons une fois par jour quand c'est possible. Mais Hamdoulilah, nous résistons à la cruauté des sionistes tueurs d'enfants. Et je peux t'assurer que ce coup de fil d'une soeur musulmane marocaine est pour moi, plus q'un baume sur le coeur, c'est la preuve que la Ouma musulmane n'est pas un vain mot. Si vous voulez, je vous passe Leila, une cousine”. Asma tient une longue conversation avec la cousine en question avant de raccrocher, le visage en larmes, elle ne peut retenir son émotion : parler en direct et au hasard avec une famille palestinienne, entendre le bruit des bombes distinctement, sentir la crainte, le désorroi mais également la détermination de ce peuple si admirable, n'aurait pas été possible sans cette astuce trouvée par des marocains : composer l'indicatif de la Palestine et ajouter au hasard cinq chiffres. Résultat: six fois sur dix, on tombe forcément sur quelqu'un, le temps d'apporter un petit réconfort et un soutien moral réel. Téléphone Palestine 009270821 ou 00970828