Dans l'espoir de retrouver un rôle clé au Proche-Orient, le président russe, Vladimir Poutine, s'est posé en médiateur impartial dans le conflit israélo-palestinien en proposant de recevoir les représentants du Hamas à Moscou. Sachant que sa décision ne serait pas appréciée par l'Israël, ni par les Etats-Unis, le président russe, Vladimir Poutine, a comme même tendu la main au Hamas dans l'espoir de retrouver un rôle clé au Proche-Orient. Un haut diplomate russe a déclaré vendredi dernier que le Kremlin allait exhorter le Hamas à reconnaître Israël lorsque ses dirigeants se rendront à Moscou à l'invitation du président Vladimir Poutine. Alexandre Kalougine, émissaire russe au Proche-Orient, a déclaré que Moscou allait tenter de convaincre les dirigeants du groupe palestinien de couper avec leur programme radical et de s'engager dans des efforts de paix. «Nous voulons qu'ils respectent tous les accords précédents en vue de prévenir des attaques terroristes», a déclaré M.Kalougine. «Bien évidemment, il est également nécessaire de se lancer sur la route vers la reconnaissance du droit d'exister d'Israël». Le président Vladimir Poutine a invité les dirigeants du Hamas qui continue à prôner la destruction de l'Etat hébreu, à se rendre à Moscou. Mais cette démarche du président russe met son pays dans une situation que certains qualifient d'«ambiguë» face au reste du Quartette (Etats-Unis, Russie , UE, Onu) qui avait refusé de négocier avec les dirigeants du Hamas tant qu'ils ne reconnaissent pas Israël et ne renoncent pas à la lutte armée. Chose que le Hamas rejette catégoriquement. Pourtant, son initiative n'est pas une grande surprise. Vladimir Poutine avait, en effet, adressé ses félicitations au Hamas aussitôt après les élections du mois dernier. Il avait précisé que la Russie, contrairement aux Etats-Unis et à l'UE, n'avait jamais considéré le Hamas comme une «organisation terroriste». Il avait aussi ajouté que l'idée, avancée par Washington et Bruxelles, de suspendre l'aide financière aux Palestiniens, lui paraissait une «grande erreur». «En politique, couper les ponts est la chose la plus facile mais la moins prometteuse, c'est pourquoi nous ne sommes pas pressés de le faire, afin de maintenir ouverte la voie du dialogue,» a récemment déclaré le président russe à Vremia Novostieï. Samedi dernier, un porte-parole du mouvement de la résistance islamique a déclaré qu'une délégation du Hamas pourrait visiter la Russie vers la fin de ce mois. Par ailleurs, Israël s'est indigné de l'invitation adressée au Hamas par le président russe, Vladimir Poutine, qualifiant cette invitation de «couteau dans le dos» qui compromet ses efforts d'isoler le mouvement islamiste palestinien. Des ministres, des hauts responsables et des dirigeants politiques ont exprimé leur amertume, alors que l'opposition de droite exploitait cette affaire pour illustrer la faillite du gouvernement face au Hamas, à six semaines des élections législatives en Israël. La secrétaire d'Etat américaine, quant à elle, a téléphoné dans à son homologue russe Sergueï Lavrov, et reçu «l'assurance» que Moscou demanderait au mouvement palestinien de respecter les principes énoncés dans la déclaration du Quartette pour le Proche-Orient, a indiqué le porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Sean McCormack. De son côté, Paris a estimé que l'initiative du président Poutine pouvait faire avancer les positions du Quartette, tout en appelant la Russie à respecter les principes fixés par la communauté internationale. Cela fait depuis longtemps que le président Poutine espère que la Russie retrouve au Proche-Orient l'influence que jadis l'URSS y exerçait. La victoire du Hamas suivie par la décision du Quartelette de bouder ce mouvement a constitué le moment propice pour faire un pas dans ce sens.