UMT et CDT : sont d'accord : fait rarissime. Niet à la loi sur les syndicats ! Jugée inopportune, ladite loi est censée rationaliser, à l'image de celle sur les partis, l'action syndicale. Les mastodontes ne l'entendent pas de cette oreille. Analyse ! Deux des plus grandes centrales syndicales du pays, rejettent une éventuelle loi sur les syndicats en cours de préparation par le gouvernement El Fassi. L'UMT de Mahjoub Benseddik et la CDT de Noubir Amaoui, ont profité d'une réunion tenue lundi dernier au sein de la commission mixte, syndicat - gouvernement pour manifester leur désapprobation. Visiblement en colère, selon des sources dignes de foi, le représentant et non moins homme numéro 2 de l'UMT, Miloud Moukharik a été catégorique : «cette loi sera nulle et non avenue» s'est-il emporté ! Et d'ajouter : «c'est une ingérence dans les affaires internes des syndicats». Egalement présent, un des représentants de la CDT renchérit : «à quoi servira cette loi ? À rien». Sans surprise ? Pour cet observateur de l'action ouvrière, «les réactions des deux centrales sont dictées par une réalité compliquée où le paternalisme le dispute au clanisme». Dessous En clair : les syndicats sont gérés par des patriarches qui font la pluie et le beau temps. Grand manitou Secrétaire général devant l'éternel, Mahjoub Benseddik est effectivement à la tête de la première union syndicale depuis l'indépendance. Rien ne se fait ou se défait sans lui. «On voit mal qu'il accepte une alternance qui se fera sans son accord» décrète notre interlocuteur. D'autant plus qu'une loi ne manquera pas de faire un point d'honneur de la régularité des congrès, souvent organisés selon le bon gré des chefs. Amaoui, lui-même SG de la CDT depuis trente ans, est du même bord. Pour le tonitruant syndicaliste de Casablanca, la loi aura l'effet d'un cataclysme. Pire encore : «les syndicats seront appelés à donner des comptes aux instances publiques et à la base». Un exercice qui a toujours fait défaut à nos syndicats, note un des rares jeunes loups du Conseil national de la CDT. A la concomitance de l'opacité des comptes et le paternalisme anachronique, s'ajoute une certaine complicité pusillanime de la part de l'entourage de l'un et de l'autre. Les éventuels successeurs auront du mal à donner la parole à la base pour, in fine se voir écarter ou reléguer à des plans moins favoris ! Enchères Du coup, la meilleure manière de se défendre est d'attaquer : le gouvernement et les syndicats qui défendent une législation pour faire évoluer, sinon sauver le syndicalisme, sont traités de tous les maux. Ce qui n'est pas sans rappeler les attaques déjà organisées par les activistes des petits partis de gauches, cela même qui constituent la garde prétorienne des chefs «historiques» ! Dans l'état actuel des choses, les directions veulent «des droits» sans contreparties en termes de devoir, envers les leurs et l'opinion publique ! Une situation confortable que le projet risque de déstabiliser. Seule devise entonnée par les chefs : pourvu que ça dure ! n