La ville de Salé devait être une ville paisible et ses habitants étaient, depuis toujours connus pour leur savoir-vivre dû essentiellement aux douces vagues du Bouregreg. L'élargissement, cependant, de la zone urbaine n'a pas été sans malheur. L'ancrage des comportements ruraux s'est transformé en défense charnelle face à l'urbanisme. Beaucoup de jeunes sont devenus trafiquants de drogues et se sont constitués en bandes extrêmement dangereuses. Jeblia, par exemple, en a fait son fief. Samedi de la semaine dernière, la police judiciaire de la ville devait affronter la pire des affaires. Depuis trois mois, les enquêteurs essayaient de mettre la main sur M'Barek Chebba dit «l'ogre». A chacune de leur intervention, ils revenaient bredouilles. Epées et coutelas les accueillaient et ils rebroussaient chemin. L'ogre était fort. Il tuait, volait, violait et séquestrait dans le quartier «Daya». Les plaintes ne faisaient que s'entasser sur les bureaux et dans les tiroirs du Parquet. L'ogre sévissait jusqu'à ce samedi où une intervention musclée l'a visé. Comme à son habitude, il a sorti ses armes et a blessé cinq policiers. L'un d'eux a tiré trois coups de feu en l'air. L'ogre n'obtempérait toujours pas. La quatrième balle a logé directement dans son front.